Jeune Afrique : Lors de vos vœux, vous avez dit : « Nombreuses sont les villes et les régions qui sont mal gérées. La Côte d’Ivoire a besoin d’un vrai développement. » Qu’entendez-vous par là ?
Jean-Louis Billon : Le pays a besoin d’un développement plus équitable. Je viens d’une région où il y a un problème d’eau potable criant, et cela depuis une dizaine d’années. Il y a un déséquilibre en faveur des grandes villes. Il y a aussi un problème d’assainissement qui n’est pas réglé depuis plus d’une trentaine d’années, y compris à Abidjan. Et puis, il y a bien sûr un problème de gouvernance.
Un vrai développement, c’est aussi plus d’efforts pour industrialiser le pays ?
Oui, indéniablement. Depuis la sortie de la crise post-électorale de 2011, nous connaissons une croissance soutenue, même si elle s’essouffle un petit peu. Mais il faut remarquer que celle-ci est en grande partie portée par l’investissement public. Si, en 2011, 3 000 milliards de francs CFA ont été dépensés, cette somme a été quadruplée pour atteindre aujourd’hui plus de 12 000 milliards. Il faudrait remettre le secteur privé au centre de ce modèle, de sorte que ses entreprises deviennent plus compétitives, qu’elles investissent plus, qu’elles emploient plus. Nous aurons alors une croissance beaucoup plus durable.
À qui la faute ? Aux groupes privés ou à l’État ?
Un peu aux deux, mais il appartient à l’État de faire la meilleure des offres. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Si la Côte d’Ivoire était un marché paradisiaque, le monde de l’entreprise le saurait. Ce n’est pas le cas, car nous souffrons d’un manque de compétitivité. Si nous corrigeons ce déficit, le pays va attirer beaucoup plus d’investisseurs du monde entier, mais aussi stimuler des initiatives nationales.
Plus concrètement, quelle mesure immédiate faudrait-il
prendre, selon vous, pour que la Côte d’Ivoire devienne une nation
émergente ?
Il faut un environnement beaucoup plus favorable aux PME. Les grandes compagnies s’installent quand il y a un tissu de petites et moyennes entreprises suffisamment compétitives, avec des savoir-faire capables de leur apporter de la valeur ajoutée. Pour cela, il faut revoir la fiscalité, redynamiser la bourse régionale des valeurs et rendre notre monnaie et notre système financier plus compétitifs et plus abordables pour les entreprises.
La Côte d’Ivoire connaît tout de même une croissance de plus
de 6 % par an en moyenne depuis 2012. N’est-ce pas une vraie réussite ?
Je ne dis pas que rien n’a été fait, puisque j’y ai participé. Mais je pense qu’on peut faire mieux. C’est vrai, l’inflation est maîtrisée par rapport aux autres pays. Des décisions plutôt salutaires ont été prises. Mais je suis un opposant, et je vous dis : la croissance ivoirienne est une Formule 2, alors qu’on pourrait avoir une Formule 1.
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