C’est l’histoire de deux journalistes indépendants, des pigistes, dit-on dans le métier. L’un est Belge, l’autre Nigérian. Ils se sont mis en tête d’enquêter sur le trafic de drogue en Côte d’Ivoire.
Un organe de presse américain, réputé sérieux, Vice, qui a aussi des rédactions en France et en Belgique, accepte leur sujet. Il décide de les envoyer, en son nom, sur le territoire Ivoirien. Nous sommes en juillet 2019.
Mais pour travailler sur un terrain qu’on ne maîtrise pas, la coutume du métier de journaliste veut qu’on s’appuie sur un confrère local qui connaît, évidemment, son milieu et possède ce qu’on appelle un « carnet d’adresses ». C’est le « fixeur ».
Notre média en ligne s’appelait à l’époque « PoleAfrique.info ». Il avait publié peu de temps auparavant un reportage assez documenté sur l’arrestation d’un dealer important et le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue dans la commune de Bingerville. Nos deux journalistes se disent « tiens, voilà notre homme » et décident de le contacter. Ils veulent, disent-ils, « réaliser un reportage sur la réponse des autorités ivoiriennes en matière de lutte contre le trafic de drogue ».
Ce journaliste local n’est autre que notre rédacteur en chef. Il accepte, comme il l’a déjà fait, d’aider ses confrères étrangers comme fixeur, mais y met une condition : ne connaissant pas le milieu de la drogue, il se bornera à mettre en relation les sieurs Bauwens et Ibekwe avec les autorités locales, à commencer par le ministère de la Communication et des Médias qui doit donner son agrément pour leur permettre de travailler sur le territoire ivoirien.
Sur la foi du nom du fixeur, journaliste respecté de la place d’Abidjan et bien connu des autorités de tutelle, et sur la base de l’intitulé de l’objet de la mission, les deux journalistes obtiennent leur agrément. Ils arrivent en août 2019 à Abidjan et s’installent dans un hôtel du Plateau pour une semaine.
Une autre coutume du métier de journaliste consiste à ne pas abuser son fixeur sur ses intentions réelles.
Les relations se sont vite dégradées entre les deux journalistes et leur fixeur. Conformément à l’accord passé avant leur venue, celui-ci, une fois l’agrément obtenu du ministère de la Communication, écrit, en leurs noms, à toutes les autorités compétentes dans la lutte contre le trafic de drogue en Côte d’Ivoire pour leur demander des interviews : ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, Direction générale de la police nationale, Gendarmerie, Douanes et plusieurs services spécialisés. En attendant les réponses, les deux reporters vont et viennent dans Abidjan, sans que le fixeur ne sache vraiment ce qu’ils font.
Eux finissent par lui reprocher de ne pas les accompagner, ce qu’il avait a priori annoncé, et ne disent rien de l’avancement de leur enquête. Ils finissent par quitter le Plateau sans en informer le fixeur, ce qui, une fois encore, va à l’encontre des usages. Mais, et cela atteste leur volonté de le perdre, ils lui donnent rendez-vous tous les matins au pied de leur hôtel, comme si de rien n’était.
De reproches en haussement de ton, ils refusent de lui payer sa « pige » (c’est-à-dire son salaire) et repartent au bout d’une semaine sans laisser de trace, pas même d’ébauche de leur article. Il faut savoir que les règles en Côte d’Ivoire et dans de nombreux pays obligent le fixeur à faire un compte-rendu de mission au ministère de la Communication quand celle-ci s’achève. Ne sachant rien, il n’a rien à dire. De toutes les autorités contactées, seule la police finit par répondre. Trop tard, les deux sont déjà repartis.
L’affaire, pense le fixeur, se termine ainsi, en queue de poisson.
C’est en décembre de la même année que les journalistes publient un premier article qui sera amendé en avril 2020 pour y comporter de graves accusations contre le ministre de la Défense, Hamed Bakayoko. Sans y apporter le moindre élément de preuve ou début de preuve, l’article désigne le ministre d’État comme étant, rien moins que le parrain, du trafic de drogue en Côte d’Ivoire…
Bien relayée sur les réseaux sociaux à Abidjan par certains comptes anonymes, l’information fait le buzz. Stupeur du fixeur. Il comprend qu’il s’est fait doublement abuser par ses « confrères ».
Stupeur des autorités de tutelle qui se demandent bien pourquoi un journaliste connu et reconnu à Abidjan a bien pu tremper dans un tel « binz ».
Stupeur enfin du ministre qui, sentant là l’exécution d’une manœuvre de basse besogne, dément immédiatement et dépose une plainte auprès du Procureur de la République contre les auteurs de l’article, l’organe de presse qui l’a diffusé et toutes les personnes qui ont contribué à sa propagation sur les réseaux sociaux.
Le fixeur, devant l’ampleur de l’affaire, et mis en demeure de prouver sa bonne foi, se décide lui aussi, de déposer plainte au parquet d’Abidjan, car les désagréments à lui causés par ces deux journalistes sont multiples.
Disons-le tout net, la rédaction de 7info dénonce les pratiques de ces journalistes et soutient son rédacteur en chef. Pour faire bonne mesure, elle a cherché à comprendre qui sont les têtes brûlées qui aiment jouer avec la réputation des autres. Elle a découvert des choses troublantes.
Par exemple, que le Sieur Bauwens, journaliste belge, a fait la brutale acquisition d’une maison dans la commune de Bissegem, une section de la ville Belge de Courtrai, où il a emménagé fin mai 2020 avec sa compagne, comédienne… quelque semaines seulement après la publication du second article.
Le feuilleton, auquel nous avons été mêlés à notre insu, sent la manipulation à plein nez. Il nous oblige à le suivre de près et à en rendre compte à nos lecteurs.
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