En liberté conditionnelle à Bruxelles depuis son acquittement en janvier 2019, Laurent Gbagbo bénéficie désormais d’une bonne partie de ses droits fondamentaux.
Au moment où l’ancien chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, est désormais libre de tous mouvements, la question de son retour en Côte d’Ivoire devient de plus en plus persistante.
Pour Leslie Varenne, directrice de l’IVERIS, en réduisant les contraintes imposées à l’ancien président ivoirien, la CPI met en partie fin à une situation aussi inédite qu’aberrante et redonne de l’air à une démocratie en panne.
«L’attente aurait donc pu durer quelques mois de plus, jusqu’à l’élection présidentielle, par exemple. Mais, surprise, dans la soirée du 28 mai dernier, les Ivoiriens apprennent ébahis que les cinq juges de la chambre d’appel de la Cour Pénale Internationale ont revu les conditions de liberté accordées à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé », indique-t-elle d’emblée.
Elle explique que, désormais Gbagbo et Blé Goudé ne sont plus assignés à résidence; leurs passeports leur sont restitués; ils peuvent donc se rendre dans n’importe lequel des 123 pays ayant ratifié le statut de Rome, la Côte d’Ivoire comprise; et ce, malgré quelques restrictions classiques dans ce genre de procédures.
A savoir qu’ils doivent répondre aux convocations de la CPI; ne pas parler dans les médias de leur situation judiciaire; ne pas rencontrer les témoins du bureau du procureur.
Dans une analyse publiée sur Sputnik, Leslie Varenne s’interroge de savoir si la remise dans le jeu politique ivoirien de l’ancien président qui compte malgré ses neuf années de détention, de très nombreux partisans actifs dans une grande partie du pays, évitera-t-elle de possibles crises en changeant la donne? Mais elle semble avoir une réponse à son interrogation.
«Bien entendu, ce ne sera pas simple et il faut s’attendre à de nombreux rebondissements. Dès l’annonce de la nouvelle, Alassane Ouattara a réuni son conseil de sécurité et sous prétexte de pandémie de Covid-19, a prolongé la fermeture des frontières jusqu’au 14 juin 2020. Il peut donc empêcher l’avion transportant Laurent Gbagbo de se poser sur le sol ivoirien. Toutefois, cette situation ne pourra durer éternellement », confie-t-elle.
Si Gbagbo revenait en Côte d’Ivoire, faut-il craindre le fait qu'il soit cueilli et conduit en prison surtout qu’il est aussi sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison pour crimes économiques commis pendant la crise post-électorale de 2010? A cette question, l’auteure du livre Abobo-la-guerre: Côte d'Ivoire : terrain de jeu de la France et de l'ONU, répond qu’Alassane Ouattara risquerait de déclencher des émeutes, des tensions inutiles et peut-être même de provoquer le courroux de certaines chancelleries à Abidjan.
«Ce scénario paraît donc parfaitement inenvisageable d’autant que Laurent Gbagbo a des soutiens. Les ennemis d’hier sont devenus les amis d’aujourd’hui, Henri Konan Bédié a salué la décision de la CPI en souhaitant «un bon retour en Côte d’Ivoire à Laurent Gbagbo»! Ironie de l’histoire, Alassane Ouattara se retrouve dans la position de Laurent Gbagbo en 2010, seul contre tous », justifie Leslie Varenne.
C’est dire que la tâche ne s’avère pas facile pour l’actuel chef de l’Etat ivoirien qui n’aura d’autre choix que de tenter un dialogue politique et trouver un consensus national avec une réconciliation à la clé.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article