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Politique

Mme Fontaine Ehui Thérèse, vice-présidente du Grapa-Pdci : « Ouattara se trompe et fonce droit dans le mur »

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Mme Fontaine Ehui Thérèse, vice-présidente du Grapa-Pdci : « Ouattara se trompe et fonce droit dans le mur »
Madame Fontaine Ehui, opératrice économique, est membre du Bureau Politique du Pdci-Rda et vice-présidente exécutive du Grapa-Pdci. Dans l’entretien qui suit, elle porte la voix de son mouvement pour le report du scrutin du 31 octobre.

Quelle est alors l’analyse que le Grapa Pdci fait de la vie politique nationale du moment ?

La situation, depuis plus d’une décennie déjà, est chaotique, comme une naissance, une zone de changement d’étape. Nous passons par les douleurs de l’enfantement, et je suis une femme, je peux vous dire que c’est vraiment douloureux ! Mais le bonheur de porter son bébé dans ses bras, rend dérisoire la plus terrible des douleurs. Voyez-vous, cher monsieur, on croit que le problème n’est que politique. En réalité, la politique n’est que révélatrice des troubles moraux et psychologiques, des peurs et tremblements enfouis de l’homme ivoirien et de la société ivoirienne. La facilité du reniement de sa propre parole du premier des Ivoiriens, le président de la République, corrobore, avec éloquence, mon diagnostic. La crise est d’abord morale, éthique, d’humanité tout simplement.

En fait, je parlais de l’élection présidentielle imminente.

Je m’en doutais bien ! La nature nous met devant une évaluation, un mur à franchir, et l’épreuve se nomme Démocratie ! Nous devons tous accepter de faire allégeance à la démocratie. La crise politique résulte uniquement de la non- acceptation de la démocratie par certains acteurs politiques, ceux qui sont au pouvoir. Voyez-vous, le Pdci-Rda et l’opposition militent pour la sincérité et la transparence de l’élection, et bizarrement, le camp présidentiel s’y oppose, il veut aller vite et très vite à une élection qui s’annonce notoirement non sincère et non transparente. Tes adversaires disent avec preuves que la liste électorale n’est pas fiable, et qu’il faut l’auditer, tu dis non ! Donc toi, tu milites pour quelle cause ? Tu milites ouvertement pour une élection truquée ?



Pour le camp présidentiel, les revendications de l’opposition sont non fondées…

Soit ! Mais alors le camp présidentiel perd quoi en satisfaisant à des revendications non fondées ? L’audit d’une liste électorale parfaite, montrera devant l’opinion que la revendication de l’opposition était non fondée, et ce ne serait qu’au mérite du camp présidentiel ! Vous êtes quatre candidats, deux posent des revendications, et tu estimes que celles-ci sont nulles et inconsidérées, là où un peu d’humilité et de courtoisie commandent le respect vis-à-vis des autres !

Le président Ouattara semble, pour le moment, maintenir la date de l’élection au 31 octobre. Qu’allez-vous faire ?

Nous disons que Monsieur Ouattara se trompe et fonce droit dans le mur ! Le triomphe de l’intransigeance et de la force brutale est éphémère, c’est Houphouët-Boigny qui le disait. M. Ouattara peut accepter le dialogue de lui-même, où alors les circonstances lui imposeront le dialogue, dans tous les cas, qu’il sache que le dialogue est inévitable, il finira par s’asseoir autour de la même table avec ceux qu’il méprise aujourd’hui. Bien sûr, face à la désobéissance civile, on croit pouvoir museler tout un peuple par la terreur, devenue arme de gouvernance de l’Etat. A mon humble avis, M. Ouattara devrait faire très attention dans l’utilisation de la terreur contre le peuple, la force est une demoiselle très capricieuse, ce n’est pas rare qu’elle lâche ses amants. Aujourd’hui, il y a un précédent nommé CPI, et vous connaissez bien l’adage « il n’y a jamais deux sans trois ! ». L’histoire, on le sait, aime les fantaisies du genre « tel est pris qui croyait prendre » !


Quel jugement portez-vous sur le meeting du 10 octobre dernier ?

Je voudrais saluer la mobilisation exceptionnelle des Ivoiriens du 10 octobre dernier, au stade Félix Houphouët-Boigny, malgré toute l’industrie d’intimidation déployée. Hélas, nos frères de l’autre camp ne peuvent plus ni voir, ni entendre ! Il est pourtant encore possible de s’asseoir en toute dignité autour de la table pour se parler, pour aplanir les différends et ensuite aller à une élection apaisée. Si l’élection ne se tient pas le 31 octobre, par la volonté consensuelle de tous les acteurs, le ciel ne nous tombera pas sur la tête. En tout état de cause, si le camp présidentiel maintient coute que coute cette échéance, le résultat qui en sortira ne sera pas reconnu par l’opposition et ses sympathisants. Pour nous, à ce stade, à compter du 31 octobre 2020, M. Alassane Ouattara n’est plus légitimement président de la République de Côte d’Ivoire. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
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