Qui sont les juges du procès Gbagbo-blé Goudé ? Ivoire Justice met en lumière ceux qui ont entre leurs mains le sort de l'ancien président de la Côte d'Ivoire et de son ancien ministre de la jeunesse.
Olga Venecia del C. Herrera-Carbuccia (République Dominicaine)
La juge Herrera-Carbuccia est née en 1956 en République Dominicaine. Elue pour un mandat de neuf ans comme tous les juges de la CPI, elle y officie depuis mars 2012 et siège actuellement en première instance. Elle fait partie des six femmes juges que compte actuellement la Cour. Olga Herrera-Carbuccia a obtenu un doctorat en droit à l'Université de Saint Domingue. La plus grande partie de son parcours s’est ensuite déroulée en République Dominicaine. Elle y a travaillé trente années dans le domaine du droit pénal en tant que procureure et juge.
Elle a notamment été juge à la Cour d’appel de Saint Domingue pendant onze ans. De 2003 jusqu’à son arrivée aux Pays-Bas, elle était présidente de la Chambre pénale de cette même juridiction. Avant d’œuvrer à la CPI, la juge Herrera-Carbuccia a mis ses compétences en application dans de nombreux domaines : droit pénal, protection des droits de l'Homme, question des mauvais traitements infligés aux femmes et aux enfants, poursuite des crimes à caractère sexuel, criminalité liée à la drogue ou au blanchiment d’argent… Son expérience juridique est doublée d’une carrière dans l’enseignement à l'Université Pedro Henríquez Ureña dont elle a été doyenne pendant neuf ans.
En 2003, elle a reçu des mains du Président de la République Dominicaine, la médaille du mérite féminin pour ses actions dans le droit et la justice. Olga Herrera-Carbuccia est reconnue pour ses implications et son indépendance. Dans l’affaire du vice-président kenyan William Ruto et de Joseph arap Sang, finalement ajournée par la procureure de la CPI faute de preuves, elle avait affiché un avis divergent à celui de ses deux confrères, affirmant que Ruto aurait pu être traduit en justice.
Elle a également été juge dans l’affaire Lubanga. A ce titre, elle est actuellement associée, avec deux autres juges, aux réflexions sur les premières réparations de la CPI accordées aux victimes de crimes reconnus par la Cour. Les décisions qui seront prises concernant ces réparations auront un impact important sur la future juridiction de la Cour.
Cuno Jakob Tarfusser (Italie)
Le juge italien Cuno Jakob Tarfusser est entré en fonction à la CPI en mars 2009. Il en a été vice-président de 2012 à 2015. En mars 2015, il s’est présenté à la présidence de la CPI, mais c’est finalement Silvia Fernandez de Gurmendi qui l’a obtenue, à une voix près. Actuellement président de la Chambre de première instance, il est le juge-président du procès Gbagbo-Blé Goudé. Il est également juge-président dans l’affaire du Malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi, poursuivi pour la destruction des mausolées de Tombouctou et condamné fin septembre, c’est une première, pour crimes de guerre contre le patrimoine mondial de l’humanité.
Lorsque Cuno Tarfusser a rejoint la CPI, il avait derrière lui une longue et brillante expérience de magistrat et d’enseignant en Italie. Né en 1954 à Merano, il a obtenu son diplôme de droit en Autriche et son doctorat à l'Université de Padoue en Italie. Avant d’arriver à La Haye, il a exercé vingt-quatre ans au Tribunal de grande instance de Bolzano (1985 à 2009).
D’abord procureur adjoint puis procureur général, il a été en charge de milliers d’enquêtes et procès relatifs à l’exploitation et à la maltraitance des enfants, aux crimes contre la personne, au terrorisme et à la corruption, à la criminalité organisée, aux crimes contre l’administration publique… Sous sa direction, les méthodes de travail de cette juridiction italienne ont été restructurées, et le modèle d’organisation qu’il a mis en place est aujourd’hui considéré comme la référence du système d'administration judiciaire de son pays.
Il participe régulièrement à des conférences et des séminaires pour partager son expertise sur la gestion des tribunaux et sur le droit pénal international. Ses décisions sont souvent citées par des universitaires et des spécialistes de ces domaines. Tarfusser est un juge influent à la CPI. Il a par exemple fait partie des juges qui ont demandé à la procureure, Fatou Bensouda, de reconsidérer sa décision de ne pas enquêter sur la flottille de Gaza en mai 2010.
En sept ans d’exercice à La Haye, il a émis beaucoup de mandats d’arrêt et suivi de très nombreuses affaires : Jean-Pierre Bemba, Uhuru Kenyatta, Dominic Ongwen, Ahmad Al Bashir, Bosco Ntaganda, Joseph Kony et Vincent Otti…
Geoffrey A. Henderson (Trinité-et-Tobago)
Elu en 2013, Geoffrey Henderson est entré en fonction à la CPI en février 2014. Il avait alors 53 ans et très peu d’expérience dans le domaine de la justice internationale et des droits de l’Homme. Il a été élu suite à la démission du juge Anthony Carmona, ce dernier ayant quitté la Cour pénale internationale pour assumer la fonction de Président de la Trinité-et-Tobago.
Geoffrey Henderson exerce à la chambre de première instance, où il est juge dans l’affaire de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Né à Trinité-et-Tobago, Etat insulaire des Caraïbes situé dans la mer des Antilles au large du Venezuela, Geoffrey Henderson a d’abord passé sa carrière de procureur (pendant dix-neuf ans) et de juge (pendant cinq ans) dans le système de justice de son pays. Il a rejoint le ministère des Affaires publiques de Trinité-et-Tobago en 1990.
D’abord procureur d’Etat, il a ensuite été promu à plusieurs postes avant d’être nommé directeur de ce ministère en 2002. Avant de rejoindre la CPI à La Haye, il siégeait à la chambre correctionnelle de la Haute Cour de justice de son pays en tant que juge de première instance où il avait été nommé en 2009. Geoffrey Henderson est diplômé de l’université de West Indies, licencié en arts et en droit. Il a également obtenu un certificat d’éducation juridique de la faculté de droit de Sir Hugh Wooding Law School à la Trinité où il a été professeur associé et a participé à des ateliers de formation pour les procureurs.
Il a aussi présidé un comité de direction chargé de la mise en place d’un projet pilote établissant un tribunal pour le traitement de la toxicomanie dans son pays.
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