Lettre ouverte Jean-Yves Esso, du Bureau Politique du PDCI au président Ouattara, suite à son investiture le 22 août 2020 par le RHDP.
Excellence Monsieur le Président,
Nous vous adressons à nouveau cette énième Lettre Ouverte, et nous n’aurons de cesse de le faire, afin que certaines choses soient clairement dites.
Elles pourront ainsi être un témoignage pour la postérité, dans l’histoire de notre pays.
Malgré les plaintes de l’opposition face à la grande fraude électorale qui pointe à l’horizon en préparation de la présidentielle d’octobre 2020, nous n’étions qu’au stade de la bataille juridique et de la guerre de communication.
Vous aviez deux portes de sorties de l’histoire politique de notre pays, l’une par la repentance et le pardon pour les fautes commises durant votre cheminement vers la Magistrature Suprême et durant vos deux mandatures, et l’autre par l’endurcissement, tel Pharaon, en allant vers un affrontement certain.
Tel le roi de Claudel dans « le Soulier de satin » vous vous complaisez, dans le désastre de votre flotte, au rôle de victime, autant que vous eûtes aimé celui de bourreau si vous aviez pu clouer le révolté à son rocher.
Excellence Monsieur le Président,
Votre investiture est un cataclysme dans l’histoire politique de notre pays…
Sans remettre en cause le sérieux de votre stratégie de conservation du pouvoir, soyez conscient que grande est la part de la pure bouffonnerie dans votre entourage.
Tous ces hommes et ces femmes qui vous encouragent, dans une babouinerie post- cataclysmique, à foncer tête baissée dans le mur de la honte, le font essentiellement pour sauvegarder leurs propres et uniques intérêts. Ils ont, en réalité, une piètre opinion d’un chef qui les infantilise et les traite d’incapables..
Excellence Monsieur le Président,
Malgré les plaintes de l’opposition disions nous donc, le stade de la violence physique n’avait jamais été atteint.
Dès l’annonce à la nation, le 6 aout 2020, de votre volonté manifeste de violer notre Loi Fondamentale, le peuple a commencé à manifester, à mains nues, dans la rue. Il s’en est suivi des bastonnades et autres brimades.
Il y a eu des morts…
Excellence Monsieur le Président,
La vie a été sauvagement ôtée à certains de vos concitoyens, tout simplement parce qu’ils ne voulaient plus vous voir piétiner la Constitution de notre pays.
Puissent leurs esprits et leurs âmes séjourner un instant sur terre, autour de vous, avant de s’élever vers leur paradis Céleste, afin de venir vous poser, en choeur, la question que tout le monde se pose actuellement en Côte d’Ivoire et partout dans le monde : « Pourquoi? »
Pourquoi tant de haine? Pourquoi tant de mépris ?Pourquoi tant de condescendance ?
Pourquoi tant de suffisance ?
Pourquoi tant d’intolérance ?
Pourquoi tant de gâchis ?
Hélas, mille fois hélas. Quel gâchis !
Pensez vous que le remplissage timide d’un stade par une horde de personnes venues de l’unique Nord en grande majorité, certes ivoiriens comme nous autres peut-être, mais pas les seuls représentants de notre nation Une et Indivisible, suffirait à masquer cette immense forfaiture ?
Votre homologue malien avait fait pareil quelques jours avant de se faire tout de même déposer quelques semaines après…
Excellence Monsieur le Président,
Qu’il pleuve ou qu’il neige, vous ne serez plus président de la Côte d’Ivoire.
Que vous ayez bien travaillé ou pas, la Loi Fondamentale de notre pays est sacrée et non interprétable. C’est deux mandats ou dix ans maximum pour tout le monde.
Cherchez parmi vos 54 ministres et la demi douzaine de présidents d’institutions que vous possedez, une personne digne de vous succéder, même dans un cas de force majeure. Ils sont tout à fait capable d’assumer la charge de la Magistrature Suprême.
Vous avez un Premier Ministre qui, aujourd’hui, peut se prévaloir de plus de 17 ans de vie publique à vos côtés au sommet de l’État. N’est-il pas assez préparé ?
Respectons nous…
Excellence Monsieur le Président,
Nous avons choisi la paix pour vous combattre.
Vous interdisez les marches jusqu’au 15 septembre 2020 ?
Dont acte.
Nous ferons des sit-ins. Sans relâche. Et ce, jusqu’à votre départ définitif. Dans toutes les villes et communes du pays, nous nous rassemblerons avec nos pancartes et nos mains nues bien visibles pour réclamer votre départ.
Excellence Monsieur le Président,
Nous avons une dernière question :
Le mandat en cours, c’est celui de quelle République?
Parce que si vous êtes actuellement un Président de la 2ème République, c’est qu’alors vous présidez illégalement la 3ème République, n’est ce pas?Vu qu’on y est depuis 4 ans…
À moins d’une continuité constitutionnelle. Auquel cas, il ne vous reste plus qu’une chose à faire à la fin de votre 2ème et dernier mandat :
C’est plier bagages…
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, nos salutations respectueuses et profondément dévouées.
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