Il s’est confié à la radio de la paix d’Abidjan, et sans langue de bois, a donné la position de son pays sur des questions cruciales de l’heure pour le maintien de la stabilité de la Côte d’Ivoire. David Hale, Sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis décrypte l’actualité ivoirienne et livre la position de son pays.
Ci-dessous, le retranscrit de ses propos.
Les Elections Municipales
Le monde suit de près la Côte d’Ivoire. Nous sommes intéressés par le progrès de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Les élections municipales visaient à tester les institutions, tester l’attitude de divers éléments de la société civile.
Nous sommes inquiets parce que nous avons constaté des intimidations de votants, des irrégularités, et des cas de violence et cela est particulièrement néfaste pour la Côte d’Ivoire qui a connu des violences liées aux élections.
Donc notre avis est que la Côte d’Ivoire tire des leçons de cette expérience au moment où vous préparez 2020 et que les hommes politiques s’engagent à ne pas accepter la violence sous toutes ses formes, travailler à la réconciliation pour surmonter le passé et cela est important, s’assurer que tout citoyen qui en a le droit est inscrit sur la liste électorale et peut voter, car si vous n’êtes pas inscrits, vous ne pouvez voter et votre voix ne peut être entendue. C’est l’essence de la démocratie.
La Corruption
Je ne connais aucun pays qui soit immunisé contre la corruption. La question est donc de savoir quelles sont les mesures pour lutter contre la corruption lorsque celle-ci se produit ? Est-ce des standards de transparence, des enquêtes agressives ou de juger et punir ceux qui y sont impliqués ? Le public a-t-il une attitude cynique ou est plutôt choqué lorsqu’il entend un cas de corruption ? Ce sont ce genre de question clés. Pensez-vous que vous avez ce genre d’attitude et des institutions qui peuvent les empêcher de se reproduire, ou les gens disent tout simplement qu’il n’a rien que l’on puisse faire ? C’est plutôt terrible car il a y a des choses que peuvent être faites.
J’ai servi dans ma carrière au Moyen-Orient dans plusieurs pays avec des sérieux problèmes de corruption. Et certains dirigeants me posaient la question, en tant qu’ami que conseillez-vous ? Nous voulons faire quelque chose contre ça. Et ma réponse a toujours été : poursuivez en justice les auteurs, faites des enquêtes, jugez-les justement, sur la base de preuves. Il y a des cas où nous voyons l’engagement des dirigeants à lutter contre cela et j’espère que vous pourriez en trouver ici en Côte d’Ivoire.
Il est aussi important de garder à l’esprit le cout de la corruption. L’un des couts le plus évident est moins d’argent pour le gouvernement, l’argent du contribuable allant ailleurs alors qu’il aurait pu aller à l’éducation, la santé ou autre. Il y a un autre cout - celui de l’érosion de confiance vis à vis du gouvernement. C’est terrible lorsque le peuple n’a plus confiance au gouvernement. Il se trouve alors ailleurs vers d’autres pouvoirs. En troisième lieu, c’est un frein aux investissements étrangers, surtout américains. Nous avons une loi qui dit que les entreprises américaines ne peuvent pas payer des pots-de-vin à des dirigeants étrangers pour faire des affaires et les entreprises américaines quitteront tout pays ou la corruption est endémique et c’est pareil pour tout gouvernement étranger.
Réforme de la CEI
Je pense c’est absolument essentiel. Si la Commission électoral elle-même n’est pas perçu comme juste, en dehors du control de toute faction en course dans les élections, si la commission semble être influencée par le pouvoir, tout le processus manquera de crédibilité et dans ce cas pourquoi avoir des élections ? Qui d’autre qu’une commission indépendante peut garantir la crédibilité des élections ? Il y a plusieurs modèles dans le monde donc nous n’avons pas la réponse parfaite mais la Cote d’Ivoire devra s’en trouver une.
Question du 3eme Mandat
Vous savez que ce n'est pas une décision américaine. C’est au peuple ivoirien de faire ces choix, mais je dirai quelques mots. Je sais que le président Ouattara a fait une déclaration - je crois en aout - dans laquelle il a appelé à une transition du leadership vers une nouvelle génération, et je pense que c’est une déclaration louable.
Nous avons eu une expérience dans notre propre pays. Vers 1945 ou 1944, lorsqu'un président vénéré de notre pays, le Président Roosevelt, a été élu pour un quatrième mandat, cela a brisé toutes les traditions. Il n'y avait pas de loi mais il y avait une tradition de deux mandats. Notre pays était en crise, et il a remporté une victoire écrasante pour un troisième et quatrième mandat. Et il est décédé peu de temps après son élection pour un quatrième mandat.
Il y avait une atmosphère bipartisane après cela. Pas contre lui, mais un bipartisme [des deux principaux partis politique aux Etats-Unis] contre le concept d'un président qui siégerait dans un environnement démocratique aussi longtemps.
Ce n’était pas sain. Il fallait du sang frais, des idées neuves, un leadership nouveau. Donc nous avons modifié la constitution, ce qui est inhabituel dans notre pays. Ce qui nécessite un très haut niveau de soutien, mais il y avait un assez fort soutien pour revenir à la tradition et la rendre loi. Qu'il n'y aurait que deux mandats dans notre pays.
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