Soupçonné de démence, le témoin Metch Metchro, mis de côté, réagit : " Je ne suis pas fou "
Un fait, pour le moins cocasse, s’est produit au Palais de justice, lors du procès de Simone Gbagbo, mercredi.
Le témoin Metch Methro Harold, à la barre depuis mardi, devait poursuivre son témoignage. A peine est-il appelé à la barre que l’un des avocats de la défense de l’ex-Première dame, Me Dadjé Rodrigue, conteste le témoignage. Il brandit un rapport psychiatrique qui, selon lui, relève des insuffisances mentales du témoin se disant le numéro deux d’une milice sous le régime de l’ancien président, Laurent Gbagbo.
Le rapport en question est issu d’une autre affaire concernant Metch Metchro, dans laquelle il est incriminé. C’est le juge d’instruction du 9ème cabinet qui aurait demandé une consultation psychiatrique du prévenu afin d’être situé sur son état mental. Me Dadjé Rodrigue dit avoir remis le rapport au Parquet pour analyse et souhaite que le témoignage de Metch Metchro soit purement annulé, parce que frappé du sceau d’incrédibilité. Le juge-président tombait des nues. Il demande au témoin s’il est malade. « Non, je ne suis pas malade », répond-il. «Comment sais- tu que tu n’es pas malade ?», demande le juge. «Parce qu’on ne me l’a pas demandé », répond encore, d’un air serein, le témoin.
Des murmures se font entendre dans la salle. Le juge suspend l’audience pour voir clair dans cette affaire. A la reprise, il décide de mettre en suspens le témoignage de Metch Metchro, et ordonne au Parquet de lui trouver le rapport médical en question. Le deuxième témoin de la journée est appelé à la barre. Sanglé dans une ténue de couleur bleue, celui qui se nomme Bocoum Issa se présente devant le juge. Il boîte légèrement et a été obligé de s’asseoir pour faire sa déposition. L’homme révèle avoir aperçu, du troisième étage de son immeuble, des véhicules aux vitres teintées pénétrer dans une église derrière son domicile et décharger des caisses d’armes. De sa position, dit-il, il a vu Simone Gbagbo superviser les opérations. « Elle avait un complet robe et des lunettes noires », révèle ce témoin.
Dans la salle d’audience, les assistants, se regardent. Le témoin ajoute qu’en quittant les lieux, l’ex-Première dame a offert une enveloppe qui contenait de l’argent aux jeunes du quartier. Il a même affirmé que les armes stockées dans l’église se sont retrouvées plus tard entre les mains des jeunes du quartier. «Comment a-t-il su que c’est de l’argent que les jeunes ont reçu ? », interroge un avocat de la Défense. M. Bocoum répond qu’un certain Doudou, militant pro-Gbagbo, le lui a dit, après le départ de Simone Gbagbo. « Il est venu vers moi avec un pistolet et m’a dit que Simone Gbagbo leur a remis 150.000 Fcfa », affirme-t-il.
Ces questions embarrassantes du juge
Le président du tribunal décide de le ”cuisiner”. Il lui demande si, de sa position, il a vraiment vu des kalachnikovs dans les autres caisses. « J’ai vu une kalachnikov dans une caisse. Je crois que dans les autres caisses, il y avait des kalachnikov », soutient-il. Le juge demande si c’est par déduction que le témoin a parlé, étant donné qu’il n’est pas suffisamment clair sur le contenu des autres caisses. Confus, le témoin répond par l’affirmative. Le juge lui dit qu’on ne lui demande pas d’analyser ou de déduire, mais de dire les faits tels qu’il les a vécus. Le témoin a aussi fait cas de ”la bastonnade dont il a été victime” de la part d’hommes en armes, ”des éclats d’obus qu’il a reçus et qui l’ont paralysé des membres inférieurs”, et de sa ”charité envers 500 à 600 personnes qui avaient trouvé refuge chez lui et qu’il nourrissait pendant la crise post-électorale”.
Me Habiba Touré, avocate de la Défense, a demandé à Bocoum Issa la manière dont il s’y prenait pour nourrir autant de personnes, alors qu’il était difficile à Abidjan de s’approvisionner pendant la crise post-électorale. Le témoin indique que ceux qu’il a hébergés sont arrivés à son domicile chacun avec un 1kg de riz. « Ce n’est pas 1kg de riz qu’ils ont mangé pendant deux semaines quand même », relève le juge. « Moi-même, j’avais 4 sacs de riz et j’étais venu du village avec une bâchée d’ignames et de bananes », soutient Bocoum. Les avocats lui demandent si les jeunes à qui les armes ont été distribuées les ont utilisées contre les habitants du quartier. « Non, ils n’ont pas utilisé ces armes contre nous. Ils faisaient des barrages et prenaient 500 Fcfa avec ceux qui étaient des Dioula, 1000 Fcfa avec les étrangers ayant une pièce d’identité et 5000 Fcfa avec ceux qui n’avaient aucune pièce », soutient-il.
Bocoum a été interrogé sur ses activités, vu qu’il a pu héberger entre 500 et 600 personnes. Il a rétorqué qu’il est un responsable de base du Rdr et qu’il est leader de communauté. Pendant la crise post-électorale, il soutient avoir fait ériger des barrages, mais pour se protéger. Les avocats de la Défense ont posé des questions qui revenaient plusieurs fois sous d’autres formulations, pour tenter de démonter le témoignage de Bocoum. Le juge, sans doute fatigué par le fait que le témoin n’apportait aucune information nouvelle, a suspendu l’audience.
in abidjantv
source: l’inter
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