Le Front Populaire Ivoirien exige le transfèrement d'Alassane OUATTARA et de son camp devant la CPI pour crimes perpétrés sur les populations ivoiriennes et notamment le peuple Wê à l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Le procès du président Laurent GBAGBO et du ministre Charles BLE GOUDE, débuté le lundi 28 janvier 2016, a été suspendu, une première fois, le jeudi 04 février 2016. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), dans le cadre de ce qui apparaît comme la première étape de ce procès, a fait ses analyses qu’il a publiées à travers sept (07) déclarations. Repris quelques semaines plus tard, soit le 7 mars 2016, le procès vient d’être suspendu à nouveau le vendredi 18 mars 2016; une deuxième reprise est annoncée pour le lundi 9 mai 2016, soit une suspension de sept semaines
Le FPI, à la fois fortement impliqué et concentré sur ce procès, qui met en cause le président Laurent GBAGBO, président élu de la Côte d’Ivoire, par ailleurs président du Parti depuis le Congrès de Mama( Gagnoa, sud-ouest), le 30 avril 2015, livre dans la présente déclaration ses analyses à l’occasion de cette autre interruption du procès.
2- Il convient de rappeler que le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) accuse le président Laurent GBAGBO et le ministre Charles BLE GOUDE d’avoir commis « des crimes contre l’humanité » à travers un « plan commun » en vue de la confiscation du pouvoir d’État. Ce « plan commun » aurait consisté à :
- exterminer les populations du Nord de la Côte d’Ivoire : « dioula » et musulmans, supposés être des partisans de monsieur Alassane Dramane OUATTARA, son adversaire politique. Et pour l’exécution de ce plan, le président Laurent GBAGBO se serait servi des moyens moraux comme des slogans « on gagne ou on gagne », « y a rien en face, » « devant, c’est maïs », et des moyens matériels comme des milices, des soldats de la République, des armes lourdes pour massacrer les populations du Nord du pays
- Il aurait également fait violer les femmes originaires du Nord, d’ethnie « dioula » et de religion musulmane.
Des témoins ont été convoyés d’Abidjan à La Haye par le bureau du procureur. Ils ont été entendus bien avant le procès afin d’étayer les accusations contre le président GBAGBO et le ministre BLE GOUDE devant la CPI. Et cela, dans l’unique but de confirmer, face à l’opinion internationale, les accusations retenues ; au besoin, en fournissant les preuves de leurs déclarations aux fins de démontrer l’existence du « plan commun » qui aurait été concocté par le président Laurent GBAGBO et les siens.
3- Le lundi 07 mars 2016, à la reprise du procès, le bureau du procureur a appelé à la barre l’un de ces témoins clés à charge contre le président Laurent GBAGBO et le ministre Charles BLE GOUDE. Il s’agit de Monsieur Mohamed JICHI SAM alias Sam l’Africain, un ivoirien d’origine libanaise, homme d’affaire et président d’un parti politique d’opposition dénommé la NACIP. Son audition s’est déroulée en deux temps : du lundi 07 au vendredi 11 mars 2016, pour l’interrogatoire en audience publique par le procureur, puis, du 11 au 17 mars, pour le contre-interrogatoire par la défense du président Laurent GBAGBO et du ministre Charles BLE GOUDE.
4- Quels analyses et enseignements le Front Populaire Ivoirien retient de cette audience ?
A) Le témoin.
5- Monsieur Mohamed JICHI SAM alias Sam l’Africain a été inscrit à la CPI sous le numéro P 44. - Il a décrit les circonstances dans lesquelles la CPI l’a subtilement contraint à accepter d’être témoin à charge, le 04 octobre 2011, alors que le pays était encore dans un contexte de crise et de tension palpables à tous les niveaux. Il devait témoigner contre les accusés de la CPI, au risque d’être lui-même poursuivi en tant que coauteur dans les crimes visés. - Une fois à La Haye, en 2016, quand on l’interroge sur les commanditaires des actions qui ont conduit à la crise en Côte d’Ivoire, Sam l’Africain déclare devant la Cour ce que tout le monde en Côte d’Ivoire sait. À savoir que c’est la rébellion, déclenchée le 19 septembre 2002 contre la Côte d’Ivoire qui est la cause de toute la crise que le pays connait jusqu’à ce jour. Les commanditaires et les parrains de cette rébellion sont la France de Jacques CHIRAC, de Nicolas SARKOZY, le BURKINA FASO de Blaise COMPAORE, Alassane Dramane OUATTARA et Guillaume SORO. – Le témoin Sam l’Africain a ainsi soutenu durant son interrogatoire que le président Laurent GBAGBO, président en exercice de la République, homme de paix et démocrate, dans le souci d’éviter la guerre à son pays et à son peuple, a opté très tôt pour la négociation et a fait appel à l’ONU et à la France pour l’aider dans ce sens. Mais hélas, dira Sam l’Africain, « ce sont ces puissances qui vont soutenir, entretenir et armer les rebelles pour déstabiliser et endeuiller la Côte d’Ivoire »
- Le témoin a, en outre, affirmé que le président Laurent GBAGBO, dans sa recherche constante de la paix pour son peuple et son pays, a accepté de s’humilier en nommant des rebelles aux postes de Premier Ministre et de Ministres, cela malgré la forte désapprobation de ses concitoyens. Il a ajouté, parlant du président Laurent GBAGBO, que cet homme de paix qui aime tout le monde « est comme un père pour lui », et qu’il ne peut avoir de réconciliation en Côte d’Ivoire sans le président Laurent GBAGBO. Il a affirmé solennellement que celui-ci « n’est pas un criminel »
- Sam l’Africain a par ailleurs insisté sur le caractère non violent de la chanson « on gagne ou on gagne », chanson dont les paroles ont servi de slogan de campagne du candidat Laurent Gbagbo lors de l’élection présidentielle ; paroles que le bureau du procureur voudrait faire passer pour une illustration du caractère belliqueux d’un Laurent GBAGBO « génocidaire ».
- Le témoin a, sur le champ, déconstruit méthodiquement la thèse du bureau du procureur présentant la Côte d’Ivoire comme un pays à deux groupes ethniques : l’un, au Nord, constitué de « Dioula » et de musulman, partisan d’Alassane Dramane OUATTARA ; ce groupe serait persécuté par l’autre ethnie, au Sud, chrétien ou tout au moins non musulman et partisan de Laurent GBAGBO. Il a même rappelé que dans l’entourage familial, social et professionnel du président Laurent GBAGBO, on trouve des personnes de toutes les régions du pays y compris du Nord, dont lui-même se réclame, des musulmans et de toutes autres confessions religieuses. C’est dans ce contexte que Sam l’Africain a déclaré que le président Laurent GBAGBO a fait partir beaucoup de musulmans à la Mecque, sans même les connaître.
- Sam l’Africain a aussi pris le contre-pied des allégations du bureau du procureur tendant à faire passer le ministre Charles BLE GOUDE pour un chef de milices au service d’un prétendu plan commun.
- Ensuite, le témoin a mis en exergue les nombreux crimes et autres massacres commis par les rebelles de Guillaume Soro au service d’Alassane Dramane OUATTARA et de la France. Puis il a dénoncé la Communauté Internationale, la France et les Etats-Unis qui, ne voulant pas à la tête de la Côte d’Ivoire le démocrate Laurent GBAGBO, président en exercice, ont fait pression pour l’organisation de l’élection présidentielle de 2010 sur l’ensemble du pays, alors que les rebelles étaient encore en armes dans la moitié nord.
6- Face à la constance du témoin, le Bureau du procureur s’est mis en contradiction avec lui-même sur l’évocation de l’élection présidentielle de 2010 lors de ce procès. En effet, à l’ouverture dudit procès, le 28 janvier 2016, madame Fatou BENSOUDA, au nom de l’accusation, a cru devoir préciser qu’il ne s’agissait pas de parler de l’élection présidentielle de 2010, et qu’il n’était pas question de chercher à savoir qui a gagné ladite élection. Dans la suite des échanges pourtant, il n’a été question, comme la logique de ce procès le commande, que de l‘élection présidentielles de 2010. Monsieur Mc Donald, agissant en tant que procureur, a été le premier à interroger son propre témoin sur la Commission Électorale Indépendante (CEI), sur le Conseil Constitutionnel, sur les résultats de l’élection présidentielle et sur la prestation de serment, devant les institutions de la République et les diplomates étrangers, du président Laurent GBAGBO, déclaré vainqueur selon les lois du pays.
- Dérouté par les propos de Sam l’Africain, l’un de ses témoins clés, qui a décidé de dire la vérité une fois à La Haye, le procureur a traité son propre témoin de ‘’témoin hostile’’.
7- La défense du président Laurent GBAGBO et celle du ministre Charles BLE GOUDE, dans leur contre interrogatoire ont amené le témoin de l’accusation à expliciter sa pensée et ses déclarations sur, non seulement le rôle, l’implication et le parti-pris de la France dans la crise ivoirienne, mais aussi et surtout sur le bombardement de la résidence du président de la République de Côte d’Ivoire par la force Licorne pour y déloger le président Laurent GBAGBO, et sur les autres tueries de l’armée française, notamment celles autour de la résidence présidentielle. La pertinence des propos du témoin a poussé le procureur a reconnaître publiquement les crimes perpétrés par l’armée française en novembre 2004, qui a massacré les populations aux mains nues à l’Hôtel Ivoire (Abidjan).
- Sur la prétendue marche des femmes à Abobo le 3 mars 2011, Sam l’Africain a réaffirmé qu’au-delà de tout ce qui a été dit et entendu, lui, il affirme que le président Laurent GBAGBO n’est ni un tribaliste ni un raciste encore moins un xénophobe.
- La défense a amené le témoin à démontrer que le ministre Charles BLE GOUDE, était certes un leader charismatique, mais il n’était pas l’instigateur des réactions de la jeunesse ivoirienne qui se trouvait, dans toute ses composantes, révoltée par ce qui se passait en Côte d’Ivoire. Il a soutenu que c’est volontairement que les jeunes se mobilisaient et soutenaient le président Laurent GBAGBO pour défendre le pays.
B) LA POSITION DU FPI :
8- Au vu de ce qui précède, le Front Populaire Ivoirien :
- note que Sam l’Africain a fait preuve de courage, en témoignant à visage découvert là où les soi-disant sachant choisissent de porter des cagoules et de masquer leur voix. Sam l’Africain est resté tout à fait naturel et a dit à la face du monde ce qu’il croit être la vérité sur la crise ivoirienne.
- fait observer que le témoignage de Sam l’Africain a contribué à remettre dans leur juste contexte culturel, social, militaire, religieux et politique, des faits que les officines du régime, avec l’aide des services français et le bureau du procureur, pour les besoins de leur cause, ont volontairement et frauduleusement soustraits de leur vrai contexte.
- dénonce le rôle d’extrême nuisance joué en Côte d’Ivoire par la France, la communauté internationale et tous leurs alliés, qui ont perpétré des horreurs dans ce pays, allant jusqu’à mettre les médicaments et autres moyens de soin de santé sous embargo. Ce qui a occasionné une véritable hécatombe qui n’est rien d’autre qu’un crime contre l’humanité. Il dénonce avec force l’instrumentalisation des acteurs en vue de condamner sans aucune preuve Laurent GBAGBO, un innocent dont le tort est de ne pas être le bras séculier du système financier dominant pour l’oppression et l’asservissement de la Côte d’Ivoire. Les tenants de ce système protègent ainsi leur homme lige, Alassane Dramane OUATTARA et son camp, les vrais responsables des massacres et tueries en Côte d’Ivoire.
- invite les juges de la CPI à dire le droit rien que le droit. Les invite à avoir conscience que dans ce procès se jouent aussi la crédibilité de la CPI et la réputation de tous les acteurs devant la face du monde et devant leurs propres peuples, leurs confrères juges et les peuples du monde entier.
- est convaincu que le président Laurent GBAGBO n’est qu’un otage de la France impérialiste et du système politico- financier dominant, et voudrait leur signifier que certains excès comme ce que nous vivons présentement peuvent faire plus de mal à l’oppresseur qu’à l’oppressé.
C’est pourquoi le FPI exige la libération du président Laurent GBAGBO et du ministre Charles BLE GOUDE dont l’innocence est désormais avérée à la face du monde entier.
Le Front Populaire Ivoirien s’insurge contre les manœuvres de la CPI et de ses commanditaires tendant à prolonger inutilement et abusivement le procès, dans le seul but de maintenir le président Laurent GBAGBO et le Ministre BLE GOUDE loin de leur pays afin de permettre, pensent-ils, à Alassane OUATTARA d’achever son mandat.
Le FPI réitère qu’Alassane OUATTARA et son camp qui sont convaincus des crimes perpétrés sur les populations ivoiriennes et notamment le peuple Wê à l’ouest de la Côte d’Ivoire, doivent être transférés devant la CPI. L’innocent ne saurait être enfermé en prison au moment où le coupable se pavane et continue de perpétrer d’autres crimes.
Fait à Abidjan, le 22 mars 2016
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général-adjoint, Porte-parole par intérim
Boubakar KONE
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