Dans un communiqué publié lundi 28 janvier 2019 et disponible sur son site officiel, Amnesty international dénonce la «répression des voix critiques mettant la liberté d'expression à rude épreuve en Côte d'Ivoire»
« Les autorités ivoiriennes doivent abandonner les poursuites judiciaires contre des activistes et opposants et immédiatement libérer les personnes arbitrairement arrêtées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », a déclaré Amnesty International à la veille du procès d’un député accusé de diffusion de fausse publication et incitation à la révolte.
Le député Alain Lobognon jugé ce 29 janvier 2019. L’activiste Daleba Nahounou, secrétaire général par intérim de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire (Cici) est pour sa part convoqué aujourd’hui par un juge, et finalement inculpé pour diffusion de fausse nouvelle mais n’a pas été incarcéré. Un autre activiste en ligne, Soro Tangboho alias Carton Noir, avait subi des actes de torture infligés par des agents de police, et est détenu depuis près de trois mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour trouble à l’ordre public.«Les arrestations arbitraires et le harcèlement judiciaire des activistes et opposants ne visent qu’à museler les voix dissidentes dans un pays qui sort à peine d’élections locales émaillées de violences» a déclaré Kiné Fatim Diop, chargée de Campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.« Les violations de la liberté d’expression risquent non seulement de fragiliser la paix sociale, mais aussi d’entraver le droit à l’accès et à la libre diffusion d’informations dans un contexte politique tendu à un an de l’élection présidentielle. Les autorités doivent abandonner les poursuites contre Alain Lobognon et Soro Tangboho, et les libérer immédiatement et sans condition».
Le député Alain Lobognon, proche du président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, avait publié le 9 janvier dernier sur les réseaux sociaux une information selon laquelle le procureur avait ordonné l’arrestation d’un autre député, Jacques Ehouo.
Au cours d’une conférence de presse, le procureur avait démenti l’information publiée par Lobognon qui sera convoqué et auditionné. Il sera accusé de «diffusion de fausse publication à partir des réseaux sociaux et incitation à la révolte». Il sera transféré le 15 janvier à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Bien qu’Alain Lobognon soit protégé par son immunité parlementaire, le procureur avait ordonné son arrestation en vertu d’un article de la Constitution qui permet de juger un député en flagrant délit. Si Lobognon est jugé coupable demain, il risque une condamnation à une peine comprise entre un et cinq ans de prison.
Ce procès s’inscrit dans la vague de répression visant les activistes depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire. Le 8 novembre dernier l’activiste en ligne Soro Tangboho alias Carton Noir avait été arrêté de façon arbitraire dans la ville de Korogho au nord du pays.
Il a été soumis à des actes de torture et des mauvais traitements pour avoir filmé en direct sur Facebook des agents de police qui, selon lui, rackettaient des automobilistes. Il a été battu dans les locaux du commissariat de police de Korhogo. Après avoir passé deux nuits au commissariat, il a été transféré dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (Dst) où, la première nuit de sa détention, il a dormi menotté dans le dos.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article