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Santé

 Affreux et pourtant ça soigne?!

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Ah les médicaments traditionnels ! On y a tous goûté un jour ou l’autre pour soigner certaines maladies. Mais quelquefois, pour sentir le soulagement de la guérison, il faut passer par des méthodes plutôt… drastiques. Voici un top 5 des méthodes éprouvées et approuvées par la médecine traditionnelle.

1) Les remèdes par voie anale

Pour guérir au plus vite, il faut prendre le mal à la racine, c’est-à-dire l’extraire de l’intérieur du corps. Et quelle est la voie la plus courte pour atteindre le centre du corps ? La voie anale, bien sûr ! Alors, la médecine traditionnelle en use et en abuse. Toutes les maladies sont des prétextes pour solliciter la voie anale : palu, mal de ventre, plaies et même furoncles ; soit par l’introduction d’un suppositoire, soit par un bon lavement. Et le roi de la méthode anale en Côte d’Ivoire est sans contexte le « kanigban », le « terminator » du palu et de ses dérivés. Mais savez-vous de quoi se compose le « kanigban » ?Gingembre, piment sec, poivre africain. Avec tous ces ingrédients écrasés, on forme une sorte de suppositoire qu’on met à sécher près d’un foyer ou au soleil. Puis quand ce « suppo » traditionnel est bien sec, on l’enduit de beurre de karité et on l’introduit aussi sec dans l’anus. Si tous ces ingrédients explosifs ne font pas sortir ton mal, commence à te poser des questions.

2) Les médicaments à frotter sur le corps

Laissez-moi vous raconter une anecdote de mon enfance. Petite, j’avais une sainte horreur de la douche. Tous les prétextes étaient bons pour m’y soustraire. Et naturellement, j’ai eu le « kroussa-kroussa »*. Ma mère, pour me soigner, utilisait donc une pâte à base de feuilles de « sékou touré »*, de jus de citron et d’argile verte. Je vous laisse imaginer ma souffrance et mes cris de détresse quand elle frottait le remède sur mes boutons éclatés ! Ce remède est loin d’être un cas isolé. Pour traiter la rougeole, par exemple, on confectionne pour le malade une pommade dont l’ingrédient principal est le poivre africain. Et tout le monde sait combien le poivre africain brûle et pique !

3) Les breuvages amers

Une chose est sûre : pour la médecine traditionnelle, la maladie se soigne avec des médicaments amers. Sinon, comment comprendre que toutes les tisanes, décoctions et autres infusions soient si difficiles à boire ? Je n’ai jamais vu ou bu un breuvage au goût de fraise ou, pour faire local, au goût de mangue ou de banane, par exemple. Tout doit être amer pour faire fuir le mal !

4) Les bains de vapeur

D’abord, on plante le décor : une bassine contenant un liquide chaud, presque bouillant, obtenu à base d’eau et de feuilles et/ou d’écorces d’arbre. Ensuite, le patient entre en scène, nu ou légèrement vêtu. On le fait asseoir ou agenouiller devant la bassine avant de le recouvrir du tissu le plus grand et le plus épais de la maison. L’objectif de cette manœuvre est que le malade se soigne par la respiration et l’aspiration de la vapeur qui se dégage. Une vraie torture, car sous le drap, la température avoisine souvent les 80°C et la séance dure jusqu’à ce que le liquide soit complètement refroidi !

5) Les médicaments à inhaler

Ceux-là, ce sont les « spécial rhume ». Soit, on inhale une poudre obtenue à partir de composants très épicés, soit c’est une feuille végétale à l’arome puissant que l’on flambe pour en extraire le jus à inhaler. Dans les deux cas, le but affiché et louable est de vous faire éternuer comme jamais pour dégager les voies respiratoires. Mais leur particularité est qu’ils brûlent tellement les narines qu’on a l’impression de mourir à chaque éternuement.

En bonus, le kit spécial « djèkouadjo »*, qui se compose comme suit :

- infusion de feuilles (papayer ou manguier) pour se laver ;

- éponge en fibre végétale pour se frotter ;

- savon noir + cendre pour se nettoyer voire se purifier de ce mal.

Après toutes ces belles démonstrations, très peu pourront encore dire avec le sourire : « Ce qu’on attend d’un médicament, c’est qu’il soit efficace et qu’il soigne le mal dont on souffre ».

*kroussa-kroussa : sorte de gale causée par une mauvaise hygiène corporelle

*sékou touré : appelée scientifiquement« chromolaena odorata » ; plante vivace, herbacée à ligneuse, au port buissonnant, à croissance rapide, formant des fourrés denses atteignant jusqu’à 2 m de haut

*djèkouadjo : paludisme en langage populaire ivoirien

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