Les soldats ivoiriens mutinés depuis vendredi ont ouvert les accès de Bouaké, deuxième ville du pays, qu'ils bloquaient mais refusent toutefois de rendre les armes, exigeant toujours leurs primes, a constaté dimanche un journaliste de l'AFP.
"On veut l'argent, c'est tout! Il n'y pas à discuter", criait un des mutins après avoir tiré une rafale de Kalach en l'air au corridor sud de Bouaké, l'entrée de la ville située sur la route qui relie Abidjan, au nord du pays et au Burkina Faso.
Les mutins, d'anciens rebelles intégrés dans l'armée, ont toutefois libéré ce point névralgique qu'ils bloquaient depuis vendredi, laissant passer des camions au compte-goutte.
Sur des kilomètres sur les bas-côtés de la Nationale plus de 500 poids-lourds devant aller à Bouaké, ou simplement la traverser, attendaient leur tour pour passer.
Cette ouverture du corridor est intervenue après une annonce à la télévision du chef d'Etat-Major des Armées le général Touré Sékou qui a "lancé un nouvel appel aux soldats indisciplinés et leur demande de libérer les corridors et de retourner en caserne et de déposer les armes".
"On ne va pas se battre avec nos frères. Nous sommes des militaires", affirme le sergent Tahirou Dirassouba.
Toutefois, autour de lui, la plupart de ces camarades sont plus vindicatifs et bombent le torse quand on évoque "l'opération militaire en cours", annoncée par l'Etat-Major et dont ils sont la cible principale.
"Nous, on est là. Un point c'est tout. En face, ils savent qui on est, qu'on sait combattre. Ouattara est arrivé au pouvoir grâce à nous. S'ils veulent un bain de sang! On espère éviter mais on est là", explique un des mutins avec une colère froide, en brandissant son arme.
"Tu connais quelqu'un qui renonce à 7 millions (10.000 euros)? On nous a promis, il faut payer ", assène-t-il.
Régulièrement, des mutins tirent en l'air au passage des camions dont certains chauffeurs paraissent apeurés.
Certains hommes portent des cagoules, l'un a même une écharpe Louis Vuitton de contrefaçon. Ils sont relativement bien équipés avec des fusils semblant en bon état et certains ont des armes lourdes: RPG, bazooka, mitrailleuses.
Le groupe contrôlant l'entrée de la ville est bien organisé mais, à quelques centaines de mètres de là entre les camions, un soldat, ivre, sans arme, brandit sa ceinture avec laquelle il frappe les voitures tout en titubant avant de s'écrouler et de se relever difficilement.
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