Lassana Palenfo, Cadre du Bounkani: « Le problème est épineux et difficile à Bouna »

Le général Lassana Palenfo, fils du Bounkani  dans une interview a dévoilé sa contribution pour ramener le calme dans sa localité et inviter l’ensemble des populations à s’unir pour le développement de leur région.

Alassane Ouattara vient de séjourner dans votre localité suite aux violences entre communautés. Pensez-vous que son passage va régler définitivement cette crise ?

Effectivement. Le chef de l’Etat est venu pour régler définitivement le litige entre éleveur peulh et agriculteur lobi. Laquelle crise à occasionné une trentaine de morts, de nombreux blessés. Beaucoup de magasins détruits. C’est important.

Mais avant, quelle a été votre contribution pour le retour du calme dans le Bounkani, votre région.

Je suis à mon second passage dans la localité depuis le déclenchement des violences. Je suis venu avec le secrétaire général du RDR, Amadou Soumahoro pour aplanir et trouver une solution. Ma contribution a été de plusieurs niveaux. Quand la situation a déclenché, je me trouvais au Mali. A mon arrivée, je suis venu avec le ministre de l’Intérieur pour apaiser la situation. Il y a eu effectivement destruction. Le Lobi a réagi. Il a tué des peulhs. Faut-il continuer dans cette voie ? Non. Il faut s’asseoir et trouver une solution. J’ai consulté les trois ethnies  depuis Abidjan. J’ai eu leur avis et leurs propositions. Tout le monde a invité à demander pardon. Les avis ont souhaité qu’on initie une séance de prière pour conjurer le mauvais sort et demander au seigneur qu’il nous éclaire pour que cela ne se produise plus jamais dans notre cité. Enfin, nous nous sommes accordés à apporter assistance aux victimes dans toute leur diversité. Suite à cela j’ai réuni tous les cadres pour leur faire le compte rendu des  mes consultations. Ce que je retiens c’est que les cadres ne s’entendent pas.

Pourquoi dites vous cela ?

Car nos parents qui sont ici à Bouna sont à l’écoute de ceux qui sont à Abidjan. Chacun a sa version et donne les instructions en fonction de sa position. Il faut dépasser cela pour trouver la solution commune. Il faut mettre balle à terre. Il y a des faits historiques qui sont existants. Nous sommes là depuis des siècles. Les réalités demeurent. On ne peut pas raconter ce qu’on veut.

Comment expliquez-vous l’absence des peuhls qui ont payé le lourd tribut de cette crise aux différentes réunions des cadres du Bounkani ?

Quand je parle d’assistance, c’est à l’endroit des peulhs. Mon épouse est peuhle. Je suis une victime aussi. J’ai des parents malinké. Moi je suis Lobi.  Nous vivons au quotidien avec les peulhs. En général entre les peulhs vivant ici et nous il n’y a jamais eu de problèmes. Nous nous fréquentons. Mais les peulhs qui viennent du Ghana, du Burkina Faso avec leur bétail ne contrôlent rien. Dans certaines régions et vont souvent ouvrir les greniers pour nourrir leur bétail. C’est inadmissible. Il faut contrôler cela. Aucun peulh n’a été ignoré. Ils sont regroupés actuellement chez le Préfet et à l’Onuci. Nous essayons pour le moment de faire ce que nous pouvons. D’ailleurs tous les peuhls ne sont pas bergers. Certains se font passer pour des victimes alors qu’ils étaient au chômage. Nous protégeons les peuhls. Nous avons demandé aux chefs de village de faire appel aux peulhs pour qu’ils reviennent dans les villages.

Au-delà de cette situation, on apprend qu’il y a un problème entre Lobi et Koulango concernant la gestion du Royaume. Qu’en est-il exactement ?

 Qu’entendez-vous par la gestion du Royaume.

En clair ces deux communautés se battent pour la chefferie dans le Bounkani ?

Les Lobi ne veulent pas prendre la chefferie. Le Lobi est un peuple anarchique. Lorsque vous prenez le système des villages, vous avez le Soukala. Nous vivons paisibles. Il n’y avait pas de maitres, ni de chefs de guerre. Sauf lorsqu’il y a un problème on se regroupe. La terre appartient au Koulango. Ce sont les Lobis qui cultivent ces terres. 

Il y a un litige entre le Koulango, propriétaire de terre et le Lobi à qui on a donné la terre pour cultiver. Les Koulango sont des rois. Nous les lobi nous n’avons pas de roi. Mais le monde nous recommande d’avoir des chefs car personne ne peut décider à la place de l’autre. Aujourd’hui, les lobi sont les plus nombreux. C’est aussi cela la réalité. La loi de la majorité n’est pas forcement la bonne voie. Ceux qui n’en profitent pas se sentent forcement lésés.

Peut-on dire qu’un mode de gestion de crise  a été arrêté ?

Nous avons calmé les populations. Nous avons fait l’état des lieux et faire de propositions. La gestion de règlement de litige foncier est dans la loi ivoirienne. Il faut réglementer car si la superficie du terrain vous appartient, le pétrole, l’or, etc. appartiennent à l’Etat. Il faut indemniser la victime. Il faut chercher les meilleurs moyens pour consoler les deux parties. C’est à l’Etat de rendre justice après une interpellation.  C’est un problème épineux et difficile que nous avons à Bouna. Il faut expliquer aux parents que s’ils tuent les bœufs  voici la valeur de la compensation. Dire aux autres que si leur bœuf détruit voici ce qu’ils vont payer.