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Politique nationale / Après 25 ans : Bédié - Ouattara, l’heure de solder les vieux comptes

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Ils se brouillent, ils se réconcilient, et ils se brouillent à nouveau. Une sorte de cycle infernal qui donne de leur relation l’image d’une pathologie mal diagnostiquée et donc mal soignée. Les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara en sont là, depuis 25 ans (1993 – 2018). Les deux héritiers de Félix Houphouët-Boigny semblent traîner en effet un vieux contentieux qu’ils n’ont pas encore réglé. Celui de savoir lequel des deux devrait gérer l’héritage du premier président ivoirien.

Le 7 décembre 1993, date du décès du président Houphouët-Boigny, ouvre une ère d’incertitude sur la Côte d’Ivoire, animée par une guerre sans merci pour le contrôle du pouvoir ivoirien.

Alassane Ouattara, qui avait été appelé au chevet de la Côte d’Ivoire malade de l’effondrement des cours du cacao, son principal produit de rente, est nommé Premier ministre le 7 novembre 1990. Son brillant parcours de haut fonctionnaire des institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international (Fmi), parle pour lui. Son travail et sa rigueur à la tête du gouvernement portent leurs fruits et sont salués par les Ivoiriens. Il réussit ainsi son examen de passage et se sent légitimement fondé à poursuivre l’œuvre, cette fois en qualité de président de la République. « Il y avait une parfaite unanimité sur ses qualités de travailleur acharné et sa grande capacité à gouverner. Même ceux qui ne l’appréciaient pas beaucoup à l’époque lui reconnaissaient ces qualités », commente un baron du Rassemblement des républicains (Rdr).

En face, il y a Henri Konan Bédié, l’autre héritier, également crédité de brillantes études en droit et en économie. Il fait quelques classes dans le monde politique et la gestion des affaires publiques en qualité d’ambassadeur, de ministre des Finances et de président de l’Assemblée nationale. A ce dernier poste, il a les faveurs de la Constitution ivoirienne, en son article 11 qui fait de lui le dauphin constitutionnel à cette période. Donc le successeur légal du président. La bataille de 1993 tourne alors à l’avantage de Konan Bédié, qui pousse Alassane Ouattara hors du cercle du pouvoir.

La bataille perdue, mais pas la guerre. Le Premier ministre d’Houphouët retourne au Fonds monétaire international (Fmi) pour y occuper le poste de directeur général adjoint. Pour lui, ce n’est qu’une bataille de perdu, et pas la guerre. Il rumine vengeance et entend laver l’affront qui lui est fait. La guerre pour le contrôle du pouvoir d’Abidjan est plus que jamais ouverte, singulièrement entre ces deux grands héritiers d’Houphouët-Boigny. Comme dans un combat de boxe, quelques séquences de repos sont observées, sans pour autant que les comptes entre les deux hommes soient soldés.

En 1999 Henri Konan Bédié est chassé du pouvoir par un coup d’État. Les dirigeants déchus tournent leurs regards soupçonneux vers Alassane Ouattara. ‘’ Je frapperai ce pouvoir au moment opportun et il tombera ‘’ ; cette phrase prononcée par le champion des républicains amène plusieurs observateurs à penser, à tort ou à raison, qu’il est le père du putsch de Noël 1999.

Le 18 mai 2005, les deux ‘’ frères ennemis ‘’ taisent leur querelle pour un moment et formalisent, depuis Paris (France), une alliance baptisée Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pour la conquête et le partage du pouvoir. Ils ont alors un adversaire commun à vaincre, en la personne de Laurent Gbagbo. Ce qu’ils parviennent à faire à l’issue des élections présidentielles de 2010 et la crise post-électorale qui en a découlé. On croyait alors l’entente définitivement retrouvée entre les successeurs d’Houphouët-Boigny. Que nenni ! La vieille bataille qui les oppose depuis 1993 a, une fois de plus, raison de la cohésion entre les Houphouëtistes. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié regardent tous les deux vers le fauteuil présidentiel, avec l’envie farouche de le posséder et réaffirmer une sorte de légitimité non usurpée sur l’héritage du vieux. Après les intermèdes de 2010 et 2015, ils fourbissent encore les armes pour 2020, cette fois pour solder les vieux comptes. « Ce sera leur dernière bataille, la plus farouche d’ailleurs, car à la question de la victoire politique, s’ajoute celle de l’honneur », croit savoir un diplomate en poste à Abidjan.

 

 
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