« Le 6 août, j’ai passé un coup de téléphone au président de la République pour le remercier d’avoir libéré l’amiral Vagba Faussignaux et Jean Noël Abéhi. Je lui ai dit merci mais ce n’est pas ce que j’avais demandé », a déclaré le président du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Poursuivant, l’opposant historique à Félix Houphouet-Boigny a exprimé son dépit en affirmant avoir « demandé la libération de 14 militaires. Je pense que sur les 14, il y en avait beaucoup pour lesquels la libération aurait été plus facile parce qu’ils ne sont pas connus ». Puis d’ajouter : « mais il a libéré ces deux, c’est toujours bon à prendre ». Comme pour dire, il a libéré ces deux qui sont connus pour des desseins que tous peuvent bien deviner.
Laurent Gbagbo qui, avec Henri Konan Bédié avait rencontré le chef de l’exécutif le 14 juillet dernier au Palais présidentiel pour, disent-ils, œuvrer à la décrispation de l’atmosphère socio-politique, s’attendait certainement à mieux que des gestes calculés qui n’ont finalement d’impact que devant les objectifs des caméras. Outre les pas calculés du pouvoir sur le chemin de la réconciliation nationale et le renforcement de la cohésion sociale, l’ancien président de la République a regretté que son successeur fasse de la prison, « la solution aux problèmes politiques ».
« La prison n’est pas une solution aux problèmes politiques. J’ai fait 10 ans à la présidence de la République, je n’ai pas arrêté quelqu’un qui fait la politique. Je n’ai pas arrêté quelqu’un qui fait la politique parce que la prison n’est pas la solution aux problèmes politiques.
Je vois que certains recourent facilement à l’emprisonnement », a regretté M. Gbagbo. Dans son intervention, le président du PPA-CI a jugé fallacieux les arguments avancés par certaines officines proches du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pour justifier l’emprisonnement de Pulchérie Gbalet, présidente d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) pour des faits de complot avec les agents d’une puissance extérieur pour ternir l’image de la Côte d’Ivoire au plan diplomatique et d’attentat à l’ordre public.
En effet, des médias et autres chroniqueurs politiques proches du parti d’Alassane Ouattara ont, dans des argumentations, sans un début de preuves, tentés de justifier l’emprisonnement de l’activiste de la société civile avec le fait qu’elle aurait des accointances avec Guillaume Soro.
Ces derniers, toujours dans leur argumentation sous arome de mission commanditée, ont affirmé que le président de Générations et peuples solidaires serait celui qui compliquerait la situation des militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet dernier, dont trois d’entre eux, toutes des femmes, ont été libérées ce samedi et ont regagné Abidjan.
Pour l’ancien locataire du Palais présidentiel, le fait de rencontrer l’ancien président de l’Assemblée nationale ne saurait être un prétexte d’emprisonnement. Justement, à propos, le président du PPA-CI affirme que « Guillaume Soro est quelqu’un qu’on doit pouvoir rencontrer. Si des gens le rencontrent, ça fait quoi ? Moi, c’est vrai que je ne l’ai pas rencontré depuis qu’il est en cabale, mais ça me n’enlève rien. Mais, si quelqu’un le rencontre, qu’est-ce que ça fait ? ».
Poursuivant, l’ancien président de la République invite le pouvoir Ouattara à adopter une démarche qui rassure les exilés politiques à rentrer plutôt qu’à poser des actes qui compliquent leur retour au pays.
C’est pourquoi, dira-t-il, « je pense que tous ceux qui sont à l’extérieur et qui ont peur de rentrer pour ne pas être arrêtés, il faut que l’Etat ait une attitude telle que ceux-là puissent rentrer. Il y a des Ivoiriens qui sont au Libéria, il y en a qui sont Ghana, il y en a un même qui est au Ghana dont l’épouse vient de mourir ; il y en a qui sont au Togo, d’autres sont au Bénin, si ceux-là, on veut les attirer, parce qu’il faut les attirer au pays, il faut avoir une politique qui les attire. Il faut faire en sorte qu’on retrouve le niveau qu’on avait avant les troubles de 2010-2011. Pour cela, il ne faut pas les effrayer en arrêtant quelqu’un qui les a rencontrés ».
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