Quelles sont, selon vous, les recettes du succès de votre émission «Appels sur l’actualité» ?
Je pense que la réussite de cette émission est due à plusieurs facteurs. Déjà, je dois dire que RFI, j’en suis vraiment convaincu, est la seule radio au monde à permettre à des Ivoiriens d’Abidjan, des Maliens de Bamako, des Sénégalais de Dakar, des Parisiens à Paris de dialoguer ensemble, de débattre ensemble sur des sujets d’actualité. Je pense qu’aucune radio ne propose ce concept à ses auditeurs. C’est entre autres ce qui fait le succès de cette émission. Si vous écoutez bien, il n’y a jamais de sujets tabous. Nous abordons toutes les problématiques, toutes les questions, tous les points de vue à condition de ne jamais inciter à la haine et de respecter les points de vue des uns et des autres. Voilà un peu les recettes qui peuvent expliquer le succès de l’émission.
Qu’est-ce qui explique votre présence à Abidjan ?
Nous sommes à Abidjan en ce moment car RFI est partenaire du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), depuis même sa création, il y a dix ans de cela. Donc il nous semblait important de délocaliser l’émission «Appels sur l’actualité», à l’occasion des 10 ans de ce festival. Voilà donc l’explication tout simple de notre présence à Abidjan.
Comment avez-vous trouvé les auditeurs africains, au sujet du premier tour la campagne présidentielle en France ?
Il n’y a pas de sujet tabou, je le confirme. On a fait des émissions sur les élections présidentielles en France. Après les auditeurs africains, qui ne sont pas inscrits sur la liste électorale française, suivent de très près la politique française. Je dois dire que chacun a son point de vue sur ces questions. Il y a des partisans d’Emmanuel Macron, nous avons eu aussi des pro-Fillon. Nous avions par exemple un auditeur qui était là tous les lundis matins, parce que le candidat qu’il voulait ne s’est pas qualifié pour le second tour. Après, on a eu des analyses pertinentes venant des uns et des autres. Nous, nous avons le nez dans le guidon. On connaît par cœur la politique française. Le fait d’avoir un regard extérieur tire aussi notre perception de la vie politique française.
Quelle est votre plus belle expérience des sujets que vous débattiez dans votre émission ?
C’est très compliqué de dire ma plus belle expérience depuis le début de cette belle émission. Je vais quand même m’essayer et je pense déjà à l’émission enregistrée avec A’Salfo en tant que rédacteur en chef à Anoumabo. Cela restera l’une de mes plus belles expériences. A’Salfo, rédacteur en chef qui débat avec des auditeurs sur des sujets importants, notamment la réconciliation nationale. Ce n’est pas toujours qu’on a Asalfo dans l’émission, qui se livre à ce genre d’exercices. Nous enregistrons beaucoup d’émissions à travers le continent africain. Je me souviens aussi de l’émission très poignante au Mali, à Bamako au moment où le pays était en train de légiférer pour interdire l’excision. L’ambiance était très tendue. L’émission était très dense avec beaucoup d’émotions. Voilà quelques exemples que je peux citer à ce propos. Après, il faut retracer toutes les émissions depuis 20 ans maintenant. Je garde de très bons souvenirs de toutes les émissions enregistrées.
Marie-Christine Saragosse a parlé dans son intervention de liberté d’expression. Avez-vous déjà été interpellé par un Etat africain par rapport à un sujet que vous aurez abordé ?
Jamais. On n’a jamais eu la moindre censure, la moindre pression de la part de personne. D’ailleurs, c’est compréhensible. Lorsque vous écoutez tous les jours, on a beau prendre des thématiques qui soient un peu délicates, mais à la fin de l’émission vous entendrez tous les points de vue. Au final, durant les 20 minutes de l’émission, on entend ces différents points de vue, car l’émission est le reflet de tout ce que l’opinion pense. Donc, il n’y a aucune raison valable pour exercer la moindre pression. A aucun moment nous ne prenons parti pour une cause. On reste neutres. Moi, un auditeur qui est favorable, j’irais le titiller, pareil pour celui qui est défavorable. C’est un débat qui fait avancer la réflexion. On ne nous a jamais reproché d’être partisans.
Vous avez un grand nom qui vous a quitté récemment…
Bien sûr, il s’agit de Laurent Sadoux. Il nous a quittés et cela a été pour nous tous et pour tous les auditeurs assez brutal. 51 ans, c’est assez jeune, je pense. Je ne pourrais pas dire qu’il était un ami, car on ne se voyait pas hors de la radio. Mais, c’est un camarade que je voyais tous les jours en sortant de mon émission et c’est un véritable pincement au cœur.
Réalisée par Sylla Rokia
Leg : Juan Gomez : «On ne nous a jamais reproché d’être partisans».
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