L'artiste Tiken Jah estime que le régime Ouattara est vicié par le rattrapage ethnique et la corruption. Il l'a fait savoir dans une interview diffusée sur BBC, dans la matinée du vendredi 5 octobre 2018. Invité à se prononcer sur le bilan d'Alassane Ouattara à la tête de l'Etat, il admet que "tout n'est pas positif". Et la star du reggae de mettre le doigt sur ce qui apparaît comme les plaies du pouvoir. " Il y a des choses qui ont été faites: des routes et des ponts ont été construits", a-t-il d'abord relevé, avant de pointer les zones d'ombre de la gouvernance Ouattara: "Mais la corruption n'a pas été combattue". Le disant, l'artiste laisse entendre que la corruption tant décriée sous le régime Gbagbo a encore cours sous l'actuel régime.
Par ailleurs, Tiken Jah fustige "le rattrapage ethnique". Il confesse d'ailleurs que " quelquefois, quand on regarde la Rti( radio-télévision ivoirienne, ndlr), on est un peu gêné". Même s’il semble comprendre la logique qui sous-tend cette propension au "rattrapage", il pense qu'il vaut mieux parler de "rééquilibrage". En effet, explique-t-il, " depuis les indépendances, il y avait un déséquilibre entre les gens du Nord et ceux du Sud. Donc, il fallait un équilibre mais pas un rattrapage", soutient l'artiste reggae. Il fustige ce rattrapage d'autant que cela peut donner lieu à des dérives incontrôlables. " Quand vous commencez, vous ne pouvez plus maîtrisez parce que si vous nommez votre petit frère ministre, lui aussi va nommer son petit frère directeur de cabinet, lui aussi va nommer son cousin. Vous ne pourrez plus maîtrisez le reste de la chaîne", prévient-il.
Se prononçant sur l'élection présidentielle de 2020, il avance qu'il est plutôt pour que chacune des formations politique phares présente son candidat à cette élection. " Pour 2020, mon souhait, c'est que le Pdci présente un candidat, le Rdr et le Fpi aussi. Que personne ne boycotte les élections ! Que chacun profite pour montrer sa force !", préconise la star de reggae. A l'entendre, il semble plutôt favorable à l'ouverture du jeu démocratique. "Quand les politiciens sont unis et qu'ils gouvernent ensemble, ça devient un complot contre le peuple parce qu'ils font ce qu'ils veulent et il n'y a pas de vraie opposition", estime Tiken Jah.
Il s'est également prononcé sur la réconciliation et la décision d'amnistie prise par le chef de l'Etat. Pour lui, la réconciliation n'est pas encore effective même si des actions ont été posées dans ce sens. " On se parle mais il y a encore des rancœurs", relève l'artiste. Non sans mettre en garde tous ceux qui rêvent de vengeance: " Il y en a qui parle de match retour, il ne faut pas souhaiter de match retour. Ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui ont été victimes de beaucoup d'injustices à l'époque. Ils n'avaient pas d'armes, ils n'avaient pas d'argent, ils n'avaient pas de pouvoir. Aujourd’hui, ils ont tout ça. Tu ne peux pas envisager un match retour contre quelqu'un qui, aujourd'hui, sait utiliser les armes, a l'argent et le pouvoir. C'est la Côte d'Ivoire qui va y perdre. Il faut sortir de cette logique". La star du reggae estime salutaire le geste posé par Alassane Ouattara de remettre en liberté des prisonniers de la crise post-électorale, en particulier l'ex-Première dame, Simone Gbagbo. "Cette amnistie est la bienvenue parce qu'on souhaite l'accalmie pour la Côte d'Ivoire", applaudit-il ce geste du chef de l'Etat. Au passage, il appelle les bénéficiaires de cette amnistie à savoir raison garder. " J'espère que ceux qui ont été amnistiés vont s'impliquer dans la réconciliation. Qu'on n'ait plus de discours guerriers parce que ce sont les discours guerriers qui nous ont amené là où on est aujourd'hui", interpelle-t-il les uns et les autres.
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