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Dangers de l’apatridie : Le drame d’une ivoirienne et son mari, ex-vedette de télé, en Guinée

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Dangers de l’apatridie : Le drame d’une ivoirienne et son mari, ex-vedette de télé, en Guinée

Le phénomène de l’apatridie reste grandement incompris des Ivoiriens au point beaucoup d’entre la population assimilent la politique de règlement entreprise par le pouvoir Ouattara à une stratégie électoraliste et une tentative de brader la nationalité ivoirienne au profit d’un certain groupe d’étrangers. Pourtant, il n’en est rien car le fléau de l’apatridie n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire mais mondial.

Dans leur pays ou en exil, des Ivoiriens souffrent de l’apatridie ou sont à risque d’apatridie. La preuve nous est donnée par Bronwen Manby dans l’étude qu’il a faite pour le compte du HCR et de l’OIM intitulée ‘’la nationalité, la migration et l’apatridie en Afrique de l’ouest. Dans cette étude publiée en 2015, il retrace les multiples raisons de l’apatridie, ses conséquences, des témoignages de personnes confrontées aux risques d’apatridie dans des pays de la sous-région. Il évoque l’histoire de Lamin Koroma, un Sierra-léonais, ex-star de la télévision de son pays, qui s’est uni à une Ivoirienne, tous deux en exil en Guinée.

LAMIN KOROMA : Un ancien réfugié sierra-léonais en Guinée

« Je suis né à Freetown en 1970, mes deux parents étaient sierra-léonais. J’étais un présentateur de journal et je suis officiellement devenu une cible des rebelles lorsqu’ils ont lancé leurs attaques. J’ai quitté Freetown en mars 1999 et suis arrivé en Guinée par bateau. Nous avons été accueillis par la Croix-Rouge et je suis ici depuis lors. La Croix-Rouge m’a donné un document en 1999, puis une attestation de refugié lorsqu’ils m’ont pris en photo en 2005, ce qui m’a permis d’aller à l’hôpital et de voyager également à l’intérieur de la Guinée. 

En 2008, ils m’ont dit que j’avais trois options - retourner en Sierra Leone, rester en Guinée ou bénéficier d’une protection internationale continue. J’ai choisi la continuation de la protection internationale. Puis ils m’ont donné un rendez-vous et un entretien mais mon dossier a été rejeté. J’ai fait appel, mais ma demande a été de nouveau rejetée. Ils ne m’ont donné aucune raison pour le rejet, sauf que le statut de réfugié a été retiré. Ils m’ont donné un autre feuillet qui a juste prolongé d’un an mon statut de réfugié. Ils m’ont dit qu’à partir du 1er janvier 2010, je ne pourrais plus me prévaloir du statut de réfugié. Il y a trop de problèmes dans ce pays. Ils ne me donneront pas un emploi en tant qu’étranger, même un travail de nettoyage - il y a trop de discrimination. Mon frère est resté chez lui à Freetown, mais il a été tué là-bas. Je suis avec une femme ivoirienne qui est aussi une réfugiée ; elle est venue ici en 2006. Elle a récemment donné naissance à mon fils, il y a trois semaines, mais ils ne voulaient pas la voir à l’hôpital. Nous y sommes allés à minuit et nous avons dit que nous étions des réfugiés et ils ont dit « nous n’avons pas de place pour les gens comme vous », alors nous sommes rentrés à la maison et elle a donné naissance là-bas. 

Nous n’avons pas enregistré la naissance de l’enfant - vous devez avoir le feuillet de l’hôpital pour être en mesure d’enregistrer un nouveau-né, c’est comme ça que ça marche. Sans le feuillet, vous ne pouvez pas aller à la commune. Je n’ai aucun document d’attestation de nationalité, pourtant essentiel à l’obtention d’un extrait de naissance indiquant que l’enfant est sierra-leonais », a témoigné Lamin, selon Bronwen Manby.

Pathétique histoire qui nous montre que ça n’arrive pas qu’aux autres, aux étrangers sur notre sol. Cela peut arriver à n’importe qui. Cette l’histoire montre également que nous sommes tous des potentiels apatrides, car nous ne savons pas où nous conduit la vie. Les Ivoiriens en savent quelque chose, eux qui ne se sont jamais imaginé les crises qui ont bouleversé des vies et contraint certains citoyens à l’exil. D’où la nécessité d’encourager et de soutenir la politique de régularisation des apatrides, notamment des migrants historiques et leur postérité. La Côte d’Ivoire étant le moteur de lance et modèle dans plusieurs aspects au niveau de la sous-région, certainement qu’elle sera imitée par les autres pays et ainsi éradiquer le phénomène.

 
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