Pour le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), toutes les preuves sont réunies pour refuser à Laurent Gbagbo et Blé Goudé l’acquittement. Car elles démontrent que l’ex-chef d’Etat ivoirien a sa responsabilité dans la commission de crimes contre des civils lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Au deuxième jour de sa présentation, mardi 2 octobre 2018, le substitut du procureur Eric Mcdonald a relevé au vu de ses preuves et des témoignages des généraux, surtout Philippe Mangou, que Laurent Gbagbo « a donné des instructions » et que toutes ses réunions avec les commandants des FDS à la résidence et au palais présidentiels participaient de sa volonté de se maintenir au pouvoir
Il en veut pour preuves les termes utilisés dans les déclarations des généraux ou des ministres de Gbagbo. « Abobo est considéré comme une situation de quasi insécurisé et de menaces de guerre dans laquelle vivent les laborieuses populations (…) », avait déclaré Mangou.
Ce dernier avait aussi affirmé dans une déclaration, que les attaques contre les FDS, « assimilées à des actes de guerre et suivies de lourdes pertes en vie humaine dans leurs rangs, les placent désormais en position de légitime défense. Dès lors, elles se réservent le droit de riposter à partir de maintenant, tout moyen réuni à toutes les attaques d’où qu’elles viendront ».
« Tout moyen réuni, mesdames et messieurs les juges, pour nous se traduit par tous les moyens », a voulu convaincre Eric Mcdonald ».
Le collaborateur de Bensouda a aussi relevé le fait que le refus de Gbagbo de déclarer Abobo zone de guerre a été néfaste aux populations de ladite commune. « Les Fds ont commencé à opérer à Abobo comme si c’était une zone de guerre, et l’entourage immédiat a commencé à traiter cette zone comme telle, en dépit du fait qu’aucune déclaration formelle n’avait jamais été faite….si monsieur Gbagbo voulait protéger les populations d’Abobo, il aurait suivi le conseil de ses généraux et aurait déclaré Abobo zone de guerre », estime Eric Mcdonald, référence faite à Mangou.
Car explique-t-il, « cela aurait mis en alerte la population civile et plus spécifiquement aurait permis à la population civile d’évacuer », citant à nouveau le général Mangou.
L’Accusation a fait référence également à une déclaration d’Ahoua Don Melo qui affirmait, selon le récit du journaliste de la RTI, que « le chef de l’Etat a demandé de renforcer les dispositifs de sécurité afin que dans les plus brefs délais, la population d’Abobo retrouve la paix et la tranquillité en mettant hors d’état de nuire, ces rebelles »
Pour l’Accusation, ce sont là des preuves que les réunions de Gbagbo avec ses généraux n’étaient pas pour de simples réunions d’informations mais obéissait au « plan commun »
« Mesdames et messieurs les juges, il est clair qu’il n’agissait pas là d’une réunion habituelle, bien au contraire comme les preuves le montrent, il s’agissait d’une réunion au cours de laquelle monsieur Gbagbo, monsieur Blé Goudé et leur entourage immédiat ont continué à développer leur plan commun pour maintenir et garder le pouvoir à tout prix », argue Mcdonald.
Il soutient que c’est Gbagbo qui donnait les ordres concernant le déroulement des opérations militaires sur le terrain. Un exemple : « Gbagbo a donné instruction aux généraux de tout faire pour libérer l’axe Maca Abengourou et de ne pas céder Abobo. Rappelez-vous que Gbagbo a donné instructions de s’assurer qu’il n’y ait pas trop de morts. « Gbagbo était parfaitement au courant et il ressort très clairement qu’il donnait des instructions », fait savoir le substitut du procureur.
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