Correspondant de France Football et de Canal+ Sport en
Côte d’Ivoire, Adam Kalhil a été très proche de Pape Diouf. Touché par sa
disparition du Covid 19, il rend un hommage, à la fois vibrant et émouvant, à
celui qui a été le premier agent de joueur de la légende vivante du football
ivoirien, Didier Drogba.
Ci-dessous l’hommage d’Adam Kalhil à Pape Diouf
Mon
HOMMAGE pour toi, Doyen PAPE DIOUF
C'était bien lui, le premier président africain chez
les européens. Il aimait bien ce signe distinctif pour marquer de son empreinte
son monde et surtout marquer aussi son territoire face à l'hostilité de la
sphère du football européen. Où l'africain avait déjà du mal à se faire une
place de choix chez les joueurs de champ, à plus forte raison pour un poste de
dirigeant de club.
C'était bien lui qui pouvait se taper de fierté sa
poitrine et se targuer d'être cet ingénieux cadre africain venu apporter son
expertise dans la gestion d'un club européen.
C'était bien lui, par moment avec le ton burlesque et
rieur qui remettait à chaque fois, à plat les opinions des siens ou des
détracteurs quant à présenter Barack Obama comme le premier président
"black" chez les "Blancs". Il a toujours dit NON.
C'était bien à lui de revendiquer cette identité, ce
statut, cette stature... Une posture de premier choix qui bien plus qu'un
privilège était le résultat d'un travail d'un acharné du boulot de la gestion
des affaires du football mondial et moderne. Un esthète, un puriste qui avait
certainement le don d'ubiquité pour les choses bien faites, bien penser pour
gérer le parcours d'un club, pour accroître le plan de carrière d'un
footballeur; et non des moindres, pour encourager un jeune agent à bien
s'imbriquer dans le monde moderne du foot, pour inciter les jeunes journalistes
des médias africains à appréhender les vicissitudes du métier...
C'était bien à lui tous ces mérites...puisqu'il avait
certainement en lui cette faculté divine et inspiratrice lui permettant d'être
à la fois partout ou à plusieurs endroits presqu'au même moment.
PAPE
DIOUF TU AS ÉTÉ LE PREMIER AGENT DE NÔTRE ICÔNE MONDIALE: DIDIER DROGBA;
Tu as été celui qui a légué son pouvoir d'agent de
joueur à NOTRE FRÈRE THIERNO SEYDI;
Tu as été celui qui avait sa seconde patrie en Côte
d'Ivoire où tu retrouvais une ambiance fraternelle avec ton ami, le très
disponible FRANCIS OUÉGNIN ;
Tu as été celui qui a couvé un certain BASILE BOLI à
l'aider pour faire accepter sa double appartenance culturelle entre la France
et son pays d'origine, la Côte d'Ivoire;
Tu as été celui dont l'humilité permettait de se
fondre dans toutes les classes ivoiriennes en compagnie de ton jeune pote,
DEFAO;
Tu as été cet homme disponible pour notre frangin et
journaliste sportif JOSÉ DJATI pour l'élaboration de son livre-interview, avec
le titre évocateur "Pape Diouf, de vous à moi". Un jet d'encre qui
fait rappeler ton profil édifiant pour les jeunes générations.
PAPE, de toi à nous. Nous reconnaîtrons, à jamais, ce
sentiment grandiloquent que tu as pu nous procurer lorsque toi
"l'africain", tu devins PRÉSIDENT DE L'OLYMPIQUE DE MARSEILLE.
Nous retiendrons, en son temps, ces phrases qui
poussaient "en boucle" sur le bout de tes lèvres.
« Je suis le seul président noir d’un club en Europe.
C’est un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout,
française, qui exclut les minorités ethniques. »
Avec toutes les difficiles exigences que ce poste de
Président de club pouvait renfermer. Un poste à haut risque dans un milieu
exposé à la pression, aux attentes exacerbées des fans, des supporteurs
européens qui pouvaient demander bien plus au dirigeant africain.
Doyen Pape, tu avais l'avantage et la grosse somme
d'expérience de connaître les arcanes de ce milieu.
À l’époque, c'était bien toi à la fin des années 1980;
qui se chargeait personnellement d'orienter les footballeurs africains sur le
Vieux continent.
Antoine Bell, Basile Boli te demandèrent de prendre ou
de (re) prendre en charge l'orientation de leur carrière. Ç'avait fait école.
C'était donc toi l'initiateur de ce succès fulgurant
de plusieurs joueurs africains et des îles Caraïbes. Entres autres : Marcel
Desailly, François Omam-Biyik, Bernard Lama, William Gallas, Abedi Pelé,
Rigobert Song, Péguy Luyindula, Didier Drogba.
C'était donc toi, le manager africain qui avait réussi
à mettre les joueurs de toutes les sphères du monde dans ton écurie : Grégory
Coupet, Sylvain Armand, Samir Nasri...
C'était donc toi, ce grand black élégant, prolixe à
souhait et convaincant ; qui déployait sa moustache drue, avec un verbe tantôt
candide et souvent rigide selon la proportion à pouvoir conclure des débats
impitoyables du foot-business sur le marché des transferts de tes joueurs.
C'était donc toi ce fameux départ de notre Didier
Drogba pour l'Angleterre. Un transfert à Chelsea, ficelé pour quelques 35
millions d’euros où tout a commencé.
C'était donc toi...
Et maintenant ? Doyen Pape Diouf, on ne finira pas
d'évoquer tous les pans de ton riche vécu.
On avait pensé à ta retraite, tes consultances pour
ton expertise sur les plateaux de télé et sur les ondes des radios.
On avait pensé que t'allais continuer à profiter de la
vie, à te rapprocher encore plus de tes frères africains, de tes jeunes
confrères africains, à qui tu continuerais à recycler par des cours et bonnes
notions de journalisme.
On avait pensé... À quoi ? À tout... Sauf à ça ! Ce
virus malfaisant.
Doyen Pape Diouf, tu auras montré à la face du monde
toute l'immensité de l'expertise d'un cadre africain.
À juste raison, le journal européen L'ÉQUIPE t'as fait
l'honneur dans sa parution de ce jour (au lendemain de ton décès) de te
désigner, pour la postérité et pour toujours, comme NOTRE PAPE.
De la part de l'un de tes nombreux filleuls africains,
Adam Khalil, journaliste sportif ivoirien.
Merci pour tout...
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