Sous le choc, plusieurs fans de DJ Arafat, la star du coupé-décalé, un rythme musical ivoirien en vogue, ont du mal à accepter sa disparition. Le cœur lourd, ils sont venus par milliers rendre un ultime hommage national à leur icône, dans la nuit de vendredi à samedi, au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.« Ca fait mal au cœur, on est triste actuellement », affirme Ariel Zadi, 21 ans, vêtu de noir, une manière d’extérioriser son deuil. Ce jeune boulanger qui arbore une banderole noire avec l’écriteau «Je suis Daishikan », l’un des surnoms de DJ Arafat, peine à croire le départ de l’artiste.
Planté non loin d’une barrière de sécurité, il espère entrer dans ce stade de 35 000 places où déjà à 16h GMT, des mélomanes ont pris d’assaut les tribunes, occupant la moitié des sièges. « Je ne crois pas à son départ, je n’arrive pas à prononcer qu' il est mort », lâche-t-il.Sous des rythmes de l’artiste, le stade est en effervescence. Comme à un concert, les «Chinois », nom donné par DJ Arafat à ses nombreux partisans, reprennent en cœur les paroles de ses morceaux. Des sonorités qu'ils semblent très bien maîtriser.
Le Plateau, le centre des Affaires d’Abidjan, abritant le stade Félix Houphouët-Boigny, est quasiment vide à 16h, début de la veillée artistique qui devra voir prester de grosses têtes de la musique africaine et mondiale dont Kofi Olomidé, Davido, Fally Ipupa, Sidiki Dibaté, Extra Musica et la star du R&B Dadju.Des parades de motos de ses fans sont perceptibles sur une voie expresse, au cœur de la commune. Pendant ce temps, des jeunes affluent de différents quartiers d’Abidjan pour prendre part à cet hommage, diffusé en direct sur des chaînes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI, service public).
Quelque 6 500 forces de l’ordre ont été déployées au Plateau et dans certaines communes où des écrans géants ont été disposés, pour sécuriser la veillée artistique qui s’achève à l’aube suivie de l’inhumation au cimetière de Williamsville, dans le Nord d’Abidjan.
Estelle Kouadio, une membre du Fan Club Thierry Zo, un youtubeur et artiste chanteur, qui assurait la sécurité de DJ Arafat à un moment donné, et également garde du corps du célèbre chanteur le Molare, tient à veiller, en hommage au « Zeus » d’Afrique.
« C’est un choc son départ …et pour nous les Chinois, c’est vraiment une grosse perte », dit-elle, avant d’ajouter qu'il était en train d’entrer dans le monde des artistes internationaux quand sa marche a été freinée par cette mort brutale, survenue suite à un violent accident de moto. Moto-moto était d’ailleurs le dernier titre de DJ Arafat, un son dans lequel il exhorte ses fans à porter un casque lors de la conduite. Malheureusement, « Daishikan » n’avait pas de protection lors de cette collision fatale avec une voiture le 12 août 2013.
Les sons dont lui seul avait le secret vont manquer à ses fans, visiblement inconsolables. Les cadences de « influenmento », eux, auront toujours cependant droit de cité. Le coupé-décalé perd un ténor qui a porté haut ce rythme et qui y tirait ses concurrents à travers des frasques et des «clashes».
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