Selon la Constitution ivoirienne, le président élu doit
prêter serment le deuxième lundi du mois de décembre de la cinquième année du
mandat du Président de la République en fonction. A cette occasion, le chef de
l’Etat prononce une formule devant le Conseil constitutionnel.
« Devant le peuple souverain de Côte d'Ivoire, je jure
solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la
Constitution, d’incarner l’unité nationale, d’assurer la continuité de l’Etat
et de défendre son intégrité territoriale, de protéger les Droits et Libertés
des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans
l'intérêt supérieur de la Nation. Que le peuple me retire sa confiance et que
je subisse la rigueur des lois, si je trahis mon serment », peut-on lire dans
l’article 58 de la loi fondamentale.
Photo de famille avec le Président de la République Alassane
Ouattara, l'ex Vice-président Daniel Kablan Dunkan et les membres du Conseil
constitutionnel.
Mais que vaut vraiment cette formule dans un pays où nous
avons un régime présidentiel très fort ? En d’autres termes, la Constitution
conférant au Président de la République de grands pouvoirs, qui est capable de
lui faire subir la rigueur de la loi en cas de trahison ? D’ailleurs, qui jugera
de la trahison ?
De toute évidence, personne ! La preuve en est que depuis
1960, année de l’indépendance, aucune institution judiciaire n’a osé convoquer
ou désavouer un chef d’Etat. Et pourtant, les scandales et les entorses à la
constitution, il y en a eu à divers degrés sous les régimes successifs.
En outre, par quelle méthode, pratique ou démarche, le
peuple peut-il retirer sa confiance à un président qui trahit son serment ? La
loi fondamentale elle-même reste muette sur la question, tant la faisabilité
relève du domaine de l’impossible. Ce d’autant plus que les Ivoiriens
choisissent généralement et majoritairement leur président sur des bases
ethno-régionalistes. C’est la raison pour laquelle les crises politique se
muent le plus souvent en affrontement ethnique.
Tout bien considéré, l’on peut affirmer que la formule de
prestation de serment est juste bonne pour la forme. Jusqu’à ce que le pays se
dote véritablement d’institutions fortes.
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