La nature a horreur du vide, dit l'adage. Cette assertion du commun des mortels est du moins devenue une réalité à Bouaké à la suite des grèves à répétition observées dans plusieurs établissements de la ville.
Des enseignants dans l'attente d'une éventuelle reprise des cours, s'adonnent à d'autres fonctions. C'est le cas de Y. M, instituteur dans un groupe scolaire situé au quartier Broukro que nous avions rencontré dans la matinée du mercredi 6 mars 2019 dans un marché. « Je suis venu acheter des intrants pour aller traiter ma petite parcelle de maraîchères dans un village de Djebonouan. Vue que nous avions été ponctionnés et que le salaire est devenu trop maigre pour soutenir les charges familiales, nous sommes, sinon je suis obligé de retourner à la terre pour survivre », soutient ce maître d'école.
Y.M nous apprend par la suite qu'il n'est pas le seul enseignant à exercer une telle activité circonstancielle. « Beaucoup d'enseignants déserteurs des salles de classe ont au moins un petit métier. Il y en a qui sont au champ comme d'autres sont dans leurs petits commerces. Nous attendons la levée du mot d'ordre de grève qui sera dite par notre syndicat au terme d'une Assemblée générale avant de reprendre les cours » a-t-il poursuivi.
K. M, un autre enseignant du secondaire gérant de magasin de location de bâches et de chaises est du même avis. « La nature a horreur du vide. Nous nous tournons les pouces depuis le déclenchement de cette grève. On ne peut pas rester sans faire quelque chose. Alors pourquoi ne pas s'occuper de ses affaires si tel est que nous avions été ponctionnés et que le gouvernement refuse de nous associer à la table de discussion avec nos syndicats », s'offusque -t-il.
Si certains enseignants grévistes ont trouvé une solution de s'occuper avec ces petits métiers, leurs apprenants (élèves) le sont également. Certains élèves issus des familles modestes passent le temps de leur journée à faire des petits commerces. Ils sont devenus soient des cireurs, des vendeurs de papiers hygiéniques ou encore d'eaux glacées en sachet.
T.A., élève au groupe scolaire Tsf sud fait partie de ces petits débrouillards. « Comme il n'y a pas cours chez moi, alors j'ai décidé de cirer des chaussures pour gagner un peu d'argent et aider ma famille », indique-t-il. Idem pour la petite F. A., élève dans une école primaire située au quartier Dar Es Salam. « Moi j'ai pour habitude de vendre de l'eau glacée à chaque congé. Avec la grève, j'ai décidé de vendre encore pour gagner de l'argent », nous confie -t-elle.
Comme eux, nombreux sont les enseignants et les élèves à Bouaké qui ont décidé de se consacrer, pour juste la période de grève de leurs enseignants, à des petits métiers occasionnels pour tenter de subvenir à leurs besoins. Bien que profitant de ce petit repos pour se faire une santé financière, tous espèrent vivement que la voie des discussions entre gouvernement et syndicats soit rapidement ouverte pour une reprise rapide des cours afin de préserver l'année scolaire.
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