Hamed Bakayoko au ministère de la Défense : Va-t-on vers une seconde ‘’guerre’’ des armées ?

Ministre de l’Intérieur et de la sécurité dans les différents gouvernements de Ouattara jusqu’au mercredi 19 juillet 2017, Hamed Bakayoko a été catapulté au ministère de la Défense, en gardant son titre de ministre d’Etat. Cette nomination qui résulte d’un remaniement technique du gouvernement, intervient dans un contexte de fébrilité sécuritaire du fait des mutineries tant au sein de l’armée que chez les ex-combattants démobilisés.

Ces soulèvements certains l’attribuent, à tort ou à raison, à la cause de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro, ex-secrétaire général des Forces Nouvelles. Selon ces derniers, les mutineries et autres agitations depuis cette année 2017 sont orchestrées par Guillaume Soro, pour faire plier le camp Ouattara qui s’est à sa réélection à la présidence de l’Assemblée nationale et s’oppose aujourd’hui à sa candidature à la présidentielle de 2020.

La nomination d’Hamed Bakayoko au ministère de la Défense peut être perçue comme une réponse directe à Guillaume Soro qui est soupçonné de troubler l’armée. Les deux hommes étaient supposés principaux adversaires à la succession du président Ouattara, avant que Gon Coulibaly ne rentre publiquement en scène. La nomination de Gon à la Primature a calmé la tension entre les deux hommes qu’il a d’ailleurs invités à s’entendre pour la paix en Côte d’Ivoire. Depuis lors, Soro et Hamed sont apparus ensemble à quelques occasions, le sourire aux lèvres.

Mais les choses ont brutalement changé ces derniers jours, en atteste la sortie de l’ex-ministre de l’Intérieur et de la sécurité, le week-end dernier. Hamed Bakayoko a insinué que Soro Guillaume est homme infidèle et déloyal, en référence à ses agissements pour la présidentielle de 2020. « Tu ne peux pas trahir ton père. Tu ne peux en fonction des événements faire des alliances contre nature. Un homme digne doit avoir des valeurs qu’on appelle loyauté et fidélité… ». Des propos qui ont suscité de vives et violentes réactions des proches de Soro.

Cette promotion d’Hamed Bakayoko risque de cristalliser les positions entre les deux hommes, s’il est vrai que Soro Guillaume a une « armée » au sein et en dehors de l’armée nationale, comme font croire certaines langues qui justifient leurs propos par les 300 tonnes que Soro détiendrait, selon l’Onu, ainsi que les caches d’armes récemment découvertes à Bouaké, la nouvelle position. Car la mission d’Hamed Bakayoko serait sans doute de mettre de l’ordre dans la grande muette en éradiquant les « armées » parallèles. Ce dernier cherchera à fidéliser les soldats auprès du chef suprême des armées, Alassane Ouattara.

Ces palabres de personnes entre les frères ennemis qui refont surface dans ce contexte peuvent faire craindre le pire en Côte d’Ivoire dans la perspective de 2020, c’est-à-dire une guerre des « armées » comme ce fut le cas lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Espérons que non, sinon, ça serait bien dommage pour ceux qui ont combattu Laurent Gbagbo pour venir au pouvoir, sous prétexte qu'il est dictateur, parce qu'ils veulent offrir aux Ivoiriens une vie meilleure.