La crise dans l'éducation en Côte d'Ivoire perdure et cela préoccupe plus d'un, notamment le Père Donald Zagoré de la Société des missions africaines (Sma). Dans une contribution transmise à Linfodrome, ce prêtre ivoirien s'interroge sur ce qui nous restera « si nous n'avons plus l'école ».
Encore une fois et de manière très sévère le système éducatif ivoirien est mis en péril par une grève illimitée des enseignants. La réalité est triste, les écoles sont fermées, les enseignants violentés et emprisonnés, et les élèves livrés à eux-mêmes. Une situation malheureuse qui ne fait qu’enfoncer un système éducatif déjà en péril et décrié depuis des décennies.
La crise persistante dans le système éducatif en Côte d’Ivoire est un drame surtout pour un pays comme la Côte d’Ivoire où la décadence morale et la platitude intellectuelle devient de plus en plus forte plus spécialement au sein des jeunes générations. Du phénomène « des microbes » enfants criminels, au phénomène des « brouteurs » enfants cybercriminels, en passant par toute cette masse de jeunes qui non seulement jour et nuit s’enlisent dans des discussions stériles et dans des insanités sur les réseaux sociaux, mais aussi empruntent en masse le chemin de l’immigration au péril de leurs vies, il convient sérieusement de s’interroger sur l’avenir de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a-t-elle un futur ? Que nous restera-t-il vraiment si nous n'avons plus l’école ?
Les lendemains font si peur puisque ceux qui devraient être la relève de demain sont déjà sacrifiés en masse. Il est souvent dit à raison que « pour détruire un pays il suffit de détruire son système éducatif ». En effet, aucune nation sur cette terre ne s’est développée en faisant l’apologie de la culture du moindre effort et de la médiocrité surtout dans le domaine de l’éducation, lieux par excellence où les esprits et les consciences sont formés et affûtés en vue de relever les défis de demain. Hegel a vraiment raison de dire « qu’à la facilité avec laquelle l’esprit s’épanouit, on peut déjà mesurer l’étendue de sa perte ». La Côte d’Ivoire est sur le droit chemin de sa perte.
Cette situation désastreuse ne doit laisser personne indifférent parce que se joue l’avenir de tout un peuple. Le drame dans cette histoire, c'est que hier, à l'aube des indépendances, la logique était que la misère de nos populations provenait essentiellement du blanc qu'il fallait chasser pour que le bonheur vienne. Aujourd’hui, plus de 50 ans après, le colonisateur est parti et la misère est toujours là et de manière plus virulente, puisque les éléments fondamentaux d'une société humaine digne du nom tels que la santé, l’éducation ne peuvent même pas être assurés. Qui donc faut-il chasser aujourd’hui ? Toute cette triste réalité de nos pays justifie avec force ces thèses obscures selon lesquelles, les africains sont incapables de se gouverner sans barbarie.
C’est triste de le dire, mais il faut le souligner avec force, on ne construit pas une nation uniquement qu’avec des chanteurs, des danseurs, des footballeurs. Une nation se construit avant tout, avec des chercheurs aguerris, des ingénieurs chevronnés, des penseurs avertis. Tant que nous ne serons pas capables de former nos propres élites en travaillant à asseoir et à leur assurer une éducation solide, nous resterons continuellement dépendant et esclaves de ceux qui auront compris que le pari de la liberté, de l’indépendance et de l’émancipation vraie ne se gagne que par la force de l’éducation. Il faut nécessairement sauver l’école ivoirienne et cela passe par la capacité des autorités a tiré les leçons et les conséquences nécessaires qui s'imposent pour l’éducation des générations nouvelles.
P. Donald ZAGORE, Sma
1 Commentaires
Anonyme
En Février, 2019 (15:58 PM) avons nous un gouvernement ici,je me pose la question et je peux pas repondre.Car ce qu'on voit ici c'est des gens pour qui ce qui compte c'est 2020 et comment faire pour y rester, 2020 est au dessus de l'avenir de la côte d'ivoire.
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