L’opération de la Révision des Listes électorales (RLE) ordonnée du 18 au 24 juin 2018 par le régime Ouattara a échoué. Les populations de Côte d’Ivoire ont massivement boudé cette opération initiée et soutenue à grand renfort de propagande dans les médias d’Etat. Nonobstant le déploiement d’énergie du gouvernement mis en vacance, dirait-on, pour envahir toutes les contrées du pays afin d’appeler les populations à l’aide, rien n’y a fait. A la date de clôture du 24 juin 2018 au soir, le taux de participation oscille entre 6 et 9% du nombre de pétitionnaires attendus. L’échec de l’opération de la Révision des Listes électorales (RLE) s’explique par plusieurs facteurs dont le principal demeure le mot d’ordre de boycott du FPI et de ses alliés d’EDS.
L’objectif théorique de 3.000.000 d’enrôlés qui amènerait à doubler le nombre d’inscrits aux élections pour espérer donner à la Côte d’Ivoire un vernis de vitalité démocratique vu de l’extérieur, s’en trouve ainsi contrarié. Pris de panique après les deux premiers jours pendant lesquels les lieux d’enrôlement bruissaient d’un silence de cimetière et les agents commis à l’opération se tournaient les pouces sous le regard amusé des badauds, le régime, comme on à son habitude, a entrepris le convoyage du bétail électoral pour procéder à des inscriptions de personnes dans des lieux soigneusement choisis aux alentours des villes et agglomérations où le régime se croyait à couvert. Tel a été le cas à Jacqueville, Duékoué, Alépé, Treichville, Tiapoum, au Plateau et dans la Région du Tonkpi.
Cette opération non-orthodoxe à grande échelle est la preuve patente de l’échec de l’opération d’enrôlement du 18 au 24 juin 2018 qui dévoie la RLE qui est une opération permanente d’inscription sur la liste électorale des Ivoiriens remplissant les conditions de participation aux élections qui est le moyen par excellence de la participation des populations à la gestion des affaires de l’Etat. De façon prioritaire, la liste électorale est alimentée par le recensement général duquel sont précomptés les nouveaux majeurs chaque année et sont extraits les personnes décédées et celles ayant perdu leurs droits civiques.
Vu sous cet angle, il s’agit d’une opération administrative qui ne devrait susciter aucune émotion. Aussi, la révision ne pouvait-elle être l’objet de spéculation. Autrement, si l’on n’est pas animé d’une intention de s’adonner à des inscriptions frauduleuses qui trouvent leur essence dans la manipulation des paramètres d’établissement de la liste électorale, d’où vient-il qu’on puisse prédire le doublement de la population électorale à l’approche d’élections dont les dates ont été décidées dans la précipitation ?
Au premier chef, le refus de la réforme de la CEI est un facteur évident de suspicion. En effet, la loi sur la CEI est claire, c’est la perception qu’en a le régime qui est étonnante. Comment peut-on faire admettre qu’un texte qui a été fait à dessein, pour ne pas être interprété, peut avoir une interprétation aux antipodes du bon sens ?
En effet, le mandat du Président de la CEI est d’une durée de six ans et il est non renouvelable. Aussi, refuser d’observer les prescriptions des textes législatifs et règlementaires, c’est refuser la démarche démocratique. Comme si cela ne suffisait pas, le régime met en avant des conditions difficiles à remplir comme le fait de disposer de pièces administratives que le gouvernement produit parcimonieusement. C’est cette addiction à la fraude qui a amené les populations de Côte d’Ivoire à :
- Adhérer au mot d’ordre du FPI et d’EDS,
- Espérer que le changement souhaité par l’opposition advienne rapidement.
Le PDCI et la société civile, comme EDS, revendiquent la réforme de la CEI et un nouveau découpage électoral ainsi qu’un environnement politique apaisé. Tout cela, le régime dont l’influence se réduit comme peau de chagrin, n’en a cure. Il ne veut pas changer les méthodes qui lui ont réussi jusqu’à présent et auxquelles le FPI s’engage à mettre fin. Aujourd’hui, les coalisés d’hier ne se privent pas de se dénoncer les fraudes. Au Plateau, les clameurs qui s’élèvent s’apparentent aux cris de l’opposition qui crie au loup et pourtant ce sont les cris des amis d’hier qui s’éveillent progressivement à la triste réalité. L’administration préfectorale, après l’intermède des revendications corporatistes qui ont marqué la nation, se range à son éternelle soumission, en se compromettant avec les basses manœuvres de corruption morale dégradante.
Nous attendons, pour notre part, que la CEI nous donne les résultats de sa recette. Toutefois, les régions du Nord n’ont pas semblé être concernées par la période du 18 au 24 juin 2018. Il nous faudra en rechercher les explications.
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