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Prolongement du 4e pont d’Abidjan : un déguerpissement historique se prépare à Yopougon, les populations dans la tourmente

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Prolongement du 4e pont d’Abidjan : un déguerpissement historique se prépare à Yopougon, les populations dans la tourmente

Plusieurs populations de la commune de Yopougon sont actuellement en pleine tourmente. Et ce, en raison de la destruction prochaine de certains quartiers pour les travaux de prolongement d’une voie reliant le 4e pont d’Abidjan à l’autoroute menant à Dabou. Un document intitulé « infos du Ptua », produit en octobre 2024, par la société d'État chargée de l’exploitation, du suivi et de l'entretien du réseau routier et autoroutier ivoirien (Ageroute) explique que dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du Projet de Transport Urbain d’Abidjan (PTUA), il est prévu la réalisation des voies de liaison rattachées au 4e pont d’Abidjan dans la commune de Yopougon. Il s’agira de connecter le 4e pont aux autoroutes de Dabou et de la Prison Civile, à partir du quartier Yao-Sehi. Ainsi, de nombreux quartiers de la commune seront bientôt affectés. Il s’agit, entre autres, d’une partie des quartiers Sicogi, Niangon Bas CIE, Niangon Mami Fêtê, Niangon Nord Extension, Maroc Mati et Bagnon. Une équipe de pressecotedivoire.ci a visité ces quelques quartiers, le samedi 2 novembre 2024, pour constater la situation sur place.

 La crainte d'un déguerpissement imminent

 Des habitants du quartier Niangon Nord Extension ont rapporté avoir été informés qu’un déguerpissement toucherait leurs habitations dans les prochains jours. Des marques ont même été apposées sur les bâtiments concernés, indiquant l’arrivée prochaine des bulldozers. 


« Des agents vêtus de chasubles avec l’inscription PTUA sont venus nous informer du déguerpissement de notre quartier. C’était vers la fin du mois de septembre. Ils ont expliqué que les marques sur les murs constituaient la première étape de l’opération. Ils nous ont dit que des agents passeraient ensuite pour recenser les locataires et les propriétaires en vue d’un dédommagement. Et que c’est après le dédommagement qu’ils vont casser les maisons.  Mais depuis un mois que nous attendons, personne n’est venu, et nous vivons dans la crainte d’être surpris un matin par les machines », explique un habitant.

Un autre résident regrette que cette information soit parvenue tardivement. « Nos enfants sont déjà inscrits pour la rentrée scolaire, et c’est après cela qu’on nous informe de la destruction du quartier. Ils auraient pu nous avertir pendant les vacances scolaires pour que nous puissions déménager et trouver des écoles ailleurs. Là, nous devons déménager en pleine rentrée et chercher encore à inscrire nos enfants dans d’autres établissements, ce qui est loin d’être simple », déplore-t-il.

 Préparatifs et résignation face à l’inévitable

 « C’est sûr, les maisons seront détruites bientôt. Mais quand ? on ne le sait pas », déclare Henry, un désormais ex-résident de Niangon Nord Extension qui était en plein déménagement lorsque nous lui avons tendu le micro. Ce jeune opérateur économique estime qu’il est préférable de partir au plus tôt pour éviter d’être pris de court par les bulldozers. « Moi, je préfère partir avant d’être surpris, je n’aime pas la honte », confie-t-il, ajoutant que plusieurs personnes ont déjà quitté le quartier depuis l’annonce du déguerpissement.

Pour d’autres, partir est plus compliqué. Aïcha, gérante d’un salon de coiffure au quartier Maroc Mati, explique qu’elle n’a pas encore réuni les fonds nécessaires pour s’installer ailleurs. « Trouver un logement à Abidjan demande des moyens. Mon activité marche difficilement, donc j’attends le recensement pour le dédommagement promis. Mais si je dois partir, je perdrai à la fois mon salon et mon logement », se désole-t-elle, craignant que ce déguerpissement la laisse sans ressources.

 Relogement avant déguerpissement

 Face aux incertitudes et aux préoccupations croissantes, les habitants de Yopougon espèrent que le relogement précèdera toute opération de déguerpissement. « Ce n’est pas qu’on s’oppose au projet de prolongation du pont, mais on aurait souhaité que les autorités prévoient des solutions de relogement avant de nous demander de quitter nos maisons », explique un résident de Mami Fêtê. Contraints de partir sans garantie de relocalisation décente, certains craignent que cette transition bouleverse leurs vies. Les riverains appellent donc à une intervention des autorités pour mettre en place des mesures de relogement et des indemnisations rapides, facilitant ainsi ce passage difficile.

Description générale du projet PTUA

 Selon les données de la Banque Africaine de Développement (BAD), la deuxième phase du Projet de Transport Urbain d’Abidjan (PTUA) représente un financement de 329,47 millions d’euros (Plus de 215 milliards de FCFA). Cette phase inclut les activités restantes pour améliorer la mobilité dans Abidjan, une ville en pleine expansion. Le premier prêt de la BAD avait été approuvé en 2016 pour financer les travaux de construction du 4e pont, reliant Yopougon au Plateau. Ce financement complémentaire permettra de transformer 88 km de voies en autoroutes urbaines, doublant ainsi la capacité de circulation. Sont concernées les routes de Dabou (section entre Yopougon et le carrefour de Jacqueville), à l’ouest d’Abidjan, et d’Adzopé.

Selon l’institution financière africaine, ce projet vise à mettre en place une infrastructure de transport qui renforce les fonctions urbaines d’Abidjan, à améliorer la qualité de vie des résidents en facilitant la mobilité, et à créer un environnement propice aux activités économiques et à une meilleure gestion urbaine.

La BAD estime que le projet bénéficiera directement au gouvernement ivoirien et aux habitants d’Abidjan, en particulier ceux des zones concernées par le développement des infrastructures et les nouvelles liaisons autoroutières.

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