Selon le gouvernement ivoirien, le taux de chômage en Côte d’Ivoire est estimé à 5,3% conformément aux « critères internationaux ». Ils sont sortis des grandes écoles et des universités bardés de diplômes mais, faute d’emploi disponible, ils exercent de petits boulots pour subvenir à leurs besoins. Reportage sur les traces des diplômés qui exercent ces petits boulots malgré eux. Retour à la terre après un BTS à Abidjan Jacques N’goran, titulaire d’un diplôme de technicien supérieur, option vétérinaire, a ainsi dû retourner à la terre.
« En attendant un mieux-être, je m’occupe de mes champs de manioc », confie-t-il. Comme lui, Réné Aké, titulaire d’une maîtrise de lettres modernes, a rangé son diplôme et vend des brochures à la gare routière d’Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan, après avoir tenté, en vain, sa chance à différents concours d’entrée dans la fonction publique. Il propose à sa clientèle, en majorité des étudiants et des élèves, des brochures, des fascicules sur la rédaction de curriculum vitae, des lettres de motivation, ainsi que des techniques d’expression française. « Je les vends à 100 FCFA l’unité » (15 centimes d’euro), avoue Réné Aké en assurant que son « petit commerce » marche bien. Cela fait maintenant six ans qu’il exerce ce métier de vendeur de brochures dont les revenus lui assurent sa « pitance journalière » en attendant mieux. Recherche un emploi depuis dix ans La quarantaine révolue, Soro C. est à la recherche d’un emploi depuis dix ans. Après l’obtention d’une licence de philosophie, il a eu une place comme enseignant dans une école privée avant de la perdre. « Pour ne pas me laisser gagner par le découragement, j’ai décidé de mettre sur pied un point de paiement mobile et grâce à ça je m’occupe de ma petite famille », explique ce père d’une fillette de huit ans. Un autre universitaire, Mikael Koffi, titulaire d’un master en gestion des ressources humaines, a passé plus de six ans à gérer une cabine téléphonique avant de trouver un emploi dans une station d’essence. S’il exerce actuellement le métier de pompiste, il continue toujours de rêver d’un « haut poste ». « En attendant, je me contente de celui-là pour joindre les deux bouts », confie-t-il. Maîtrise en économie et gérant de cabine téléphonique Avec une maîtrise en économie en poche, André Zadi se contente de sa petite cabine téléphonique, tout en nourrissant l’espoir que « le soleil se lèvera un jour » pour lui. Selon le gouvernement, le taux de chômage en Côte d’Ivoire est estimé à 5,3% conformément aux « critères internationaux », mais peut atteindre 25% selon les « réalités » locales marquées par le sous-emploi et l’emploi informel. Une enquête nationale menée en 2013 sur un échantillon de 12.000 ménages indique que la population en âge de travailler en Côte d’Ivoire est composée de 56% de main-d’oeuvre et de 44% hors main-d’oeuvre (femmes au foyer et invalides).
« En sortant du premier lot des personnes en emploi, les personnes ayant une rémunération inférieure au SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti), nous arrivons à 9,4% de taux de chômage et quand nous sortons de ce lot les personnes qui exercent un emploi précaire ou qui sont dans le secteur informel, nous arrivons à un taux de 25% », souligne l’enquête. Les femmes les plus touchées par le chômage en Côte d’Ivoire L’emploi salarié représente 25,4% contre 74,6% d’emplois indépendants non agricoles. L’agriculture demeure le secteur d’activité le plus grand pourvoyeur d’emplois dans le pays avec 43,5% des emplois. Il est suivi par les services (26,4%), le commerce (17,6%) et l’industrie (12,5%). En Côte d’Ivoire, les femmes sont les plus touchées par le chômage suivies par les diplômés, car plus le niveau d’étude est élevé, plus le chômage est important. Un autre taux inquiétant ressort de l’enquête, celui des chômeurs découragés de chercher du travail « parce que convaincus que toutes les portes leur sont fermées soit à cause de la corruption, soit à cause du manque de moyens, d’opportunités ou d’informations ». L’enquête estime que 40,3% des chômeurs sont frappés par le syndrome du découragement. C’est le cas de Fatou, propriétaire d’un salon de coiffure dans le quartier huppé de Cocody. « J’ai décidé de me contenter de mon salon de coiffure », lance-t-elle, résignée.
Avant de conclure, amère: « J’ai été découragée après trois échecs au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration(ENA). Finalement, je constate que ma maîtrise en droit n’a pas servi à grand-chose ».
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