L'image d'un membre de la garde civile espagnole sauvant des eaux un migrant à Ceuta a fait le tour du monde.
Une image qui témoigne de la crise migratoire qui se joue depuis quelques jours à Ceuta. Depuis lundi, près de 8 000 migrants ont rejoint à la nage cette enclave espagnole qui possède une frontière avec le Maroc, un chiffre sans précédent. Mercredi, la garde civile espagnole, qui prend en charge les migrants à leur arrivée à Ceuta, a diffusé une photo d'un membre du groupe spécial des activités sous-marines de la Garde civile en train de sauver de la noyade un nourrisson qu'il porte à bout de bras hors de l'eau en s'aidant avec une bouée.
Le garde civil se nomme Juan Francisco Valle et a raconté le sauvetage du bébé dans les médias espagnols. En surveillant les migrants qui arrivaient à Ceuta avec d'autres gardes, il a aperçu une femme sauter à l'eau avec quelque chose sur le dos. «Au début, je pensais que c'était des vêtements, mais quand nous avons vu sa tête [du bébé], nous sommes allés droit vers elle. J'ai enlevé le bébé de son dos et mon partenaire a aidé sa mère», a-t-il expliqué à la chaîne espagnole Antena 3. Lorsqu'il a attrapé le bébé, qui serait âgé de deux mois, il se souvient qu'il était «froid, gelé». «Il était vivant, d'une couleur très pâle, il faisait très froid et ce que j'ai fait c'est nager très vite vers la côte», a-t-il ajouté.
Relâchement des contrôles frontaliers au Maroc sur fond de crise diplomatique
Parmi les milliers de migrants arrivés à Ceuta entre lundi et mercredi, 5 600 d'entre eux ont été expulsés, rapporte l'AFP. Ceuta n'a comptabilisé mercredi aucune «nouvelle entrée», assurant que les personnes tentant d'accéder à la plage étaient immédiatement reconduites au Maroc. Ces nombreux candidats à l'exil, en majorité des jeunes marocains, ont tenté leur chance de gagner l'Union européenne à la faveur d'un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain à cause d'une crise diplomatique entre Madrid et Rabat. Le Maroc aurait très peu apprécié la prise en charge pour des soins en Espagne de Brahim Ghali, hospitalisé dans le nord du pays pour y être soigné du Covid-19. L'homme est le chef du Front Polisario, mouvement indépendantiste saharoui soutenu par Alger, qui revendique l'indépendance du Sahara occidental -restée colonie espagnole jusqu'en 1975- et que le Maroc considère comme faisant partie de son territoire.
«L'Espagne est actuellement défiée par un pays tiers, le Maroc», a déclaré mercredi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, fustigeant «le manque de contrôle des autorités marocaines» à sa frontière avec Ceuta. Il ne s'agit «pas seulement d'un manque de respect envers l'Espagne, mais envers toute l'Union européenne», a-t-il ajouté. Bruxelles a aussi tapé du poing sur la table face à la situation, assurant mercredi par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l'Union européenne (...) sur le thème migratoire». «Ceuta, c'est l'Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n'est pas le problème de Madrid, c’est le problème de tous les Européens.»
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