Le 11 avril 2011 marque la fin officielle de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Sept ans après, « les victimes demeurent dans l'attente de l'ouverture des procédures », estime Yacouba Doumbia, président du conseil d’administration du Mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH).
Il y a sept ans, jour pour jour, à la mi-journée, l’ancien président Laurent Gbagbo était arrêté à l’issue d’une attaque sur sa résidence présidentielle de Cocody à Abidjan par les forces d’Alassane Ouattara appuyées par les forces françaises de l’opération Licorne et de la mission des Nations unies (Onuci). Cette date marque désormais la fin officielle de la crise postélectorale qui aura fait au moins 3 000 victimes dans le pays.
Co-signataire d’une tribune récemment publiée sur Jeune Afrique – « Les victimes oubliées de la Côte d’Ivoire » – dans laquelle les auteurs appelaient à ce que le système judiciaire ivoirien « prouve qu’il est attaché à une justice équitable et impartiale pour toutes les personnes qui ont été impliquées dans des violations des droits humains, quelle que soit leur affiliation politique », Yacouba Doumbia revient sur la question des procédures engagées, à la Cour pénale internationale et en Côte d’Ivoire, ainsi que sur le processus de réparation administrative initié par le gouvernement.
Je peux vous assurer que la détermination des victimes à voir justice faite, reste intacte
Jeune Afrique : Sept ans après l’arrestation de Laurent Gbagbo, qui a marqué la fin officielle de la crise postélectorale qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes en Côte d’Ivoire, où en sont les procédures judiciaires ?
Yacouba Doumbia : Nous attendons, tout comme l’ensemble des populations ivoiriennes, l’ouverture de ces procès, afin de savoir pourquoi, comment et par qui ces horreurs que nous avons vécues sont survenues.
Le seul cas du procès de Simone Gbagbo, organisé dans les circonstances que nous avons dénoncées, a tourné au fiasco judiciaire. L’attente du début de ces procès est certes longue, mais je peux vous assurer que la détermination des victimes à voir justice faite, reste intacte.
Des rapports officiels sur la crise postélectorale ont recommandé que des poursuites soient engagées contre les auteurs des crimes et suggéré des réparations aux victimes. Que pensez-vous des actions entreprises par le gouvernement, notamment en ce qui concerne les réparations financières ?
Je dois signaler que les victimes demeurent dans l’attente de l’ouverture des procédures, afin de connaître l’identité de leur bourreaux, leurs motivations, leurs modes opératoires et éventuellement d’obtenir des réparations judiciaires. Le processus de réparation administrative initié par le gouvernement nous a semblé aller dans la bonne voie. Cependant, eu égard à l’absence de transparence dans sa gouvernance – je pense notamment à la non publication de la liste des victimes à indemniser, ainsi que des critères de sélection desdites victimes -, nous sommes amenés à croire que cela présage de difficultés.
Nous notons que c’est ce même manque de transparence que nous avons également déploré dans un processus similaire : celui de l’Autorité pour le désarment, la démobilisation et la réintégration (ADDR), avec la non prise en compte des véritables victimes nécessitant une prise en charge urgente.
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