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Politique

Procès de la crise postélectorale : Le Gal Mangou révèle l’origine des ordres

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La Cour pénale internationale (CPI) dans la quête d’éléments de preuves sur l’existence d’un commandement reliant Laurent Gbagbo à l’armée interroge depuis hier le général Philippe Mangou, anciennement patron des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire.

(…) Philippe Mangou : En fonction de la situation, en fonction du terrain, ‘‘Vous pouvez crier au Dmir     ‘’ une mission de reconnaissance d’axe, une mission de destruction d’un élément ennemi, une mission de jalonnement. Donc, cette unité peut remplir les missions que remplissent les unités d’infanteries et autres.

Procureur : Durant la crise postélectorale, qui était à la tête au ‘’Dmir’’ ?

P. M. : Je ne saurais le dire exactement; parce qu’il faut noter que dans l’armée, le chef d’état-major des armées ne descend pas jusqu’à ce niveau. Moi, j’ai trois personnes que je commande, que je connais très bien. Je connais le Général Déto, je connais le Général Aka, je connais l’Amiral Vagba. Et dans le cadre de la crise, je connaissais deux personnes Déto et Konan. Tout ce qui descend, c’est au niveau échelon inférieur. Ça ne révèle pas de la compétence du chef d’état-major des Armées.

Procureur : Donc, vous ne savez pas qui était à la tête du détachement ? Qui était le premier responsable du détachement ?

P.M. : Le premier responsable du détachement, quand j’étais le commandant du théâtre des opérations, c’était Konan Boniface. Konan Boniface nommé comme théâtre, c’est un officier qui a eu le commandement du Dmir et cet officier, je n’ai pas son nom.

Procureur : J’aimerais que l’on spécule maintenant du chef d’état-major particulier du Président durant la crise postélectorale. Premièrement, qui était-il ? Et encore une fois, quel était son nom ?

P. M. : Le chef d’état-major particulier du président de la République, c’était le général Touvoli Bi Zogbo. Le rôle du chef d’état-major particulier, c’est de rendre compte au président de la République de tout ce qui concerne les affaires militaires, la sécurité militaire. Il est un peu le pendant militaire auprès du chef de l’Etat. Il doit avoir d’autres rôles au niveau du palais que je ne maîtrise pas, puisque je n’ai jamais été chef d’état-major particulier.

Procureur : Qu’en est-il du Groupement de sécurité du président de la République (Gspr). Encore une fois, qui était à la tête ? Quel était son rôle toujours durant la crise postélectorale ?

P. M. : Je vais peut-être répondre. Mais, il faut noter que ces éléments n’étaient pas sous la responsabilité directe du chef d’état-major des Armées. Tout ce qui est du côté de la présidence, le chef d’état-major des Armées, n’a pas trop un œil là-dessus. Mais, pour ce que je sais, je crois que celui qui est le commandant du Gspr, c’était feu le colonel-major Ahouman Brouhar. Quel est son rôle ? Comme son nom l’indique, le Gspr, c’est le groupement de sécurité présidentielle. Donc, ce sont des gens qui sont là pour la sécurité du président de la République.

Procureur : On l’a abordé mais je voudrais juste être certain de bien comprendre. Encore une fois durant la crise postélectorale, quels commandants ou généraux se rapportaient à vous ?

P. M. : Pendant la crise postélectorale, j’avais deux personnes sous mes ordres, sur le théâtre des opérations, le capitaine de corvette, de vaisseau-major, Konan Boniface et le Général Déto Léto Firmin.   

Procureur : Et alors que l’armée ou les forces de sécurité ont été réquisitionnées, quels sont les commandants qui se rapportent à vous en ce moment-là ? Qui sont les généraux, commandants, chefs d’unités, chef de corps qui se rapportent à vous ?

P. M. : Alors l’armée réquisitionnée, les éléments, je précise qui étaient sur le théâtre, sont les éléments qui ont été désignés pour la sécurisation d’Abidjan; c’étaient ces deux éléments qui travaillaient sur le terrain. Et j’ai dit que ceux qui n’ont pas été désignés et qui restaient en réserve d’intervention dans les casernes étaient sous la responsabilité de leurs chefs. Donc, du côté des forces terrestres, Déto étant lui-même sur le terrain, il y a son adjoint, colonel Kolobla. Du côté des Forces aériennes, il y a le Général Aka Kodjo Marc. Du côté de la Marine nationale, il y a l’Amiral Vagba. Du côté de la Gendarmerie nationale, il y a le Général Tiapé Kassaraté. Du côté de la Police nationale, il y a le Général Brédou M’Bia. Du côté du Cecos, il y a le Général Guiai Bi Poin. Voici ceux qui étaient avec moi et avec qui nous faisions des rencontres, des réunions de centre opérationnel.

Juge-président : Je voudrais juste une précision. Une question d’éclaircissement monsieur le témoin. Y a-t-il une différence entre la Garde républicaine d’un côté et le Gspr de l’autre, puisque tous deux offrent une sécurité au Président et au Palais présidentiel. Pourquoi des unités différentes ou est-ce plus au moins la même chose ?

P. M. : Vous avez parfaitement raison monsieur le Président. La Garde républicaine, c’est une grande unité qui a ses hommes dont les missions sont la protection du président de la République, les hautes personnalités de l’Etat, les institutions de la République. N’empêche qu’au sein de la Garde républicaine, on peut désigner quelques éléments qui sont bons pour les mettre dans le Groupement de sécurité présidentielle. Ceux-là font la sécurité rapprochée du président de la République. La Garde présidentielle a donc deux camps. Ils peuvent faire des corvées, assurer des camps, désigner des troupes pour rendre les honneurs. Voilà, c’est ce genre de missions. Alors que le Groupement de sécurité, c’est un noyau de personnes choisies souvent pour leurs compétences mais assurent la sécurité physique au plus près du président de la République.

Procureur : Qu’en était-il justement de la Garde républicaine suite à la réquisition ?

P. M. : Suite à la réquisition, elle était requise. Mais elle restait dans son domaine d’action; c’est-à-dire la protection du président de la République, la protection des hautes personnalités de l’Etat, la protection des institutions de la République. Mais, je voudrais signaler que dans les unités qui ont été prélevées, la Garde républicaine a fourni sept personnes abord d’un engin blindé. Et ces unités, si vous voulez, je peux vous les donner, je vous dirai exactement où étaient ces éléments-là.

Procureur : Je vais prendre note. Rassurez-vous, on va y revenir. Vous avez soulevé la question de la réquisition. Je vais vous montrer un document dont il s’agit du CIV OTP 0018087. Et si on pouvait aller plus spécifiquement à la page suivante, 0048. On voit que c’est un journal officiel de décret. Je vous emmène à la page 0048, la colonne de droite. Décret numéro 2010-306 du 14 novembre 2010 portant réquisition des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). Je vais vous demander de lire. Et après, nous irons à la page suivante. C’est la 0049 et mettre fin aux articles 2 et 3. S’agit-il du même décret auquel vous avez fait référence ou la même réquisition ?

P. M. : Non, ce n’est pas le même décret.

Procureur : Cette réquisition, Monsieur Mangou, a également été projetée à la RTI le 17 novembre et lu à la RTI le 17 novembre 2010. Est-ce que vous en rappelé ?

P. M. : Ce décret, il s’agit du décret pour la sécurisation du processus électoral. Il faut noter qu’il y a eu plusieurs décrets. Déjà, évoluant dans le cadre de l’Accord politique de Ouagadougou qui a été signé le 4 mars 2005 par le président Laurent Gbagbo; le Premier ministre, Guillaume Soro ; le président, Blaise Compaoré, facilitateur de l’accord; le Président Laurent Gbagbo lui-même déjà, puisque nous travaillions au niveau du CCI qui est le Centre de commandement intégré. Donc, dans ce centre, nous étions deux chefs d’état-majeur : le Général Bakayoko et le Général Mangou. Avec pour chef du Centre de commandement intégré, le Général Kouakou Nicolas. Donc, déjà dans ce Centre, le président nous a donné une mission par le biais du décret 2007-82 du 16 mars 2007.

Procureur : Nous avons l’accord de Ouagadougou. Mais, il s’agit bien d’un décret présidentiel et il s’agit bien d’une réquisition ? L’armée, les Fanci sont réquisitionnées. Vous confirmez cela ?

P. M. : Je le confirme.

Procureur : Juste pour bien comprendre et s’assurer qu’il ne s’agit pas de la même réquisition à laquelle vous avez fait référence précédemment ou ce matin.

P. M. : Non.

Procureur : Cette réquisition de l’armée, rappelez-vous de la date à laquelle elle a été faite ?

P. M. : Cette réquisition est intervenue le 5 janvier 2011 au cours d’une réunion à la résidence du président de République à Cocody en présence des généraux, du ministre de l’Intérieur M. Emile Guiriélou, du ministre de la Défense M. Alain Dogbou, du Secrétaire général de la présidence, M. Tagro et d’autres personnes. Ce décret a été signé sur place et remis en mains propres aux chefs d’état-major des Armées. Il faut noter que ce décret a été divulgué par voie de presse. Donc, ce n’est pas celui-là.

Procureur : Il s’agit d’une rencontre à la résidence présidentielle. Outre vous-même en votre qualité de chef d’état-major, y avait-il d’autres généraux présents ?

P. M. : Oui.

Procureur : Qui étaient-ils ?

P. M. : Il y avait le Général Kassaraté, le Général Déto, le Général Aka Kodjo Marc, l’Amiral Vagba, le Directeur général de police, le Général Guiai Bi Poin, le Général Dogbo Blé, le colonel major Ahouman plus les personnalités civiles que j’ai citées tout à l’heure.

Procureur : Cette rencontre a eu lieu vers quelle heure ? Voulez-vous nous préciser, s’il vous plaît ? 

P. M. : Oui, cette rencontre a eu lieu le soir aux environs de 21 h 30 mn.

Procureur : Rappelez-vous de la durée ?

P. M. : De la réunion ? Donc, je vais recadrer ça dans le contexte.

Procureur : Non, juste en ce moment. Juste la longueur de la réunion. Le contexte, ne vous inquiétez pas, on va y revenir.

P. M. : Je ne peux vous dire. Je n’ai pas regardé l’heure.

Procureur : Très bien. Durant la crise postélectorale, toujours entre le 28 novembre 2010 et le 11 avril 2011, qui vous donnait vos instructions, ordres, missions ?

P. M. : Le Président Laurent Gbagbo.

Procureur : Je comprends que l’une des fonctions du Président, c’est le chef suprême des Armées.

P. M. : Oui, le Président est le chef suprême des Armées.

Procureur : Et ça, c’est prévu par la Constitution ivoirienne ?

P. M. : Oui, c’est prévu par la Constitution ivoirienne.

Procureur : Durant la crise postélectorale, premièrement, étiez-vous en contact avec lui ? Oui, on a vu que vous aviez donné l’exemple du 5 janvier. Comment communiquiez-vous avec lui ?

P. M. : Deux moyens de communication. Soit le Président me convoquait, soit je demandais à le rencontrer. Mais, souvent les comptes-rendus sont faits au téléphone.

Procureur : Donc, le portable ?

P. M. : D’un côté oui, le portable. Mais, de son côté, j’appelais plutôt sur le fixe à la présidence et on me le passait.

Procureur : Est-ce qu’il vous arrivait de le joindre sur le portable ?

P. M. : Je ne l’ai jamais joint sur son portable.

Procureur : Ces rencontres, ces face-à-face avec M. Gbagbo, pouvez-vous nous indiquer les lieux où vous vous êtes vus durant la crise postélectorale ?

P. M. : Durant la crise postélectorale, j’ai rencontré le 11 mars 2011 aux environs de 16 h 30 mn, 17 h par-là, le président de la République au petit palais de la présidence de la République. Le 10 décembre 2011, je l’ai rencontré au grand palais de la République aux environs de 13 h 30 mn dans son bureau en compagnie de feu le ministre Tagro. Les 24, 25 et 26 par-là, nous lui avons fait un point de situation des généraux sur la situation qui prévalait à Abobo au grand palais de la présidence. Maintenant au niveau de la présidence, il y a eu plusieurs convocations; je ne peux pas vous dire le nombre de fois que nous avons été convoqués.

 

 
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