La Côte d'Ivoire est en « bonne position » dans l'application du protocole de Maputo, un instrument juridique international, qui garantit les droits des femmes y compris leur participation à la vie politique du pays, a soutenu mardi à Abidjan, Ramata Ly-Bakayoko, la ministre ivoirienne de la femme, de la famille et de l'enfant dans un entretien avec APA.
« On a fait le bilan du protocole de Maputo, nous sommes en bonne position au niveau de son application. Il y a eu une grande avancée et 2019 a vraiment été l'année de la femme en Côte d'Ivoire», s'est satisfaite Mme Bakayoko dans cet entretien avec APA, énumérant les principales actions du gouvernement ivoirien en faveur des femmes.
Notamment, la promotion de leurs droits politiques, économiques et sociaux. « Les acquis sont importants. Au niveau politique, vous avez la loi du 14 octobre 2019 qui institue 30% de candidature féminine dans tous les scrutins. Et l'objectif final, c'est d'atteindre bien-sûr les 50%. Il y a également les droits économiques des femmes avec des fonds d'appui », a-t-elle entre autres indiqué.
Mme Bakayoko a également noté des avancées au niveau social avec l'éducation inclusive des filles et l'éducation financière des femmes. « Tous ces programmes mis ensemble permettent à la femme d'avoir son autonomie et sa dignité et contribuer au ménage et à la communauté. Tout cela rentre dans le cadre du protocole de Maputo», a souligné Mme Bakayoko.
En ce qui concerne les questions d'avortement non encore autorisé par la législation ivoirienne, la ministre ivoirienne de la femme, de la famille et de l'enfant a conclu que l'accent est plutôt mis sur la prévention et la sensibilisation des jeunes filles.
En Côte d’Ivoire, la lutte contre les avortements clandestins est menée par Action contre les grossesses non désirées et à risque (AGnDR), une coalition d'une vingtaine d’organisations de la société civile qui œuvre à la réduction de la mortalité maternelle.
L’article 14 du protocole de Mapouto, met à la charge des Etats parties l’obligation de donner accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux filles enceintes à la suite d’un inceste, d’un viol ou tout autre forme d’agression sexuelle ou lorsque la santé mentale ou physique de la femme ou de la fille enceinte est en danger ou encore lorsqu’il y a risque pour la vie de la femme ou du fœtus .
Outre sa ratification, la Côte d’Ivoire a publié le protocole de Maputo dans le journal officiel du 05 janvier 2012 à travers le décret numéro 2016-226.
Conformément à l’article 123 de la constitution ivoirienne de 2016, les traités ou accords régulièrement ratifiés, ont dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre partie.
Malgré ces engagements, la Côte d’Ivoire a l’une des lois les plus restrictives sur l’avortement avec l’article 366 qui stipule que «quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violence ou par tout autre moyen procure ou tente de procurer l’avortement d’une femme enceinte, qu’elle y ait consenti ou non est puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 150 000 FCFA à 1 500 000 FCFA (…) ».
Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS 2012), le ratio de mortalité maternelle est estimé à 614 décès pour 100 000 naissances vivantes en Côte d’Ivoire, l’un des ratios de mortalité maternelle le plus élevé en Afrique subsaharienne, et 14% de ces 614 décès sont liés à l’avortement clandestin.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les avortements clandestins représentent 15% des décès maternels.
En Côte d’Ivoire, le taux de prévalence contraceptive tourne autour de 21%, alors que le pays s’est fixé un objectif de 36% à atteindre en 2020.
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