Alors que le président Trump fêtait dans les palais de la famille royale saoudienne après avoir conclu un accord d'armes historique, les Iraniens fêtaient le résultat d'une élection présidentielle importante.
Le vote a révélé la détermination de l'électorat iranien à continuer sur la voie de la modération et l'engagement constructif fondé sur le respect mutuel qui a amené le monde à l'accord nucléaire en 2015. Si les expériences passées sont un indicateur de succès futur, de nouvelles armes de 110 milliards de dollars ne réduiront pas «le fardeau» des dépenses supplémentaires pour Washington et ni ne soutiendront «la sécurité à long terme de l'Arabie saoudite», comme le prétend le Département d'Etat.
La dernière fois que les Saoudiens ont dépensé ce genre d'argent, ils ont fourni plus de 70 milliards au dictateur irakien Saddam Hussein dans les années 1980 pour armer sa guerre d'agression contre l'Iran. Regardez ce que cela a donné comme résultat pour le monde et pour eux-mêmes. Au mieux, M. Trump escroque nos voisins saoudiens. Au pire, il pourrait transformer les États-Unis en mercenaire de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient, une position assez déplaisante pour l'Amérique, lorsqu’on sait que 15 des 19 pirates de l'air du 11 septembre 2001 étaient des ressortissants saoudiens. Lorsqu’on regarde la répression contre les populations faite en Arabie Saoudite avant la visite de M. Trump, ainsi que l'attaque mortelle du régime du Bahreïn contre un sit-in immédiatement après ce voyage, on comprend que les despotes de la région estiment qu'ils ont reçu une carte blanche pour réprimer les protestations pacifiques à venir. En d'autres termes, quelque chose de profondément inquiétant se déroule dans cette partie du monde.
Pour éviter la propagation du terrorisme et de l'extrémisme militant, les dirigeants responsables des capitales régionales et mondiales doivent intervenir urgemment et entreprendre des démarches sérieuses pour faire face à ces menaces urgentes. Au-delà des danses de l'épée et des banquets prodigieux, les contradictions fondamentales existant dans la région doivent être abordées.
Soutien à la «démocratie» ?
Au Yémen, l'Arabie saoudite attaque le groupe Ansar Allah, qui s'est révélé la force la plus puissante pour lutter contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique qui est le plus meurtrier groupe du réseau terroriste mondial. Les soutiens occidentaux de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite lient leurs motifs à un soutien à la «démocratie», même si le concept de la démocratie ne trouve que peu de ferveurs à Riyad ou chez les autres alliés arabes des États-Unis.
La tragédie du Yémen se répète en Syrie. Là, les forces qui combattent les extrémistes wahhabites en première ligne sont menacées par la politique antiterroriste des pays occidentaux, une politique qui choisit ses amis et ennemis, plus souvent, à la carte.
Permettez-moi d'être plus clair: ce que le président Trump appelait «de beaux équipements militaires» ne videra pas les marécages d’apories faits par le terrorisme et le militantisme extrémiste. Ni les chaînes d'or et ni les boules brillantes ne fourniront non plus une solution magique aux défis socioéconomiques et politiques qui entraînent la radicalisation. Ce qui fonctionnera, c'est un véritable effort pour forger un engagement inclusif parmi les puissances régionales basées sur une politique de coexistence et d'acceptation de l’inutilité des solutions militaires.
Alors que l'Arabie saoudite dépense d'innombrables millions d’argents pour promouvoir l’iranophobie, pour détourner l’attention des exportations mondiales du wahhabisme- ce qui inspire l'idéologie extrémiste d'Al-Qaïda, Daesh et de nombreux autres groupes terroristes qui font des ravages de Karachi à Manchester. L’Iran aide les victimes de l'extrémisme en Irak et en Syrie. En aidant à empêcher Daesh de mettre la main sur Bagdad et Damas, a soutenu activement une solution politique aux conflits dans les deux pays.
En 2013, l'Iran a proposé un cessez-le-feu immédiat et un plan pour mettre fin à la guerre en Syrie. Pendant plus de deux ans, l'Arabie saoudite a catégoriquement rejeté le principe selon lequel le conflit syrien n'avait aucune solution militaire, s'accrochant à l'illusion que ses marionnettes, extrémistes atteindraient la victoire sur le champ de bataille en entraînant les États-Unis dans la guerre. Après la perte d’innombrables vies, en 2015, notre plan concernant la Syrie est devenu la base de la Résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Plus récemment, l'initiative de dialogue menée par l'Iran, la Turquie et la Russie, bien que loin d'être parfaite, s'est également révélée efficace en tant que mécanisme pour réduire les tensions. La diplomatie à deux sens en Syrie, où les combats ont diminué et les efforts anti-terroristes a progressé, constitue une formule crédible pour la résolution des autres conflits dans la région.
Au Yémen, depuis les premiers jours d'hostilités, il y a plus de deux ans, l'Iran a proposé un plan en quatre points pour mettre fin à la guerre, alors que l'Arabie saoudite parlait d’une victoire, au bout de deux semaines. La proposition consiste à assurer un cessez-le-feu immédiat, l’envoi d’une aide humanitaire d'urgence, à promouvoir le dialogue entre les groupes yéménites et à les aider à créer un gouvernement inclusif d'unité nationale avec le soutien des voisins.
Avec sept millions de Yéménites au bord d'une famine due aux actes de l’homme et pratiquement la moitié de la population de la Syrie déplacée, les crises sont trop urgentes pour perdre du temps en pointant un doigt accusateur envers les autres. Pour trouver une fin durable à ces calamités, les puissances régionales doivent identifier les éléments actifs encourageant l’extrémisme violent pour résoudre les problèmes.
Dans cette optique, les États-Unis et leurs alliés ont deux options à choisir. Ils peuvent continuer de prêter un soutien moral et matériel et encourager les auteurs de la guerre, à intensifier leurs efforts de guerre ce qui s'est révélé inutile en ne causant que plus de morts et de destructions et en compliquant le chemin vers une solution durable. Ou, comme l'a déclaré l'Iran depuis le début, ces gouvernements peuvent se concentrer sur l'élaboration de solutions politiques inclusives avec la participation de tous les groupes politiques concernés.
En 1990, lorsque j'étais un jeune diplomate, j'ai été témoin de la façon dont, après la décision de Saddam Hussein de se retourner contre ses financiers arabes et d'envahir le Koweït, les ministres des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite et de ses alliés arabes n'ont pas répondu à l'offre de leur homologue iranien pour explorer un arrangement inclusif pour la sécurité régionale. Avec des milliards de dollars gaspillés en armes, et après des années de pertes énormes en vies humaines, nous sommes de retour à la case départ.
Si nous ne brisons pas ce cycle, nous laisserons seulement cette responsabilité importante à nos enfants et à nos petits-enfants. Nous devons être la génération qui apprend de l'histoire plutôt que d'être condamnée à la répéter.
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