Reprise du procès Gbagbo : Un militaire confirme des tirs d’obus à Abobo et accable les accusés

Le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé a repris ce matin, lundi 19 juin 2017, à la Cour Pénale Internationale (CPI), après une longue pause. Ayant pris le procès en cours, nous n’avons pas le nom du témoin qui est un militaire en fonction au Bataillon d’artillerie sol-air (Basa), chef des pièces. Cet homme ne rentrait pas dans le système du pouvoir Gbagbo, à en croire son témoignage. Il a expliqué comment les patriotes agissaient au Basa, l’origine des orgues de Staline, les dégâts des armes lourdes sur les populations, les missions du 3 mars à Abobo.

En ce qui concerne le recrutement des jeunes patriotes en 2002-2003 dans l’armée, il dira que « Blé Goudé est mieux placé pour parler des patriotes car c’était ses hommes ». Parmi ces recrues, « c’était rare de trouver des gens du nord. Il y a avait des guéré, des bété, des kroumen, des gens du sud, quelques rares fois de personnes qui étaient de l’est ».

Selon le témoin, ces jeunes patriotes recrutés n’obéissaient pas aux ordres de leurs formateurs. « Ils faisaient ce qu’ils voulaient, il n’y avait pas de moyens de les sanctionner. Ils refusaient de respecter les ordres, et menacent qu’ils vont appeler ce qu’ils appellent là-haut. Ce qu’ils demandent, c’est ce qui est fait, il n’y a pas de possibilité. Ils étaient plus écoutés que nous-mêmes, ils étaient écoutés par le commandement basa. Soit vous obéissez sinon vous mettez votre carrière en danger… », a affirmé le témoin.

Concernant les armements, il a déclaré que le Basa disposait des orgues de Staline, des mortiers 120 mm, artillerie sol-sol et non sol air, 12,7, AK, ZU 23. « Les orgues de Staline venaient de la Russie. Ils ont été acquis entre 2002 et 2003. Je crois qu’elles viennent de la Russie parce que les formateurs qui sont venus nous former étaient des ruses ». Un professeur d’université d’Abidjan servait d’interprète à ce sujet.

Le militaire a parlé des opérations menées par le Basa sur Abobo lors de la crise post-électorale, notamment le 3 mars. « Le 3 mars, on devait aller à Abobo. La mission était le bombardement du rond-point de la mairie d’Abobo et N’dotro ». Il n’a pas participé à cette mission parce qu’accusé de collaboration avec le Golf où étaient retranchés Ouattara et ses forces, il a été jeté en prison par le commandant de la Basa. Le témoin a relevé la mission a échoué parce que selon les informations qui lui sont parvenues dans sa prison, les obus tirés par le mortier de 120 mm sont tombés dans le périmètre du centre SOS, au marché d’Abobo. Pour lui, l’utilisation de cette arme lourde visait « une destruction plus ou moins massive » parce que « les éclats partent jusqu’à 300m de rayon et 600m de diamètre ».