Noé, cinquante kilomètres après Aboisso, en direction du Ghana, est une ville frontalière, qui, pendant de longues années, a gardé son aspect de village. Mais depuis quelques mois, cette localité rayonne et est devenue du coup très coquette suite à des travaux de bitumage et d’électrification.
Il est 19 heures, ce samedi 2 janvier 2021, quand l’on tombe sur une ville au bitume impeccable et à l’éclairage rivalisant avec la capitale politique de la Côte d’Ivoire, Yamoussoukro, ou encore certaines rues d’Abidjan, la capitale économique. Plusieurs camions stationnés attendent de passer au scanner douanier. Le voyageur qui a traversé cette ville, il y a de cela quelques mois, serait certainement dépaysé en y arrivant à nouveau. Le visiteur est d’ailleurs très vite ébloui par la qualité de l’éclairage public La musique ivoirienne et le high life ghanéen tonnent dans un bar à l’allure moderne en plein centre ville.
Ici c’est Noé, ville frontalière avec le Ghana, caractérisée par son bureau des douanes, l’un des meilleurs du pays, dit-on, avec un fort taux de trafic de marchandises et de voyageurs.
Il a suffit de six kilomètres de bitume et d’un éclairage public adéquat pour changer la ville et lui donner fière allure, confie le directeur de la radio locale Saïd Ouédraogo. Pourtant pendant des lustres, Noé est restée l’ombre d’elle-même. Entre Noé et la première ville ghanéenne Elubu il « n’y avait pas match », informe-t-il, l’air fier de son Noé. D’ailleurs la ville commence à accueillir régulièrement des visiteurs en provenance d’Aboisso et même d’Abidjan pour le weekend, poursuit Said.
Les passagers qui traversaient Noé pour regagner le Ghana ne manquaient pas de critiques à l’encontre des dirigeants ivoiriens qui auraient délaissé la ville qui constitue pourtant la porte d’entrée en Côte d’Ivoire.
« Avec ce bitume et ces lampadaires de dernière génération, Noé est devenue une véritable ville, rivalisant avec Abidjan ou certaines grandes villes », affirme avec fierté le sous-préfet de la localité, Dosso Lossény, remerciant le président de la République, Alassane Ouattara pour ce geste à l’endroit de la ville frontalière. « Je crois que les dirigeants ivoiriens ont mis les pendules à l’heure », fait-il savoir.
Tous les quartiers de la ville, Millionnaire, last Gate, Noé village, chantier, rue 12, Mossikro ont bénéficié d’un bitumage de deux fois deux voies entièrement éclairées. La voie principale menant au poste-frontière bénéficie de deux fois deux voies entièrement éclairées.
« Ce bitume et cet éclairage ont donné fière allure à cette ville et lui ont redonné la vie » aiment à dire les habitants. Même si la fermeture de la frontière a Plombé toutes les activités économiques dont le petit commerce et le transport, les habitants sont unanimes pour reconnaitre que leur ville a désormais fière allure et qu’elle est « passée de l’obscurité à la lumière ».
La terre rouge, les crevasses, la boue, l’insalubrité et la pénombre qui ont caractérisé Noé, érigée en sous-préfecture en 2007, pendant de nombreuses décennies, sont aujourd’hui dans les oubliettes.
Conséquences du bitume : magasins, commerces, bars et maquis, naissent ou améliorent la qualité de leurs services espérant tirer profit de ces infrastructures de développement. Certains complexes hôteliers ont même entrepris d’augmenter leurs capacités d’accueil.
« Aujourd’hui quand tu arrives à Noé, c’est comme si tu étais en Europe », affirme un habitant de la ville.
Des magasins sont en construction non loin du poste frontière des douanes. Ils appartiennent aux commerçants déguerpis lors de la construction de la route Abidjan-Lagos. Mais les travaux sont à l’arrêt depuis que les frontières sont fermées pour cause de Covid-19.
Avec ces magasins, Noé va devenir un véritable centre commercial à l’instar du voisin Ghanéen Elubu que fréquentent de nombreuses commerçantes ivoiriennes, fait savoir le directeur du centre social de Noé, Kouadio N’guessan.
La circulation à Noé est devenue tellement fluide que certains motocyclistes et autres automobilistes se permettent des excès de vitesse.
Attroupement de personnes sur la voie publique non loin du siège de la radio locale. « Il n’a pas respecté la priorité !!! comment il peut sortir comme ça !!!!!» entendait-on vociférer un usager de la route, un conducteur de taxi Saloni. (Véhicule à trois roues) .Il venait de percuter un motocycliste. Pas de perte en vie humaine, mais les dégâts matériels ne sont pas négligeables.
Noé est entré ainsi dans le cercle des grandes villes avec tout ce qu’il y a comme conséquences du développement et de l’émergence.
Petit à petit l’aspect de village que Noé a présenté pendant de longues décennies est entrain de faire place à celui d’une ville que les dirigeants ivoiriens veulent certainement coquette, laissant à tous les visiteurs qui entrent et qui sortent de Noé, un échantillon de l’autre miracle ivoirien entamé avec « son champion du développement ».
Cependant Noé manque de château d’eau, explique le sous-préfet. La ville frontalière attend avec impatience cette infrastructure de base pour consolider son développement.
Le manque de station d’essence constitue également une préoccupation pour les populations de la ville, obligées de se ravitailler en carburant chez le voisin ghanéen Elubu.
L’ouverture de la frontière permettra certainement à la ville de jouir pleinement de ses nouvelles infrastructures.
Quand la nuit tombe sur Noé, la ville offre davantage son bon vivre entretenu par des sonorités musicales Zouglou et high life chez « l’italien » et rappelle les relations de bon voisinage entre peuples ghanéen et ivoirien.
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