C’est tout surpris que les dirigeants de ces formations politiques ont reçu la décision rendue de la Cour africaine des Droits de l’Hommes et des Peuples (Cadhp) sur les procédures engagées contre l’ex-président de l’Assemblée nationale, candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue dans six (6) mois. Dans son ordonnance en date du mercredi 22 avril 2020, la Cadhp a enjoint les dirigeants ivoiriens de surseoir au mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro, ainsi que les mandats de dépôt qui maintiennent en détention des proches du président fondateur du mouvement "Générations et Peuples solidaires" (Gps).
Cette décision aura pour conséquence de permettre à Guillaume Soro de recouvrer tous ses droits et de regagner son pays. Idem pour ses partisans détenus qui devront humer à nouveau l’air de la liberté dans les jours et semaines à venir.
Le Rhdp dans le viseur de Guillaume Soro
Indubitablement, le regain d’activité de l’ancien Premier ministre et ses hommes sur la scène politique n’est pas fait pour arranger les probables adversaires qui se profilent à l’horizon. Le retour de Guillaume Soro, candidat à la course à la présidentielle, bouleverse tous les calculs sur l’échiquier politique ivoirien.
Du côté du Rhdp, la décision de la Cadhp n’est pas moins un désaveu contre le pouvoir qui aura empêché, le 21 décembre 2019, par les mesures prises, l’ancien dignitaire de ce parti d’atterrir à Abidjan. Ce qui affaiblit le candidat de ce parti déjà lancé dans les pré-campagnes.
A 48 ans, le plus jeune prétendant au fauteuil présidentiel actuel est l’un des adversaires les plus sérieux, et sûrement le plus farouche et redouté du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (AGC).
Fils du Nord comme le candidat du Rhdp, lex-leader de l’ex-rébellion partage l’électorat de cette partie de la Côte d’Ivoire avec l’actuel chef du gouvernement ivoirien. Avec Guillaume Soro - député de Ferkessédougou- dans l’arène, AGC ne pourrait pas se prévaloir de la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire comme un bastion naturel de l’ex-Rdr dont il fut lun des caciques. Mieux, l’ancien Premier ministre et ex-PAN est plus que jamais dans une posture de revanche contre ses ex-camarades qui l’ont poussé à la démission. Même s’il veut le fauteuil de président de la République, Guillaume Soro a avant tout dans son viseur le Rhdp et ses dirigeants.
Le calcul faussé d’Henri Konan Bédié et le Pdci-Rda
Cependant, le retour probablement en force du président de GPS ne sera pas du mal qu’aux tenants du parti au pouvoir. Ses nouveaux amis, dont Henri Konan Bédié, avec qui il file le parfait idylle présentement, n’en seront pas épargnés.
En effet, les dirigeants du Pdci-Rda, qui ne croyaient pas encore à un retour possible de l’ex-Pan déchu avant les élections à venir, espéraient compter avec le soutien de ce dernier pour affronter le candidat du pouvoir. Jusque-là, les carottes étaient quasi-cuites pour le président de GPS et ses partisans en attente de connaître leur sort final, et le Pdci demeuraient l’alternative fort probable quant à leur participation aux échéances présidentielles à venir. La présence des partis et mouvements pro-Soro dans la Coalition démocratique pour la réconciliation et la paix (CDRP) créée par Henri Konan Bédié en est la parfaite illustration.
Mais, ces calculs sont faussés avec la décision rendue par le Tribunal africain d’Arusha en faveur de l’ancien dirigeant de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci). Un appareil puissant avec lequel Guillaume Soro et son mouvement, GPS, pourraient se lancer à la conquête du pouvoir.
Les cas Gbagbo et Blé Goudé aussi
Avec Guillaume Soro, il faut compter également avec Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ces ex-dirigeants ivoiriens encore en attente de leur sort devant la Cour pénale internationale (Cpi) pourraient rebondir sur la scène politique en Côte d’Ivoire à quelques mois des élections présidentielles. Dans la semaine du 11 au 15 mai prochain, l’ex-président de la République déchu et son dernier ministre de la Jeunesse seront situés sur leur situation, ainsi que leur avenir politique. S’ils sont libérés selon la décision d’acquittement dont ils jouissent depuis le 15 janvier 2019, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pourraient peser lourdement dans la vie politique de leur pays.
A défaut de se lancer dans la course à la présidentielle, ils seront incontestablement des faiseurs de roi, bien évidemment avec le candidat du pouvoir comme adversaire. Le Fpi, parti de Laurent Gbagbo compte participer pleinement à ces élections. Mais, pour le moment, ce parti ne compte que sur son mentor encore en liberté sous condition, en plus de procédures au niveau national qui pourraient réduire ses chances de se lancer dans la course. Pour le moment, le Pdci, dont le président fume le calumet de la paix avec Laurent Gbagbo, caresse certainement le secret de se poser comme alternative.
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