Les confrontations entre accusés se poursuivent devant la Cour d’Assises d’Abidjan où l’accusé Yoro Tapéko a déclaré, jeudi, se ‘’reconnaître’’ dans les vidéos à charge projetée, du commando qui a ‘’enlevé, séquestré et assassiné’’ trois opérateurs économiques français et un Béninois à l’hôtel Novotel, le 4 avril 2011 à Abidjan-Plateau.
Les vidéos montrent des images d'hommes en armes non identifiables escaladant le mur de la clôture de l'hôtel Novotel ainsi que des véhicules suivis d'un commentaire du journaliste reporter qui a fixé les images.
‘’Nous venons donc de voir les différentes vidéos, nous pouvons donc reprendre les débats’’, instruit le juge-président Mourlaye Sissoko à la fin de la projection.
Me Olivier Sur, pour la partie civile ouvre les débats en interrogeant Yoro Tapéko s'il se reconnaît dans la projection vidéo. Fondant encore en larmes, comme lors de la précédente audience et implorant le ‘’pardon’’ de la Cour, l'accusé répond par l’affirmative.
Il reconnaît, également, avoir ‘’escaladé’’ la clôture du complexe hôtelier et confirme avoir ‘’attaché un tricot treillis sur la tête’’ le jour des faits. Cependant, Yoro Tapéko ajoute, aussitôt, ‘’ne pas reconnaître une autre personne parmi les accusés’’.
‘’Ce serait du mensonge de ma part en disant que je reconnais un des accusés dans le film’’, explique l’accusé. ‘’Je me reconnais moi-même. Je ne reconnais personne d'autres sur la vidéo’’, persiste l'accusé, face aux questions de l'avocat qui le harcèle presque.
Devant l’acharnement de Me Olivier Sur sur l’accusé, le président Sissoko l’interrompt lui reprochant de ‘’vouloir faire dire à l'interrogé ce qu'il veut entendre et avoir’’.
A son tour de confrontation, le commissaire Osée Logué déclare ‘’ne s'être jamais rendu à l'hôtel’’, encore moins ‘’reconnaître un des accusés dans le film’’. Il en est de même pour le colonel Modi Okou qui soutient lui aussi ‘’ne s'être jamais rendu à un tel endroit’’ au plus fort de la crise postélectorale.
Dans la même dynamique, des photos sont présentées par l’Huissier audiencier à Yoro Tapéko, à la requête du Parquet général. ‘’Est-ce que vous reconnaissez le Colonel Modi Okou et le commissaire Osée Logué sur la photo ?’’, interroge l'avocat général.
‘’Je ne reconnais personne sur la photo’’, signe Yoro Tapéko à la barre. Dans le registre, le colonel Modi, après avoir visualisé les photos et interrogé, déclare ne pas ‘’du tout se reconnaître dans ces photos’’.
Quant à la Défense, elle dénonce la diffusion d'une vidéo autre que celle versée au dossier de l'Accusation.
‘’ Mme le doyen des juges nous a présenté une vidéo des images filmées par les caméras de l'hôtel et non des images fixées par des journalistes français. Nous sommes surpris par la fausse pièce que nous présente le Parquet général’’, flétrit Me Gohi Bi qui exige que ‘’soient diffusées les vraies images’’ versées au dossier. Il est suivi par le juge qui ordonne la ‘’diffusion’’ desdites images vidéos.
Cette vidéo de piètre qualité dont les images ont été fixées par les caméras de surveillance de l'hôtel Novotel montrent des images quasi muettes des mouvements d'hommes en armes qui circulent dans les couloirs, ou des images de couloirs vides…
Aucune des séquences vidéo visionnées ne permet d'identifier formellement ces hommes en armes. Après plus de 30 minutes de vidéos muettes, Yoro Tapéko est rappelé à la barre par le juge qui le ‘’livre’’ à la partie civile qui insiste ses propos antérieurs.
‘’Je reconnais l'entrée de l’hôtel et je sais le rôle que j'avais joué. J'apparais à de nombreuses séquences de la vidéo. Je peux même commenter la vidéo’’, avoue, avec fierté, l'accusé Tapéko.
Tour à tour les accusés Koffi Houphouët Félix, Osée Logué et Dogbo Blé Brunot ont martélé à la barre qu’ils ne se ‘’reconnaissent pas dans les vidéos projetées et ne reconnaissent personne’’ aux questions de Me Sur.
‘’Je ne n'ai envoyé personne à une telle mission. Je ne connais même pas les personnes sur les images projetées’’, se défend Dogbo Blé avant la suspension de l’audience par le président Mourlaye Sissoko, pour être reprise le mardi 14 mars avec les témoins de l’accusation dont la liste a été communiquée par le parquet général.
Huit militaires dont le général Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine et deux civils sont poursuivis en assises, pour avoir non seulement «enlevé» le 4 avril 2011, à l'hôtel Novotel au Plateau, mais aussi «séquestré et assassiné», l'opérateur économique français Yves Lambellin, ainsi que le directeur de l'hôtel Novotel d'Abidjan, Stéphane Frantz Di Rippel, le Béninois Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général de l'entreprise Sania, filiale du groupe Sifca.
HS/ls/APA
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