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Duékoué : Une famille accuse des autorités de vouloir les déposséder de leurs terres

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Duékoué : Une famille accuse des autorités de vouloir les déposséder de leurs terres

Une parcelle de terrain à Duékoué d’une superficie de 100 hectares 25 et 39 ca, propriété de feu Bah Gaston, est l’objet d’un conflit qui oppose ses descendants, notamment sa fille Goé Joséphine, l’actuelle gestionnaire, aux autres membres de la famille. Une affaire dans laquelle les plaignants représentés par Bah Vincent et Djéi Vincent, petits-fils de feu Bah Gaston, accusent des proches collaborateurs du maire de Duékoué et du préfet de région, de manœuvrer aux côtés de Goé Joséphine pour leur arracher leur patrimoine forestier. Les plaignants indexent nommément Tiékoum Isidore, le chef de cabinet du maire, ainsi que Gralion Bedo Paul, agent de préfecture, qui agiraient avec l’approbation de leurs supérieurs pour octroyer à Goé Joséphine 40 hectares de ladite parcelle qu’elle veut s’accaparer.

Pour dénoncer « cette forfaiture », Bah Vincent a animé une conférence de presse, vendredi 10 août 2018, à Treichville. Selon ses explications, après le décès de la mère de Djei Vincent qui gérait les biens de la famille, la gestion du patrimoine familial a échu à Goé Joséphine, 70 ans, la cadette des deux filles encore vivantes de feu Bah Gaston. Vu que l’aînée, Téhé Christine est mariée et réside à Abidjan. Mais vers fin 2016, le conférencier affirme que la gestionnaire approche Djéi Vincent et lui propose la vente d’une partie de la parcelle de 100 hectares, à leur profit. « Lorsque nous avons eu vent de ce projet, les petits-enfants et notre tante Téhé Christine, nous nous sommes opposés. Nous avons eu des réunions de famille pour dire non. Nous avons affirmé que la propriété de Bah Gaston ne peut pas appartenir à un seul individu, mais demeure un bien familial qui doit profiter à tous », affirme Bah Vincent. Surtout que selon le système familial en pays Wê qui repose sur le patriarcat, ce ne sont pas les femmes qui héritent des biens de leur père, de peur que l’héritage familial échoie aux enfants de cette dernière qui, eux, appartiennent à une autre famille. « C’est le cas de Goé Josephine qui est encouragé par ses enfants qui voient en cela une vraie opportunité de devenir propriétaire de cette terre », a ajouté le conférencier. Malgré tout, Goé Joséphine tient à son projet et réclame la propriété de 40 hectares de la parcelle qu’elle veut faire lotir. 

Une terre conservée après plusieurs procès

Le représentant des plaignants a précisé que la parcelle dont leur tante se fait propriétaire a été arrachée de haute lutte après des procès que leur ont intenté des villages voisins qui se réclamaient, eux aussi, propriétaires du patrimoine forestier de Bah Gaston.  « Si on a  gagné ce procès, c’est grâce aux documents laissés par mon père, Baha Zou Théodore. Premier fils de la région à avoir obtenu le BEPC, mon père est devenu enseignant et était le seul cadre de la famille. Il a ainsi pris note de tout ce qui concerne les biens de son père. Ce sont ces notes et autres documents, tel que des certificats des plantations qu’il a fait établir, qui ont joué en notre faveur lors des procès. Et pourtant mon père, malgré sa position d’unique intellectuel qui lui permettait de se faire propriétaire des terres de son père, ne l’a jamais fait, parce qu’il s’agit d’un bien familial », a relevé Bah Vincent.

Selon lui, face à l’entêtement de leur tante Goé Joséphine à s’approprier les 40 hectares et pour ce faire s’est vu entourer de certaines personnes dont Tiékoum Isidore, chef de cabinet du maire, et Gralion Bédo Paul, agent de préfecture, qui est d’ailleurs son représentant légal, les plaignants ont saisi les autorités compétentes pour s’opposer au lotissement. « En 2017, nous les petits-fils avons adressé des courriers aux autorités pour faire ‘’opposition à des projets de lotissements et vente de forêt appartenant à feu Bah Gaston’’. La deuxième opposition est venue de notre grande tante, sœur aînée de Joséphine, qui n’apprécie pas son action. Elle a saisi les autorités en avril 2018, soit près d’un an après nous», explique le conférencier. Mais, ajoute t-il, les choses se déroulent comme si ces oppositions n’avaient pas existé. Il en veut pour preuve, le fait que le mairie de Duékoué a ouvert, le 27 juillet 2018, une enquête de commodo et incommodo sur une durée de 30 jours. Sur le plan du site associé à cette enquête, il est mentionné « propriétaire Goé Joséphine ». D’où les interrogations du conférencier : « à partir de quel document on fait d’elle le propriétaire de la parcelle ? A-t-elle un document d’hérédité ? Et qui l’a délivré ? » Selon les dires du conférencier, non seulement le maire ne fait pour suspendre l’action de Joséphine, mais en plus, il conseille les petits-fils dont la plupart est en Europe, de ne pas se mêler des affaires de terres de peur d’être la cible des sorciers.

Une affaire de millions de Fcfa

Pour le porte-parole des plaignants, ces manœuvres au niveau de la préfecture du département de Duekoué dirigée par le préfet Sory Sangaré, et de la mairie de ladite ville administrée par Taï Glahou, participent d’un véritable réseau pour se faire de l’argent au détriment des familles. Djéi Vincent a relevé une autre affaire de vente illicite de terrain appartenant à la famille Troao, à Niambly, dans laquelle les autorités locales sont accusées. Il explique alors les motivations de ces autorités. « Ils disent qu’il y a un projet école que des Chinois veulent réaliser sur nos terres. Selon nos informations, c’est une affaire de centaines de  millions de Fcfa. Mais ils font miroiter quelques millions de Fcfa à notre tante de 70 ans et illettrée, pour pouvoir empocher la grande partie de cet argent. C’est pourquoi, ils font ce forcing. Mais nous ne les laisserons pas faire », a averti Bah Vincent.

Les accusés réagissent

Samedi 11 août dernier, nous avons joint au téléphone le chef de cabinet du maire, Tiékoum Isidore. Il a rejeté le récit de Bah Vincent. « Ce sont des ragots qu’ils racontent et ces mensonges ne sauraient affecter notre honorabilité. Où étaient-ils quand la vieille était en procès ? Elle a gagné son procès, donc on lui donne les 40 hectares qu’elle a demandées », nous-a-t-il répondu. Quant à Gralion Isidore, représentant légal de Joséphine, que nous l’avons eu au téléphone, le lundi 13 août, il a dénoncé « la mauvaise foi des plaignants. « Ont-ils un papier qui prouve qu’ils sont propriétaires de la terre ? Qu’il le montre ! », riposte t-il. Il a affirmé que l’héritage du défunt Bah Gaston revient en premier lieu à ses enfants, fussent-ils des femmes, puis aux petits-enfants. « Certes nos coutumes prétendent que la famille ne peut pas hériter du père devant l’homme, mais la loi ivoirienne permet à la femme d’hériter de son père. De ce fait, Goé Joséphine qui est descendant direct de Bah Gaston est en droit d’avoir cette parcelle qu’elle réclame ». 

Gralion Bedo Paul a fait savoir que c’est grâce à son action que son mandant a obtenu justice face aux villages voisins. D’ailleurs c’est avec l’accord de tous les membres de la famille, au terme de plusieurs réunions, que Joséphine mène cette action. Cependant, il n’a pu expliquer l’opposition manifestée par la sœur aînée de Joséphine. Gralion Isidore a reconnu que le problème se situe autour du projet. « L’installation du projet sur la terre de mes parents est une initiative personnelle. Lorsque le projet est arrivé et que nous cherchions où le réaliser, c’est moi-même qui ai proposé au préfet de l’accueillir sur les terres de mes ancêtres. Je n’étais obligé de le faire, j’aurais pu l’orienter ailleurs », a-t-il précisé. Selon lui, Goé Joséphine avec son âge avancé n’a que faire des 100 hectares de forêt, elle agi dans l’intérêt de sa famille.

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