Si la consommation du café et ses effets sur la vigilance a déjà derrière elle une longue histoire, il n’en va pas de même des boissons dites énergisantes, ou stimulantes, breuvages qui contiennent principalement de l’eau, des vitamines, de la caféine, de la taurine, du guarana, du sucre et d’autres substances comme le ginseng. Leur usage est apparu à la fin des années 1980 en Autriche. Elles connaissent depuis un succès grandissant, surtout auprès des adolescents: rien que pour la marque Red Bull, plus de six milliards de cannettes ont été vendues dans le monde en 2016.
Une consommation occasionnelle ne pose pas de problème
En boire de temps en temps, de façon modérée, ne pose pas problème. Mais, comme le souligne une revue de données scientifiques publiée il y a deux ans par les Drs Aymeric Petit, Laurent Karila et le Pr Michel Lejoyeux, les risques ne sont pas nuls en cas d’excès, en particulier chez les jeunes et les personnes ayant des antécédents cardiovasculaires ou neurologiques. Quels sont-ils?
Naturellement présente dans le café, le thé et le cacao, la caféine peut déclencher migraines, palpitations, tremblements et problèmes digestifs dès que la dose dépasse 400 mg par jour. Soit l’équivalent de cinq canettes de Red Bull. Ou encore, de six à huit tasses de café, ou de deux à trois litres de thé. La taurine, elle, est dérivée d’acide aminé d’origine animale.
D’après l’équipe du Dr Petit, on peut «évaluer à trois grammes par jour la limite supérieure de sécurité pour la supplémentation quotidienne en taurine, ce que représente la consommation journalière de trois cannettes de Red Bull». De fait, ses effets neurotoxiques, tout comme le risque de complications au-delà des trois grammes quotidiens, ne sont pas encore suffisamment étayés. Mais bon nombre d’études ont d’ores et déjà pointé quantité de potentiels effets indésirables du cocktail des boissons énergisantes.
Complications rénales et risque d’obésité
Par exemple, des problèmes de rythme et le risque de malaise cardiaques. Mais aussi, des crises de convulsion, chez des personnes connues pour être gros fumeurs consommant quotidiennement de l’alcool. Ou encore des complications rénales car la consommation de boissons énergisantes favorise la fuite d’éléments minéraux (sodium, chlore, calcium, magnésium). Et puis, un risque accru d’obésité, lorsqu’on en boit trop, en raison de leur teneur élevée en sucre.
Sans compter les comportements à risque (rapports sexuels non protégés, conduite d’un véhicule en état d’ébriété) qu’engendre l’association boissons énergisantes et alcool, qui procure le sentiment d’être tout puissant, invulnérable - le Red Bull ayant entre autres pour effet de retarder l’ivresse et de faciliter l’abus d’alcool. Enfin, il existerait un véritable syndrome de sevrage à la caféine, donc potentiellement à ces boissons qui en sont riches. Et le risque de devenir de façon concomitante dépendant à l’alcool.
Reste que, sur son site, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) indique qu’«en l’absence de démonstration formelle d’un risque avéré, et malgré les suspicions de risques évoquées, la commercialisation des boissons dites énergisantes a été autorisée en 2008 en France au regard du principe de libre circulation des marchandises légalement fabriquées ou commercialisées sur le marché européen». Alors, si les autorités sanitaires invitent à la prudence en raison des forts taux et de la multiplication des sources de caféine, c’est au consommateur et à lui seul d’être vigilant. Quand il s’agit d’un adolescent, les parents doivent y prêter attention et les informer des dangers à trop en consommer.
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