Adjoumani Kouassi Kobenan, porte-parole principal du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix ( Rhdp), et d’autres « répondeurs » circonstanciels, dont Joël N’Guessan, vice-président du Rassemblement des républicains (Rdr), Adama Bictogo, député d’Agboville, également vice-président du parti présidentiel, se sont littéralement coupés la langue, face aux sorties tonitruantes de Guillaume Soro, l’ancien chef du Parlement ivoirien, contre Alassane Ouattara et le Rhdp. Avec eux, toutes les autres figures de proue du parti font profil bas face à Soro.
Alors qu’ils avaient beaucoup à répondre à l’ancien vice-président du Rassemblement des républicains ( Rdr), qui a entrepris, depuis sa démission, le vendredi 8 février 2019, de l’Assemblée nationale, « déconstruire » le Rhdp et son président, c’est un silence radio total du côté du « haut-parleur » du Rhdp, Kouassi Kobenan Adjoumani. Adama Bictogo, qui a réclamé à Soro le « tabouret », et Joël N’Guessan, chargé des répliques foudroyantes, se sont quasiment ballonnés.
Une attitude pour le moins assourdissante dans le milieu politique en Côte d’Ivoire. Depuis sa démission forcée, selon lui, du perchoir, Guillaume Soro donne de la voix, avec une tonalité très acide contre le chef de l’État, président du Rhdp. Le nouvel opposant politique use à satiété de sa liberté de parole et de son indépendance d’esprit, pour dire un certain nombre de choses qui, manifestement, mettent à mal le Rhdp, son président Alassane Ouattara et les principaux animateurs de cette nouvelle formation politique. Guillaume Soro assaille de critiques, Alassane Ouattara, sans que Adjoumani Kobena, Adama Bictogo, Joël N’Guessan ou encore Touré Mamadou ne réagissent. Qu’est-ce qui peut bien expliquer une telle attitude de leur part ? Eux qui étaient aux aguets de tous les discours en opposition à leur politique, à commencer par ceux de Bédié, l’ex-allié. Leurs répliques ou réactions étaient immédiates voire systématiques à toutes les contradictions, y compris, quelquefois, dans la résidence du président du Pdci.
Dans l’entourage du ministre des Ressources animales et halieutiques et au sein du Rhdp, on estime qu’on « ne veut pas ajouter du feu au feu ». Certains avancent que ce silence est plutôt stratégique. « On a fait le choix de laisser Soro épuiser ses munitions. Et lorsqu’il va s’user, c’est à ce moment-là que nous allons lui porter le tocsin », nous a confié un proche d’Adjoumani, qui a requis l’anonymat. Mais un politologue, que nous avons interrogé, développe une autre explication qui tranche avec celle avancée par les proches du porte-parole Adjoumani. Notre interlocuteur estime que ce « silence résulte d’une peur bleue de la part des gens qui ont été pris au dépourvu par cette démission de Soro ». Surtout que cette démission va immanquablement donné lieu à une recomposition du paysage politique ivoirien. Le silence de ces hauts cadres du Rhdp pourrait, selon notre source, résulter « d’une expression de panique dans le camp du Rhdp unifié ». Pour lui, « ne sachant pas de quoi demain sera fait, et ce que les prochains mois pourraient réserver, certains thuriféraires du Rhdp préfèrent rentrer dans leur coquille et observer la direction du vent ».
Le chef de l’État, qui espère que son ancien Premier ministre reviendra à la maison, a indiqué « que Soro est son fils. Un fils un peu rebelle, il lui faut du temps pour s’assagir ». Le silence vis-à-vis des déclarations de l’ancien chef rebelle de 2002, pourrait aussi trouver sa justification dans cette déclaration du président Ouattara. Mais, pour ce politologue, « Soro Guillaume fait peur. Il intrigue ses ex-alliés. Il garde son influence, et les gens ne veulent pas prendre de risques vis-à-vis de lui. Il détient, sur chacun, des secrets...C’est pourquoi, ils font profile bas ». Un sociologue estime, pour sa part, que l’attitude d’Adjoumani et des autres cadres du Rhdp épouse la position du président du Rhdp, Alassane Ouattara. Celle de laisser le temps à Soro « de s’assagir ». Mais, Soro Guillaume, qui refuse de s’ostraciser sur la scène confortable du Palais présidentiel, met à profit son indépendance de parole et d'action, pour malmener ses alliés d’hier.
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