Si l'on s'en tient à ce qu'il est donné de voir, les relations entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro semblent bien érodées, depuis quelque temps. En dépit des déclarations faites par Soro, depuis Paris, pour donner le change, il y a bien de l'eau dans le gaz. Et cela, suite à une succession de coups de becs et coups tordus entre partisans du chef de l'Etat et ceux du chef du Parlement.
Ce malaise au sommet de l'Etat aura été marqué par trois épisodes les plus significatifs. D'un: le limogeage de l'administration publique, des Méïté Sindou et autres proches du président de l'Assemblée nationale, pour s'être affichés aux côtés des promoteurs d'un mouvement dit soroïste. De deux: l'arrestation, suivie de l'incarcération du Directeur du protocole de Soro, Kamaraté Souleymane dit Soul To Soul. De trois: la plainte annoncée par le Rdr contre le Conseiller en communication du chef du Parlement, Touré Moussa, et l'injonction faite à Soro de se séparer de lui et de son autre sulfureux conseiller, Franklin Nyamsi, pour avoir, tous les deux, froissé la Secrétaire générale du Rassemblement des républicains (Rdr), Kandia Camara, sur les réseaux sociaux.
Avec de tels couacs dans les relations entre pro-Soro et pro-Ouattara, difficile de nier qu'il y a une lézarde dans les rapports entre le Vice-président du parti au pouvoir et le président d'honneur de ce parti. Ce pourrissement des relations entre Ouattara et Soro est-il en passe de se déporter dans les rangs des Forces de défense et de sécurité ? Rien n'est moins sûr. Il reste que la dernière enquête réalisée par Jeune Afrique (J.A) sur les ex-seigneurs de guerre de la rébellion, incline à penser que ces ex-Com'zone balancent entre Soro et Ouattara, sept ans après la fin de la rébellion.
Dans sa toute dernière parution, du 22 au 28 juillet 2018, le confrère révèle que ces ex-hommes forts de la rébellion sont aujourd'hui partagés entre leur patron des années troubles et le chef suprême des armées qu'est Ouattara. Certains n'ont pas rompu les amarres avec le leader des années de rébellion qu'est Soro. « Wattao, Morou Ouattara et Koné Messamba sont aujourd'hui les plus proches de Soro », croit savoir l'hebdomadaire panafricain. Lequel range dans le camp des ex-Com'zone plutôt pro-Ouattara, des ex-seigneurs de guerre comme Zacharia Koné, « entre-temps devenu un fidèle d'Alassane Ouattara ». Le confrère cite également dans ce groupe, Chérif Ousmane, Losseni Fofana, Gaoussou Koné alias « Jah Gao » et Martin Fofié Kouakou. Ils « se sont également éloignés de l'ancien chef de la rébellion », avance la même source. « Il vaut mieux avoir les Com'zone avec nous que contre nous », confie, pour sa part, une source des services de sécurité ivoiriens au bimensuel panafricain.
D'ailleurs, pour tenir sous contrôle ces « chiens de guerre » des ex-Forces nouvelles, le patron de l'exécutif a une stratégie bien à lui. Ouattara pourrait jouer la carte judiciaire au cas où certains de ces ex-seigneurs de guerre venaient à afficher des attitudes subversives. En témoignent ces révélations du confrère: « Mais la menace de se retrouver devant la justice continue de planer sur ces hommes. Et le président ivoirien ne manque pas de le leur rappeler régulièrement. Le gouvernement a récemment autorisé l'audition par un juge, de dix anciens Com'zone dans l'affaire-moins grave- de la plainte déposée par Michel Gbagbo, le fils de l'ancien président, pour séquestration et traitement inhumain ».
On le voit donc, les poursuites judiciaires pourraient être agitées comme un chiffon rouge, pour tenir en laisse ceux des ex-Com'zone qui seraient tentés par une quelconque aventure. Une autre arme dont pourrait user le chef de l'Etat, c'est d'isoler autant que faire se peut, ces ex-seigneurs de guerre, histoire d'effacer les traces que certains ont pu laisser dans leur zone d'influence d'hier. Ainsi, Fofié Kouakou a quitté son « grain » de Korhogo pour Daloa.
Par ailleurs, nous apprend J.A, un frère cadet du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, du nom de Coulibaly Ibrahima, a été nommé commandant en second du Groupement de la sécurité présidentielle (Gspr), en remplacement de l'ex-com'zone, Chérif Ousmane, désormais à la tête du 1er Bataillon de commandos et parachutistes (1er Bcp). C'est dire que du côté du Palais présidentiel, on garde l'œil ouvert sur les anciens compagnons d'aventure de Guillaume Soro.
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