Le banquier franco-ivoirien bouté hors de Credit Suisse pourrait-il décider de changer de terrain de jeu et passer à la politique? Attentes et avis
«J’espère qu’il n’est pas tenté par ce à quoi on pense tous ????????????», dit l’un. «En tout cas moi il m’inspire, donc s’il veut venir il a tout mon soutien ????????», lui répond l’autre. «Mais c’est risqué en ce moment», répond le premier.
Ça bavarde sec sur Facebook, où coexistent depuis longtemps plusieurs pages de soutien au banquier franco-ivoirien: Les amis de Tidjane Thiam, Le fan-club de Tidjane Thiam, Génération Tidjane Thiam ou encore Tidjane Thiam Horizon 2020...
Toutes sont enthousiastes, organisant des sondages sur la popularité du banquier franco-ivoirien, qui a fait une carrière unanimement reconnue, saluent son charisme, l'encouragent à revenir.
Aucune ne dépasse les quelques milliers d’abonnés.
«Ce à quoi on pense tous», c’est l’élection du 31 octobre prochain. Le président en exercice, Alassane Ouattara, entretient le doute sur sa candidature, et les grandes manœuvres ont déjà commencé entre les concurrents habituels: Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Charles Blé Goudé, et Guillaume Soro, qui dominent toujours la vie politique du pays déchiré il y a dix ans par une guerre civile. Une figure charismatique issue de la diaspora pourrait-elle renouveler la donne? D’autant que Tidjane Thiam est aussi le neveu du premier président de la Côte d'Ivoire indépendante, Félix Houphoüet-Boigny.
Tidjane Thiam partirait en retard dans la course, et son absence du pays depuis 1999 serait probablement un handicap, mais «il peut se targuer de s’être tenu loin des querelles politiques de ces dernières années. Et son profil de technocrate relativement jeune (56 ans) peut en faire un joker pour un Parti démocratique en quête de rajeunissement», écrit l’agence APR. Henri Konan Bédié, dont Tidjane Thiam fut le ministre au Plan, de 1998 jusqu’au coup d’Etat militaire de 1999, a tout de même 85 ans.
«Thiam», nom à consonance sénégalaise
Y a-t-il des exemples réussis de retours d’enfants prodigues au pays?
«Alassane Ouattara lui-même est un ancien haut fonctionnaire du FMI, rappelle Didier Péclard, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, et responsable du master en études africaines au Global Studies Institute. Il insiste depuis son élection sur ses capacités techniques, le démarrage économique. Mais l’ivoirité reste un thème.»
L’ivoirité, cette «préférence nationale» à la mode ivoirienne.
Elle a valu à Alassane Ouattara, en partie d’origine burkinabé, d’être interdit d’élection, et d’avoir finalement assis sa légitimité grâce à la communauté internationale, après des violences qui ont fait plus de 3000 morts à l’époque.
«Dix ans plus tard, le sentiment domine toujours que Ouattara a été imposé de l’étranger, explique Mathias Hounkpè, politologue au bureau dakarois de l’Open Society Initiative for West Africa, il n’a pas réussi à faire disparaître ces reproches. Or, rien que le nom de Thiam, typiquement sénégalais, rend sa candidature difficile à envisager, les Ivoiriens ne sont pas prêts. Enfin, le PDCI a déjà de nombreux seconds couteaux…»
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