Un seau insalubre visible dès l’entrée, des portes sans poignées, des interrupteurs hors d’usage et des recoins sales dans les toilettes publiques offertes par la mairie de Cocody, quartier chic d’Abidjan. C'est le constat fait le jeudi 3 octobre 2024 par une équipe de Pressecotedivoire.ci, qui s’est rendue sur place.
À notre arrivée, au quartier de la Riviera 2, nous avons aperçu, à environ 100 mètres de toilettes publiques, un homme d’une trentaine d'années urinant en pleine rue. Curieux, nous nous sommes approchés et lui avons demandé pourquoi il se soulage en plein air, sachant que cela est puni par la loi.
«?Vieille mère, les toilettes ne sont pas hygiéniques, le gars nettoie juste avec de l’eau et les toilettes ne sont pas très accessibles. Depuis, je préfère me soulager dans la rue. En plus, ici à Cocody, il n’y a pas assez de toilettes pour permettre à la population de se soulager sans dépenser de l’argent. Or, c’est une commune chic, et le maire avait promis cela?», nous a-t-il confié avant de s’en aller.
À quelques mètres de là, toujours à la Riviera 2, une dame partage le même avis sur l’insalubrité des toilettes. «?Je préfère me rendre dans certaines stations ou me retenir. Les toilettes que l’État a construites ne sont pas entretenues. Payer sans pouvoir être à l’aise, ce n’est pas normal. On nous avait promis des toilettes propres à chaque coin de rue, mais depuis, on ne voit rien?», nous informe D.C., commerçante, affichant un visage désolé.
Pour en savoir plus, nous avons eu un entretien avec l’un des gérants des toilettes, qui a requis l’anonymat. «?Nous n’avons pas assez de produits hygiéniques pour nettoyer les toilettes. Uriner coûte 100 F et, pour d’autres besoins, c’est 200 F. Certains trouvent cela trop cher et veulent que ce soit gratuit, comme le local a été offert par la mairie. Nous sommes obligés de faire cela pour survivre ; je n’ai pas de salaire fixe. Donc souvent, c’est juste un peu d’Omo (poudre à laver) que j’utilise pour rincer, avant de verser un seau d’eau après le passage de chaque client », a-t-il expliqué.
Ce geste est devenu une routine qu’il exécute tous les jours, de 8 h à 22 h. A Cocody centre, à quelques mètres de la paroisse St Jean nous avons pris l'avis de certains riverains sur l'entretien des toilettes. Koffi, 25 ans, gérant de cabine téléphonique, nous a donné son avis sur l'état des toilettes. «Les toilettes ne sont pas en bon état, au début tout était joli, bien propre. Mais actuellement ce n’est pas bien entretenu et c'est un peu cher pour nous autres ; ce qui fait qu'on préfère uriner ailleurs » a-t-il dit. Pas loin de lui, nous avons eu un entretien avec l'un des gérants des toilettes qui n'a pas voulu être nommé pour des raisons professionnelles. « Nous n'avons pas de produits adéquats pour le nettoyage, j'achète Omo 50 f pour laver les matins, ensuite je verse l'eau après chaque passage. Ici, pour uriner nous prenons 100 f et les autres besoins 200 f. Nous faisons l'effort de rendre propre comme nous pouvons », nous a-t-il confié.
Pour mieux comprendre la situation, nous nous sommes rendus aux toilettes. Nous avons remis le dû demandé au gérant et nous sommes rentrés dans les toilettes. À première vue, l'endroit est mouillé, les cuves pas propres, des mouchoirs qui traînent à même le sol, des recoins remplis de moisissures. Le même constat s'est fait également dans l'une des toilettes à Cocody Est vers la célèbre station Petro Ivoire. Les avis recueillis sont unanimes sur l'entretien des toilettes.
Installer ces toilettes est une bonne initiative, mais elles sont insuffisantes et mal entretenues. Toutefois, la mairie de Cocody pourrait, dans son élan de lutte contre l’insalubrité, s’inspirer d’autres communes, notamment Port-Bouët, où, selon nos sources, plusieurs toilettes sont proposées aux populations moyennant un paiement afin d’assurer leur entretien.
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