Il n'est pas allé de main morte pour tirer à boulet rouge sur ceux qui, dit-il, critiquent les décisions de Justice sans prendre le soin de les lire. Après avoir lu, le mercredi 23 janvier 2019, la décision de rejet des requêtes introduites contre l'élection des maires Jean-Louis Moulot de Grand-Bassam, Dr Emmou de Port-Bouet, Stéphane Gbeuly de Daloa, les maires de Rubino, Booko, le juge-président s'est prêté à un exercice de recadrage de ceux qui s'en prennent aux décisions de justice. Nous vous proposons un large extrait de son intervention.
"J'espère qu'il n'y aura pas encore de requête en rétractation. L'accueil qui a été fait quelquefois à nos arrêts nous a surpris. Ça a créé la hargne de quelques politiciens et de pseudos juristes. Nous ne statuons pas sur la base d'éléments politiques. Nous statuons sur la base de considérations purement juridiques. Ce qui nous importe, ce sont les considérations juridiques. Ce qui nous guide, c'est la loi. La règle de droit. Nous confrontons les dossiers qui nous sont soumis. On ne s' auto-saisit pas. Ce sont les gens qui nous saisissent. Quand les gens nous saisissent, on est obligé de statuer. Et nous statuons à partir des dossiers. Si votre dossier est d'une vacuité sahélienne, ça ne vaut pas la peine de demander aux juges de trouver des solutions. C'est votre dossier que nous confrontons à la réalité de la loi. Si le dossier est vide, soit la requête sera déclarée irrecevable, soit elle sera rejetée. Donc nos arrêts sont disponibles. Il est loisible à chacun de les critiquer. Mais il faut croire qu'il y a un problème d'honnêteté intellectuelle. Certaines personnes, avant de critiquer nos arrêts, commencent par donner une présentation tronquée. Ce n'est pas acceptable. Il y a un problème d'honnêteté intellectuelle. Peut-être que le niveau de nos arrêts est trop haut pour des esprits trop pressés ou profanes. Parce que ceux qui s'y refusent ont tord. Mais ceux qui ont pris le temps de les lire, par delà la lecture critique de nos arrêts, ils apprendront beaucoup de choses. Je précise aussi que le contentieux électoral, pour tous ces ignorants qui se prennent pour des juristes patentés et qui critiquent nos arrêts sans en connaître les choses, à des spécificités. Ce n'est pas le recours pour excès de pouvoir. Toute irrégularité n'entraîne pas une annulation. Une irrégularité qui n'a pas d'influence sur un scrutin sera absoute. Le juge vérifie à chaque fois, quelle est l'influence de cette irrégularité. Et je précise que le juge électoral qu'est la Chambre administrative, lorsqu'elle statue, elle statue selon les normes de tous les juges électoraux du monde. Et le juge électoral, son rôle n'est pas d'apprécier de la régularité des élections. Son rôle, sa mission, c'est de vérifier si les griefs articulés par le protestataire sont fondés. Si le protestataire n'arrive pas à prouver les bons griefs, n'arrive pas à soulever de bons griefs, ce n'est pas au juge d'aller trouver les griefs. Donc avant de critiquer les griefs, il faut prendre le temps de les lire".
Faut-il préciser, les juges de la Chambre administrative de la Cour suprême ont infligé des amendes de un million de f cfa à MM. Moulot et N'gouan Aka, ancien maire de Cocody. Qui, on se rappelle, ont introduit des recours en annulation de la première décision des juges, relativement au 1er tour des municipales dans leur circonscription électorale respective".
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