Un débat télévisé dense et acerbe, mais courtois dans l'ensemble. Dimanche 02 avril 2023 au soir, sur la Nouvelle Chaine Ivoirienne (NCI), le ministre Mamadou Touré et l’ex-ministre du Budget, Justin Koné Katinan se sont affrontés.
Le fort taux du chômage des jeunes, la Côte d'Ivoire 2e ''exportateur d'immigrants'' au monde, le poids du secteur informel dans l’économie du pays, … les deux hommes politiques ne se sont pas faits de cadeau, se rejetant chacun la responsabilité.
« La situation de la jeunesse est inquiétante pour nous au PPA-CI. Il y a des signaux qui ne rassurent pas et nous sommes heureux que le Gouvernement commence à prendre des dispositions », a constaté au cours du débat le porte-parole du PPA-CI, à la suite du ministre Mamadou Touré qui venait de relever les actions mises en œuvre par son ministère en faveur des jeunes.
« Non, on ne commence pas. Depuis 10 ans, nous travaillons dessus », souffle alors le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l'Insertion Professionnelle et du Service Civique, en réponse à Koné Katinan.
« Quand j’analyse vos propositions, je trouve que ce sont des mesurettes », revient encore à la charge celui-ci, déplorant le fait que les actions citées par le ministre « ne sont pas structurelles ».
« Le gros problème que nous avons, c’est la privatisation à outrance. On a dessaisi l’État de son pouvoir d’intervention pour le compte des jeunes », ajoute-t-il, dénonçant un manque de financement en faveur de la jeunesse à cause d’un « secteur bancaire démissionnaire ».
« Je pense que Katinan s’embrouille un peu », rétorque alors Mamadou Touré au cadre du PPA-CI qui soulevait également dans son intervention la question de l’immigration dont le centre serait, selon lui, la ville de Daloa. « Ce que nous proposons ne sont pas des mesurettes. En tout cas, ces mesures-là sont meilleures que les vôtres », assène-t-il.
Et de poursuivre : « Nous héritons de votre héritage. Quand vous avez passé dix ans à instrumentaliser les jeunes dans les agoras et parlements, c’est ce stock-là que nous devons gérer ».
« Vous avez laissé près de 4 millions de jeunes dans la rue », enfonce-t-il le clou, soulignant que les évènements de novembre 2004 ont fait perdre près de 120 mille emplois à l’économie ivoirienne.
« La jeunesse instrumentalisée, c’est vous », lui répond alors Koné Katinan. « Votre rébellion qui vous a envoyé au pouvoir, c’est elle qui a gâté le pays. Entre les jeunes qui font l’agora et ceux qui prennent des armes pour tuer, je préfère ceux qui font l’agora », ajoute-t-il.
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