Le tapage médiatique qui accompagnent l'organisation du Championnat d'Afrique des nations de football (CHAN) 2020 est évident au Cameroun 30 jours avant le coup d'envoi.
Cependant, les préparatifs de l'équipe, connue sous le nom de Lions intermédiaires, qui représentera les hôtes lors de l'événement à 16 équipes, ne se déroulent pas aussi bien.
Le tournoi continental pour les joueurs exerçant leur métier dans leur championnat national devait avoir lieu en mars mais a été retardé en raison de la pandémie mondiale de Covid-19.
Le gouvernement camerounais a investi massivement, financièrement et matériellement, dans la construction de nouvelles infrastructures, dont un stade de 50 000 places à Douala pour le tournoi.
Le Premier ministre du pays, Joseph Dion Ngute, est très heureux de ce que son pays a à offrir pour cet événement qui réunira 16 nations.
"L'infrastructure dont nous disposons ici pour le CHAN est comparable à ce qui existe partout dans le monde et les Camerounais peuvent en être fiers", a déclaré Dion Ngute.
"Pendant les 100 prochaines années, les Camerounais ne penseront pas à construire des stades car des infrastructures de qualité ont été construites dans tout le pays"
Il a également admis qu'il était nécessaire de procéder à quelques "ajustements mineurs" afin de garantir que la confrontation continentale de janvier soit un succès historique.
Dion Ngute a également laissé entendre qu'il pourrait y avoir un retour des fans dans les tribunes pour ce qu'il espère être une "fête du football africain".
L'optimisme des responsables camerounais est partagé par la Confédération africaine de football (Caf) qui, lors de sa dernière réunion du comité exécutif, a convenu que "le Cameroun est prêt à accueillir l'événement".
La Caf a souligné que les visites d'inspection dans les trois villes hôtes Yaoundé, Douala et Limbe avaient montré la volonté du Cameroun d'organiser l'événement.
Après une interruption de sept mois déclenchée par la pandémie de Covid-19, les activités sportives au Cameroun ont repris en octobre, avec plusieurs championnats nationaux qui battent maintenant leur plein.
Le comité d'organisation local du Cameroun espère que la capacité du pays à faire face à la crise sanitaire liée au coronavirus pourra convaincre la Caf de laisser les supporters dans les tribunes pour le CHAN.
"Nous sommes actuellement en négociation avec la Caf pour voir si nous pouvons avoir un nombre significatif de supporters dans le stade pour l'événement", a déclaré le directeur du tournoi, Michel Dissake Mbarga, à la radio nationale camerounaise CRTV.
"Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le respect scrupuleux des mesures de lutte contre la Covid, associé à un suivi médical approprié, a permis de maîtriser la pandémie au Cameroun.
"Nous formons des volontaires à la gestion des foules pendant le CHAN et au respect des mesures d'éloignement dans les différents stades".
Problèmes dans la tanière desLions
Si les projets du Cameroun pour accueillir le CHAN 2020 sont impressionnants, cela n'a pas été le cas pour l'équipe qui se prépare à représenter le pays sur le terrain.
Les Lions Intermédiaires, comme on appelle l'équipe locale, participeront au championnat pour la quatrième fois, leur meilleure performance étant les quarts de finale en 2011 et 2016.
En octobre, l'entraîneur de l'équipe nationale locale du Cameroun, Yves Clément Arroga, a été limogé et remplacé par Martin Ndtoungou Mpile, à la suite de deux matches amicaux sans but contre le Sud-Soudan.
Ndtoungou, 62 ans, qui a conduit son équipe en quart de finale en 2016 au Rwanda, a été chargé de mettre en place "une équipe conquérante" pour le CHAN.
Mais l'absence d'un championnat local compétitif et l'exode des joueurs ont laissé Ndtoungou en colère quant à la préparation de son équipe pour le tournoi.
"Nous sommes censés emmener les meilleurs joueurs au CHAN, mais d'où va-t-on les sortir quand il n'y a pas de championnat ?" a demandé Ndtoungou.
"Je ne suis pas encore serein sur la situation actuelle de l'équipe. Nous avions élaboré un plan en espérant que le championnat démarrerait, mais nous avons dû tout changer et c'est juste une sale situation.
"Personne n'est heureux de cette situation. Nous essayons juste de limiter les dégâts parce qu'en ce moment nous ne sommes pas là où nous voulons être".
L'évaluation accablante de Ndtoungou sur la composition de son équipe l'a conduit à faire appel à des joueurs expérimentés sans club.
Au début du mois, il a composé une équipe de 28 joueurs, dont Patrick Mevoungou, 34 ans, qui a joué pour la dernière fois en deuxième division saoudienne, l'attaquant Yannick N'Djeng et Franck Ondoa Edima, 16 ans, qui évoluent tous deux dans des clubs de cinquième division.
Le Cameroun est sans championnat depuis le mois de mars, conséquence d'un bras de fer féroce entre la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et la Ligue de football professionnel du pays (LFPC).
Il y a deux mois, 19 clubs camerounais de première et de deuxième division ont demandé la dissolution de la LFPC, en invoquant la mauvaise organisation et la mauvaise gestion des ligues.
La décision a été approuvée par Fecafoot qui a dépouillé l'organisation de ses droits d'organiser les ligues nationales du pays.
La LFPC, dirigée par Pierre Semengue, a riposté en saisissant le Tribunal arbitral du sport, basé à Lausanne.
Semengue, 85 ans et premier général militaire du Cameroun, s'est juré de reprendre le contrôle de la ligue nationale de football, accusant les décideurs de Fecafoot de vouloir "déstabiliser le Cameroun, une nation qui aime le football".
Cependant, le président de Fecafoot, Seidou Mbombo Njoya, s'est dit exaspéré par les constantes batailles juridiques qui secouent la fraternité du football du pays et qui ont coûté "deux millions de dollars" depuis 2013.
La médiation du ministre camerounais des sports n'a pas permis de résoudre les problèmes et les deux parties se préparent maintenant à se battre devant les tribunaux.
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