Dans son nouveau roman, En compagnie des hommes, l’écrivaine ivoirienne Véronique Tadjo égrène ses préoccupations écologiques et ses inquiétudes sur l’avenir, accentuées par l’épidémie de fièvre Ebola survenue en 2014.
Elle préfère qu’on la tutoie. Elle, c’est Véronique Tadjo. Poétesse, écrivaine, enseignante, peintre. Parisienne de naissance, ivoirienne d’origine, sud-africaine de cœur, panafricaine dans l’âme. Compte tenu de la multitude de voyages qui ont ponctué son existence (du Kenya au Mali en passant par Haïti, le Bénin, le Royaume-Uni ou encore l’ensemble de l’Amérique latine), on serait tenté de la qualifier de polyglotte aguerrie.
Sans compter qu’en Afrique du Sud, où elle a vécu durant quatorze ans, on parle plus de onze langues. « Je suis terriblement mauvaise en ce qui concerne les langues. Je parle anglais et je me débrouille avec le français », plaisante celle qui, en 2005, a remporté le grand prix littéraire d’Afrique noire pour son roman Reine Pokou. Concerto pour un sacrifice (Actes Sud).
Encore aujourd’hui, dans ce café du 20e arrondissement de Paris qu’elle affectionne, elle explique vivre entre Londres et Abidjan. « Je saisis toutes les opportunités qui s’offrent à moi pour me rendre en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, à l’heure actuelle, je ne peins pas assez et je sais que c’est à Abidjan que je pourrai m’y remettre sérieusement. »
Elle soutient que le voyage est inscrit dans ses gènes, qu’elle en est le produit. « Mon frère et moi sommes venus au monde parce que mon père a quitté la Côte d’Ivoire pour venir suivre ses études à Paris et que ma mère a quitté son petit village de Bourgogne pour les mêmes raisons. »
Ecrire pour le Rwanda
À 62 ans, Véronique Tadjo affirme avoir atteint l’âge de la maturité. Et cela lui sied à ravir. Lumineuse et affable, elle semble encore prompte à vivre moult expériences, d’où cette empreinte juvénile qui marque son visage. Il y a presque vingt ans, en avril 1998, elle accompagna les écrivains Boubacar Boris Diop, Tierno Monénembo, Meja Mwangi ou encore Abdourahman Waberi dans le cadre du projet « Rwanda : écrire par devoir de mémoire ».
Trois ans plus tard, elle publiait L’Ombre d’Imana. Voyages jusqu’au bout du Rwanda (Actes Sud). Un livre dramatique. Comme Loin de mon père, roman à la verve autobiographique qui évoque notamment la crise politique ivoirienne (Actes Sud, 2010).
Comme le roman choral En compagnie des hommes (Don Quichotte), sa toute dernière œuvre, où elle se penche sur le virus Ebola, qui, en 2014, se propagea en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
Véronique Tadjo plaide la cause de l’environnement
Véronique Tadjo semble s’être engagée à coucher les tragédies qui l’émeuvent sur le papier. « Mais tout cela n’est pas comparable ! s’exclame-t-elle. Le génocide des Tutsis au Rwanda est le grand drame de l’Afrique du XXe siècle. » Ebola, selon elle, serait plutôt un avertissement sur ce que le continent africain ne…
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