Des remords. Pascal Affi N’Guessan en a eu.
Le samedi 30 avril, à Abengourou, il est revenu sur les événements malheureux de la présidentielle du 31 octobre 2020. C’était à l’occasion du meeting clôturant la fête de la liberté de son parti. Le président du Front populaire ivoirien (Fpi) a reconnu publiquement le mauvais rôle joué lors de la crise post-électorale de 2020.
L’ex-Premier ministre a confessé qu’il s’est mis du mauvais côté de l'histoire pour conduire certains de ses compatriotes à l’abattoir. Un an après. C’est le temps des regrets. Des confessions.
« Il y a un an, vous vous souvenez, nous étions meurtris, blessés, malheureux de voir notre pays fragilisé par une nouvelle crise post-électorale. Notre parti en était sorti affaibli après mon incarcération. Nous devions reprendre des forces pour achever notre convalescence. Nous avons, au fond de nous, cette amertume d’avoir collectivement, tous partis confondus, rejoué ce mauvais scénario de la division, d’avoir exposé nos concitoyens », a regretté le président du Fpi.
La main sur le cœur, il a dit qu’il « n’oubliera jamais que certains y ont laissé la vie ». Et de reconnaître que ses agissements ont contribué à la mort de plusieurs personnes. « Je salue leur mémoire. Une fois encore, nous nous étions montrés incapables, une fois de trop, d’échapper à une forme de malédiction. Nous avions aussi la volonté ferme de mettre toutes nos forces en œuvre pour en finir enfin avec ces vieux démons qui rodent et nous empêchent de progresser », s’est-il remémoré.
Pour rappel, lors d’une conférence de presse conjointe, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan avaient annoncé, en octobre 2020, qu’ils demandaient à leurs militants d’"empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin et de mettre en application le mot d’ordre du boycott actif." Ils se sont donné les moyens, en incitant leurs militants à poser des actes de violence. Ils ont appelé à « faire barrage à ce coup d’État électoral que le Président Ouattara s’apprête à commettre (...) afin que le pouvoir actuel consente à convoquer l’ensemble des forces politiques nationales [pour] trouver des solutions acceptables ».
Visité par la raison, le patron des frontistes a décidé d’adopter une nouvelle posture. De se repentir. Dans ces nouveaux habits, il veut travailler à affermir la paix. « Ces derniers mois, le dialogue politique a démontré un esprit, une envie de l’ensemble de nos partis de trouver en amont de notre prochaine élection présidentielle de 2025, les moyens d’éviter de replonger dans le sang et les larmes. Les points de blocage et de clivage ont été identifiés. La nécessité de créer un environnement plus apaisé est mieux comprise », a-t-il déclaré.
C’est en cela qu’il a salué la démarche du Président de la République, Alassane Ouattara ainsi que celle des différentes familles politiques de « se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir ».
«Nous nous inscrivons dans cette logique. Nous en prenons l’engagement moral devant les Ivoiriens. Je me félicite de sa détermination, réaffirmée il y a dix jours lors de son discours sur l’état de la Nation, de tout faire pour œuvrer à une vraie réconciliation de tous les enfants de ce pays », a-t-il affirmé.
À cet égard, Affi N'Guessan a noté le récent déplacement à La Haye de Claude Sahi Soumahoro, chef de cabinet du Président de la République. Il a formé le vœu que Charles Blé Goudé revienne très prochainement en Côte d’Ivoire et puisse tracer librement son sillon chez lui.
« Nous privilégierons toujours, pour notre part, l’intérêt national sur toute considération purement partisane, sur le désir de revanche ou l’exacerbation de l’ego. Ce sera notre démarche. Plusieurs événements participent déjà de cet apaisement de notre vie politique », a-t-il soulign
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