Dans un cri de coeur sur les réseaux sociaux, le juriste Jean Bonin dépeint la misère du zoo d’Abidjan. Et propose comme solution, une cession du parc zoologique à des privés.
« Le parc zoologique d'Abidjan, j'accuse… Ce zoo, auparavant propriété privée de M. Yvan Chollet, a été créé en 1930, bien avant l'indépendance de notre pays. Lors de son départ du pays, ce colon l'a revendu à l'État en 1965. Il a ensuite été nationalisé en 1972 et depuis il est placé sous la tutelle du ministère chargé des Eaux et Forêts.
Ce parc animalier s'étendait initialement sur une superficie de près de 20 hectares, mais n'existe plus aujourd'hui que sur une dizaine d'hectares, dont seuls 4 sont réellement exploités.
Le zoo d'Abidjan fait peine à voir. On peut aisément le qualifier d'arche de Noé à la dérive tant tout y sale, désuet et malodorant. Et pourtant, jusqu'en 1999, le zoo d'Abidjan drainait plus d'un millier de visiteurs par semaine. On y trouvait plus de 500 animaux de plus de 50 espèces différentes. Il abritait même des ours. Oui, des ours bruns.
Aujourd'hui, seule une poignée de visiteurs empruntent le chemin de ce zoo moribond. Mais diantre, si nous n'avons pas les moyens de nous offrir le luxe d'exploiter un zoo pourquoi vouloir nous entêter à le faire ? Sommes-nous obligés de faire comme "chez les blancs" alors que comme le dit un proverbe de chez nous " on ne demande pas à un homme qui a faim si son chien a mangé ".
Ces animaux n'ont pas demandé à être enfermés dans des enclos exigus où ils sont à peine nourris. Un éléphant consomme au minimum 200 kilos de nourriture par jour. Il faut entre 9 et 15 kilos de viande au minimum pour rassasier un lion. Mis sur un mois, un trimestre, une année ce sont des sommes faramineuses qu'il faut engloutir dans l'alimentation, les soins et l'exploitation d'un zoo. On n'a pas ces moyens et on refuse de l'admettre.
Ce zoo offre aux touristes et autres visiteurs de notre pays un spectacle honteux et indigne de l'émergence que nous souhaitons incessamment atteindre.
J'ai honte que le Zoo d'Abidjan ne dispose que d'un seul éléphanteau, alors que l'éléphant est le symbole de notre pays. J'ai honte que le seul lion de notre zoo ressemble plus à un chaton affamé qu'au roi de la forêt qu'il devrait être. J'ai honte que les sauriens et les hippopotames baignent dans leurs propres excréments. J'ai honte que le zoo de mon pays soit une poubelle à ciel ouvert. J'ai honte que les zoos en Europe ou en Asie regorgent de plus d'animaux en provenance d'Afrique que dans le propre zoo de mon pays.
Au regard de l'incapacité de l'Etat à gérer ce parc animalier, je propose que son exploitation soit confiée à des professionnels privés. Ils sauront valoriser les hectares de terrains qui sont devenus une déchèterie. Ils sauront mettre en place un Marketing et une politique commerciale efficace pour attirer un plus grand nombre de visiteurs. Ils pourront nouer des partenariats et faire des échanges d'animaux avec d'autres zoo pour rendre notre zoo plus attrayant. Ils pourront doter notre zoo d'un simple site internet ; chose qui n'est pas le cas aujourd'hui. Bref, ils sauront comment rentabiliser ce vaste parc zoologique. Il y a de l'argent à gagner. Beaucoup d'argent même. Malheureusement l'Etat est aveugle ou alors ne confie pas la gestion de ce zoo à ceux qui en ont l'expérience ou la compétence.
Avant que l'exploitation de l'EECI, la Sodeci, l'aéroport d'Abidjan et de bien d'autres structures étatiques ne soit confiée à des entreprises privées, tous ces démembrèrent de l'Etat perdaient de l'argent et existaient grace aux subventions allouées par le Gouvernement. Aujourd'hui, toutes ces entreprises parce que gérées par le secteur privé, gagnent de l'argent. Beaucoup d'argent.
Il est inacceptable que l'unique parc zoologique de notre pays qui autrefois était l'un des plus importants d'Afrique de l'Ouest, sombre progressivement dans l'oubli et l'indifférence générale.
J'espère que mon cri de cœur sera entendu », a signé Jean Bonin
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