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Société

Lutte contre la fuite du cacao vers les pays frontaliers: Une unité de la gendarmerie en mission pour contrer les trafiquants

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Lutte
Du 15 au 17 avril, nous étions aux côtés du Groupement spécial de la lutte contre l’exportation illicite des produits agricoles (Gs-Leipa), afin de nous imprégner de la réalité du terrain dans l’ouest du pays, relativement à la fuite du cacao et du café vers les pays frontaliers. Cette unité de la gendarmerie nationale était en mission, pour traquer les contrebandiers qui détournent le cacao et le café ivoirien vers la Guinée et le Liberia. Ce, au détriment de l'économie ivoirienne.

Après plusieurs tractations et formalités, nous sommes autorisés à passer un séjour aux côtés dudit Groupement basé à Man, capitale du District des Montagnes.

Il est 15h, quand nous arrivons à l'escadron de Man. Nous sommes accueillis par le lieutenant-colonel Olivier Brou N’guessan, un gendarme-commando, béret rouge sur la tête et galons bien visibles sur les épaules. Nous embarquons dans le véhicule qui nous est réservé en direction de Touba, ville située à 115km, au nord de Man. La belle végétation, inhabituelle et fascinante défile sous nos yeux. Nous faisant oublier les difficultés du trajet dues à l'état de la route qui ne facilite pas le voyage.

Arrivés à Touba, nous traversons la ville, poursuivant notre chemin jusqu’au carrefour de N'golodougou. Là, nous empruntons l’axe Moussadougou-Barazan. La savane y est clairsemée avec des sonorités de cris d'oiseaux, signalant leur présence. Par endroits, des bœufs broutent les herbes bien fraîches à la faveur des premières pluies tombées dans la région. Lentement, le cortège poursuit sa route.

Chemin faisant, nous apercevons stationnés, deux camions, entourés par les forces de l’ordre. Il s'agit, d'une saisie de plusieurs sacs de fèves de cacao séchées, en partance pour les pays voisins.

Le commandant s'empresse de descendre pour des explications. Une fois informé, il félicite les éléments qui ont fait cette belle saisie.

Plusieurs tonnes de cacao, un tricycle, 37 motos et 9 camions saisis

Selon le point fait à leur supérieur hiérarchique, les deux camions avec leur chargement suspect, avaient été aperçus dans la matinée, aux environs de 10h. A la suite d'une information anonyme, des gendarmes se sont embusqués dans la broussaille, afin de les intercepter. Une fois à hauteur, les conducteurs ont été sommés d'immobiliser les camions.

Après un refus d’obtempérer, s’ensuit une course-poursuite entre les contrebandiers et les gendarmes. Avec la détermination des éléments du Groupement et ayant constaté que c'était perdu d'avance, chauffeurs et apprentis abandonnent leurs engins et disparaissent dans la nature. Au grand désarroi des forces de l'ordre.

Informé, Kpi, le procureur du Tribunal de Touba, arrive sur les lieux pour les constatations d'usage. Il se réjoui du travail abattu par les éléments de la gendarmerie, tout en les encourageant à redoubler d'efforts.

Selon le lieutenant-colonel Olivier Brou, l'axe emprunté par ces deux camions et plusieurs autres pistes aux alentours, mènent en Guinée. Il s’est dit fier de ses éléments et à saluer tous ceux qui ont collaboré dans cette affaire.

Une fois les formalités judiciaires terminées et sur instruction du procureur, la délégation régionale du Conseil café-cacao de Touba s'est chargée de ramener les camions saisies à l'escadron de Touba, sous une forte escorte. Nous constatons que trois camions saisis en début d'année, y sont stationnés.

Au petit matin du 16 avril, les deux camions sont conduits vers un entrepôt à la sortie de la ville sur l'axe d'Odienné, où ils seront vidés de leur contenu.

Au total, l'on a dénombré 736 sacs de cacao. Les six personnes commises au déchargement ont été rémunérés, chacun à 350 F Cfa le sac. Il leur a fallu 4 heures pour sortir les sacs, sous la supervision des commandants du GS-Liepa et de la brigade de gendarmerie de Touba, ainsi que du délégué du Conseil café-cacao.

« La gendarmerie sera toujours là et les contrebandiers enregistreront seront traqués et arrêtés, tant qu'ils contourneront la loi », a lancé Diabaté Siriki, le responsable du Conseil café-cacao de Touba aux exportateurs véreux. Tout en ajoutant que le Conseil portera une plainte contre X, vu que le propriétaire des véhicules est inconnu.

Après cette aventure palpitante, nous quittons Touba sous un soleil de plomb, à destination de Danané. Un autre lieu de trafic et de détournement du cacao ivoirien. Dans cette localité, les gendarmes ont mené une autre belle opération. Ils ont saisi au bord du fleuve Nuon, frontière naturelle entre la côte d'ivoire et le Liberia, non loin du village de Gueudoloupleu, 35 sacs de cacao.

La traversée pour atteindre le territoire voisindevrait se faire en pirogue. Avant cette opération, nous avons découvert à l’escadron de la gendarmerie de Danané, 37 motos, deux camions et un véhicule, saisis dans le cadre de l’opération de lutte contre la contrebande.

Selon l'adjudant Tuo, ces engins ont été saisis alors qu’ils avaient presque franchi la frontière. « Les motos sont souvent utilisées par les contrebandiers pour transporter les sacs de cacao. Ils le font subtilement en transportant les sacs, un à un », a-t-il déclaré.

Dans cette localité, il nous revient que tout est mis à contribution pour faire passer le cacao vers les pays frontaliers. Enfants, femmes, jeunes, véhicules de transport en commun et mini car et autres. Tous sont sollicités par les contrebandiers.

Après les félicitations, le commandant Olivier Brou et son équipe se dirigent vers la frontière Côte d'Ivoire-Guinée, en passant par le village de Hapleu. Dans cette zone frontalière où des saisies ont été effectuées en février, les libériens présents sur la rive opposée ne sont pas contents de notre présence. Ils le font savoir à l'un des leurs, qui vient à notre rencontre, traversant l'eau à l'aide d'un radeau solidement noué. « Si tu vas, tu ne reviendras plus ici. Ce sont ceux-là qui ont saisi le cacao ici en février », lance un adulte.

Loin d'être impressionner, l'officier supérieur de la gendarmerie s’entretient avec ses hommes postés à la frontière. Il leur explique l’importance de cette lutte, qui permet de protéger l’économie ivoirienne.

Partis de Hapleu, nous prenons la direction de Gueudoloupleu, un autre village épicentre de la contrebande. Dans ce village, les populations sont hostiles à la lutte contre ce fléau. Par conséquent, celles-ci ont détruit le pont reliant ce village aux autres localités. Nous sommes donc obligés de rebrousser chemin.

Par le biais d’un chemin de fortune, les gendarmes parviennent à Sohoupleu, où 35 sacs de fèves de cacao ont été saisis la veille, au bord du fleuve Nuon. Le commandant sensibilise donc les villageois sur les effets négatifs de la fuite du cacao vers les pays frontaliers, sur l’économie ivoirienne.


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